Extraits

Je savais qu’Eden m’attirait, mais j’étais loin de me douter qu’il était capablede me rendre aussi téméraire et avide de son toucher. Sa langue caresse ma lèvreinférieure et je laisse vite la mienne aller à sa rencontre. Nos souffles semélangent et je tremble contre lui, pas de froid, mais de pur désir. J’ai déjàembrassé des garçons, une tonne de garçons même, mais le brasier qui s’activedans mon corps n’est comparable à rien de ce que j’ai connu. Jamais personned’autre ne m’a fait vibrer de la sorte.

« Eden tire sur ses cheveux et me supplie du regard. Il a l’air perdu, seul dans un monde trop grand pour lui. Dans ses yeux, je ne vois que du néant, ce vide que je ne connais que trop bien. Je comprends maintenant ce qui m’attire autant chez lui. Je ne l’avais pas remarqué avant, mais à présent, c’est tellement évident que c’en est presque risible. Eden est une pièce défectueuse, comme moi. Il me comprend et je le comprends d’une manière qui dépasse tout entendement. Mais cette révélation prouve surtout qu’en réalité, il ne peut pas m’aider à aller mieux, tout comme je ne peux pas l’aider non plus. Nous ne pouvons que nous tirer vers le fond l’un et l’autre parce que je suis aussi toxique pour lui qu’il l’est pour moi. »

– Tu n’es pas intéressée ? dit Eden en haussant les sourcils.

Vu sa tête, il est loin d’être convaincu.

– Absolument pas ! confirmé-je.

– C’est pas l’impression que tu m’as donnée il y a une semaine.

– Et quelle impression t’ai-je donnée au juste ?

– J’en sais rien... T’avais plutôt l’air désespérée de ce point de vue là... 

Il me scanne des pieds à la tête, le regard lourd de sous-entendus. D’infimes frissons parcourent ma colonne vertébrale. Je sais très bien ce qu’il veut dire par là, mais je ne suis pas désespérée au point de devenir un plan cul, peu importe qu’il en vaille le coup ou non.

– Eh bien, tu te plantes ! Je me passerai de toi, donc fais-moi le plaisir d’aller dire à ta Sam qu’elle n’a aucun souci à se faire à mon sujet. Je n’ai aucune envie de passer du temps avec toi, je n’ai aucune envie de te voir, je n’ai aucune envie de t’embrasser de nouveau et encore moins de coucher avec toi ! Elle peut dormir sur ses deux oreilles ! 

Eden perd son sourire et ses iris, éclatants quelques instants plus tôt, virent au noir. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, il se rapproche de moi, posant ses bras de part et d’autre de ma tête sur le toit de ma voiture. Je ne lâche pas son regard furibond et essaie d’insuffler au mien autant de mépris que possible. Malheureusement, je suis rapidement déstabilisée.

– Répète un peu ce que tu viens de dire, susurre-t-il à mon oreille.

Ce simple murmure fait exploser ma libido et je me gifle intérieurement d’être aussi faible. Bordel.

– Je n’ai aucune envie de passer du temps avec toi... 

Ma fierté me pousse à lui tenir tête, mais toute ma détermination se coince dans ma gorge lorsque son souffle glisse derrière mon oreille. J’essaie d’ignorer la tension qui émane de lui, sachant pertinemment qu’il cherche uniquement à me faire flancher. La tentation est grande pourtant...

– Je n’ai aucune envie de te voir... 

Ses lèvres frôlent ma nuque et je dois inspirer brusquement pour ne pas tomber dans les vapes. Ce salopard sait ce qu’il fait et il est bien plus doué que ce que j’avais imaginé. Je cligne des yeux pour rester concentrée, serrant les poings jusqu’à m’en faire mal.

– Je... je n’ai aucune envie de t’embrasser... 

C’est faux. C’est complètement faux. Surtout quand il s’amuse à réveiller une à une chaque cellule de mon corps.

– Je ne veux pas coucher avec toi. 

Son visage s’est figé à quelques centimètres du mien. Il est si proche que mes cils touchent presque ses joues. Son regard me brûle. Je crois n’avoir jamais vu un homme me regarder aussi avidement.

– Pourquoi est-ce que ton corps me dit tout le contraire dans ce cas ? 

J’ai décidé de ne plus jeter un seul regard vers l’écran. Hors de question de voir plus de tripes et de sang ce soir sinon je vais faire des cauchemars toute la nuit.

– J’ai payé ta place, je te signale. Tu pourrais au moins faire l’effort de regarder la fin du film. 

Je fais la grimace et me recache immédiatement derrière mon écharpe. Je suis bien élevée, mais les films d’horreur, c’est ma limite. Je le retiens avec ces idées à deux balles : « Entrons dans une salle au hasard ! Ça sera trop marrant ! » Tu parles ! Plus jamais !

– Je peux te forcer à regarder tu sais, murmure-t-il à mon oreille.

C’est ça, ouais. Je devrais l’envoyer paître. Ce type se prend un peu trop pour Dieu si vous voulez mon avis. Soudain, il pose sa main droite sur ma cuisse. Mon corps entier se crispe à ce contact.

Merde, il est Dieu, c’est sûr.

– Retire un peu cette écharpe de ce beau visage. 

Ce que le ton de sa voix éveille en moi me rend complètement dingue et j’en viens presque à regretter de ne plus être une adolescente timide, effrayée par le moindre contact intime avec un garçon. À cette époque, jamais je n’aurais accepté qu’il me touche de la sorte. Cela me semble bien loin à présent.

J’obtempère beaucoup trop rapidement, espérant qu’en obéissant il finira par retirer sa satanée main de ma jambe.

Ce qu’il ne fait pas, évidemment.

Au contraire, ses doigts quittent petit à petit mon genou et remontent dangereusement vers mon entrejambe. L’avantage, c’est que je ne risque plus d’être traumatisée par les zombies qui pourchassent l’héroïne depuis près d’une heure et demie à présent. L’inconvénient, c’est que je suis à deux doigts de grimper sur les genoux d’Eden pour lui arracher ses vêtements.

Quand j’étais enfant, je pensais que les mauvaises actions que je commettaisn’avaient aucune conséquence. J’étais persuadée que voler un bonbon dans unmagasin, ce n’était pas si grave, ou encore que mentir à sa mère à propos du faitqu’on s’était ou non brossé les dents n’était pas une grosse affaire. À vrai dire,j’avais le chic pour me déresponsabiliser de tout ce que je faisais. J’étais sûreque mon apparence de petite fille sage et bien élevée me mettait à l’abri desremontrances. Sauf que c’était faux. J’avais complètement tort.

Putain, je ne peux pas partir.Je ne peux pas quitter cette pièce parce que je suis folle de lui.

"- Tu me rends vraiment dingue, Kate.

- Tu te rends dingue tout seul, idiot. "

Kate & Eden

il est plus facile de continuer à respirer en regardant vers l’avenir que de rester à suffoquer dans le passé.