Extraits

— Je dois t’avouer quelque chose…

— Quoi ? Ne me dis pas que tu es gay ? plaisante-t-elle.

— Quoi ? Euh…non ! Bien sûr que non !

Elle sourit et me chuchote au creux de l’oreille :

— Alors arrête de discuter, et montre-moi comment un beau gosse de ton âge s’y prend pour faire perdre la tête à une jeune fille en fleur comme moi. Je suis sûre que tu fais l’amour comme un DIEU. J’en ai envie depuis que je t’ai vu entrer dans ce restaurant…

Je me revois encore assise dans le lit, au petit matin, le regardant bêtement enfiler ses habits à toute vitesse. Je n’ai rien compris de ce qu’il m’a dit,ou pas dit, à part peut-être les mots «désolé» et «erreur».

Il ne s’est même pas retourné en partant.

HUMILIATION TOTALE.

J’avais pourtant eu l’impression qu’un truc spécial s’était produit entre nous. Que ce n’était pas seulement une aventure d’un soir.

C’est mon premier jour de boulot aujourd’hui. Je suis censée être fraîche, pleine d’énergie et de détermination. Au lieu de cela, mes yeux sont bouffis, cernés, et mon corpssemble peser trois tonnes. J’essaie de le déplacer aussi vite que je peux dans les rues de Londres pour rattraper mon retard, mais j’ai l’impression d’être ensevelie sous un tas entier de sable, lui-même recouvert de gravier, le tout colmaté par une bonne couche de boue…

Je lui chuchote au creux de l’oreille:

-Je sors les tasses, tu sers le café et dans une heure, tu les mets à la porte.

Tony, tu fais quoi là?

Elle me surprend encore quand elle se retourne et enroule ses bras autour de mon cou, en murmurant à son tour à mon oreille: -Adjugé vendu.

Énième décharge électrique. J’éclate de rire. Elle me fait signe de sortir les tasses, et je m’exécute.

- Elle est TRES jeune. Ou peut-être est-ce  moi qui suis TRES vieux. Et… Je suis marié!Ne l’oublions pas, dis-je d’un ton très sarcastique qui ne me ressemble pas.

Tout à coup, Will sort de son mutisme:

- Tu es SE-PA-RE. Répète après moi: SE-PA-RE!

Je me rends compte que tout le restaurant m’a entendu:  tous les regards sont tournés vers nous. Vers Moi.

Et…Un regard.

Mordoré, chaud comme un rayon de soleil en été, brillant comme un diamant.

ELLE me fixe.ELLE est délicieuse.

Je vois le rouge lui monter aux joues quand je soutiens son regard, mais elle ne flanche pas. Moi non plus. C’est à la fois une situation embarrassante dont je voudrais m’extraire, et c’est en même temps un instant chargé d’émotion, qui me réchauffe le cœur et le reste du corps. Un moment que j’aimerais faire durer le plus longtemps possible.

- Je sais ce que tu vas me dire maman.

- Il est..

- Vieux. Je sais.

- Beau. Terriblement beau, continue-t-elle comme si elle ne m'avait pas entendue.

- Maman!!

- Quoi? Il est superbe. Ne me dis pas que tu n'as pas remarqué, je ne te croirai pas.

- Bien-sûr qu'il l'est.

- Et à la façon dont il te regarde, j'ai tout de suite compris que vous n'étiez pas simples collègues de travail. Vous vous étiez disputés?

- C'est compliqué.

- A cause de son âge?

- Non. Oui. C'est compliqué.

- Tu l'as déjà dit.