Commentaires de livres faits par Hawlink
Extraits de livres par Hawlink
Commentaires de livres appréciés par Hawlink
Extraits de livres appréciés par Hawlink
Le gros point noir du livre est clairement la faible consistance du scénario par rapport à la longueur du texte (et je n'ai pourtant lu que le premier tome). Le roman s'étire et s'attarde trop souvent sur des éléments typiques aux oeuvres de Murakami (les anecdotes historiques, références à des oeuvres littéraires/musique classique, descriptions à caractère sexuel plutôt douteuse), qui pouvaient passer comme une cerise sur le gâteau dans ses autres oeuvres, mais qui ici ne font qu'alourdir le texte vu la faible puissance narrative de l'histoire. Les objectifs sont pourtant démesurés : l'auteur veut faire de son roman un récit de SF, une romance tragique, un commentaire sur les sectes... Le tout en utilisant une narration centrée sur deux personnages, avec des éléments en parallèle, qui sommes toute fonctionne assez peu.
Je suis assez mal placé pour juger de la pertinence de ses éléments communs aux deux points de vue proposés, n'ayant lu que le premier tome, mais ils me paraissent être amenés trop lentement, et de façon assez peu efficace. Beaucoup de points paraissent très vagues ; ils sont cependant purement dans le style de Murakami, qui aime créer une sensation de réalité distordue en donnant peu d'explications, donc on accepte sans problème (les deux lunes, les Little People...). Mais là où dans ses autres oeuvres, ces éléments atmosphériques contribuaient énormément à l'ambiance du récit, ils paraissent ici un peu disjoints et peu prenants vu le faible investissement créé par cette histoire peu événementielle.
Les deux personnages principaux, Aomamé et Tengo, sont cependant très creusés et dotés de backstories plutôt riches qui mettent bien en avant leurs motivations et leur façon de penser. Ces éléments de trame de fond sont égrainés tout au long du texte, ce qui a l'avantage de faire gagner le roman en profondeur au fur et à mesure de sa progression, tout en rendant malheureusement le début du récit un peu artificiel (car les clichés Murakamiens poussés à l'extrême sont quant à eux présents du début à la fin). La galerie de personnages secondaires est intrigante et plaisante, ayant tous leur petite note décalée que l'auteur maîtrise si bien.
Un roman en demi-teinte donc. Je ne saurais pas dire si en tant que première partie d'un ensemble, ce tome fait office d'une bonne introduction à une oeuvre dont les ambitions sont pleinement réalisées, mais en l'état, j'ai plus l'impression d'avoir affaire à un texte suffisant d'un Murakami qui a vu trop grand.
Le sujet se portait pourtant bien à une telle richesse, mais à vrai dire, je n’ai pas réussi à m’attacher au duo de personnages principaux formé par Mitsuko et Sonoko. Dès le début du livre, le traitement de leur relation m’a paru assez peu maîtrisé – faisant un peu trop vite le pont entre simple connaissance et amour fou. Alors certes, le début du roman a pour but de représenter une relation qui est avant tout passionnelle et physique, pas sentimentale, mais je n’ai pas pu me prendre au jeu. De plus, la complexité et l’extravagance de l’intrigue, bien qu’elles fassent le sel du roman et qu’elles soient à l’origine de son aspect divertissant, n’ont pas aidé à ajouter une crédibilité potentielle à cette relation centrale qui aurait mérité un traitement moins loufoque.
L’œuvre se transforme en véritable thriller par la suite, avec l’introduction et le développement du personnage de Watanuki, qui est ma foi aussi délirant que réussi. La façon dont il manipule l’intrigue, ses pointes de folie obsessionnelle et ses méthodes non-conventionnelles (les nombreux contrats en tête) en font un protagoniste véritablement fascinant à suivre. Les différents nœuds de scénario se mêlent élégamment afin de rendre le roman véritablement accrocheur.
Malgré ça, j’ai trouvé qu’à force de s’embourber de plus en plus profondément dans ce jeu du chat et de la souris entre les quatre personnages majeurs, le livre n’hésitait plus à sacrifier pleinement le reste. Les tentatives d’émotion, de poésie – bien que présentes – restent au stade d’essai à mon goût, écrasées par les imbroglios de l’intrigue. De plus, la volonté de créer un roman psychologiquement fort tombe à l’eau en raison des extrêmes assez absurdes atteints par le scénario. Un récit agréable donc, mais pas marquant.