Extraits

"Chaque secret que tu gardes est une lame que tes ennemis aiguisent contre toi."

Chroniques (Livres des Sentences et proverbes)

Spoiler(cliquez pour révéler)Lorn Askarian quitta le Palais royal dans la nuit, seul, tandis que de lourds nuages s'amassaient et masquaient les constellations de la Grande Nébuleuse.

Un vent glacial soufflait sur la capitale enneigée. Il balayait les rues glaciales et désertes, soulevait des bourrasques de poussière cristalline, poussait des gémissements douloureux. Ces plaintes évoquées à Lorn celles des âmes tourmentées de Dalroth - à ceci près qu'en cet instant la sienne ne se mêlait pas au chœur des suppliciés.

Il venait de tuer son roi.

Il venait de tuer son père.

Et son âme s'en trouvait apaisée.

"Quand un pacte est conclu, il n'importe de savoir qu'une chose : qui, le premier, trahira ?"

« L’orgueil des grands est le malheur des humbles. »

-J'aimerais que vous me donniez votre parole, chevalier.

Lorn planta son regard dans celui de prince-régent, puis le baissa lentement sur la main qui le retenait.

Yrdel la retira.

-Au revoir, dit Lorn.

En arrivant aux Archives Royales, Lorn découvrit une rune rouge peinte de fraîche date sur la porte de la vieille bâtisse. Elle avait été tracée en quelques coups de pinceau hâtifs et l’on semblait avoir voulu l’effacer, mais sans y parvenir. Pour l’avoir souvent vue ces derniers temps, Lorn la reconnut sans mal.

Les Skandes étaient un peuple que l’Yrgaärd n’était jamais parvenu à soumettre, et que le Haut-Royaume avait toujours armé et soutenu. Divisés en de grandes tribus mais prompts à s’unir sous l’autorité d’un chef de guerre dès que nécessaire, les Skandes luttaient ainsi depuis des siècles contre les armées du Dragon Noir, repoussant chaque tentative d’invasion et n’hésitant pas à harceler, attaquer, piller les navires et les postes avancés yrgaärdiens.

— N’y voyez aucune hostilité de ma part. Quand il vous a fait Premier chevalier, mon père était malade et reclus dans sa Citadelle. Il avait alors besoin d’un homme pour le représenter et le servir fidèlement. Vous avez été cet homme et vous n’avez pas failli. Sachez que je vous suis sincèrement reconnaissant des services que vous avez rendus au Haut-Royaume.

- Une disgrâce? glissa Téogen d'Argor en s'asseyant près de Lorn.

- Pas encore. Un blâme.

- Aussi, quelle idée avons-nous eue de gagner cette bataille?

Le Dragon Rouge a annoncé une guerre. Oriale est devenue un nid d’intrigues et de complots. Le trône vacille et, depuis des années, le Haut-Royaume décline. Peut-être même qu’il court à sa perte…