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— Tu veux quoi, d'abord ?
— Je le sais pas !!
Et en crachant ces mots, Simon [16 ans] tend les mains vers son père en un geste de supplication, sur le point de fondre en larmes. Daniel sent bien qu'un début de chaleur lui remonte dans le ventre, qu'une frontière aussi mince qu'un soupir le sépare de l'empathie, que le levier de son amour profond vibre déjà pour actionner ses bras vers son fils, pour l'enlacer de toutes ses forces... mais il y a cette phrase prononcée par Simon, ces mots que l'homme d'affaires fier et conquérant n'aurait jamais cru entendre de son propre sang.
«Je veux pas être comme toi !»
Et cet aveu est plus fort que tout le reste. Au point que Daniel en arrive à ignorer l'appel à l'aide de son fils
Afficher en entier« Monsieur Saul, nous vous souhaitons la bienvenue parmi notre groupe sélect. Sachez que l’enfer est partout et qu’il accueille deux classes de résidents : les démons et les damnés. La grande majorité des humains font partie de la seconde classe ; seuls les privilégiés comme vous appartiennent à la première. Et en enfer, les démons ont tous les droits. »
Afficher en entierOn lui demande alors son nom, son âge, sa profession, son adresse, ses adresses de courriel, ses numéros de cartes de crédit, son numéro d’assurance sociale, de permis de conduire, les principales banques avec qui il fait affaire, les clubs privés dont il est membre, etc. Des renseignements que Daniel n’aurait jamais donnés à personne. Et voilà qu’il est sur le point de les livrer à un site Internet inconnu et illégal. Il veut prendre une autre gorgée de sa bière, constate que la bouteille est vide. Ses doigts demeurent au-dessus du clavier, n’osant pas inscrire les réponses. En haut de l’écran, un compteur égrène : 9:25… 9:24… 9:23.
Afficher en entierDaniel se remet à marcher, secoue la tête. — Cinq cent mille piastres, va falloir que j’y pense… — C’est ça. Penses-y. Moi, je pars demain en Europe, donc… D’ailleurs, tu me files le dossier de ton projet de partenariat avec Lycaune ? Daniel, préoccupé, le lui donne sans un mot. Charron promet de le lire en Allemagne. Les deux hommes se serrent la main, puis, juste avant de sortir, l’investisseur lance : — Si tu t’abonnes, tu ne le regretteras pas. Le vrai Daniel Saul va enfin pouvoir s’amuser. Le PDG a un rictus incertain, partagé entre l’excitation et le malaise que lui procure cette remarque.
Afficher en entierNotre équipe sera à pied d’œuvre dans dix jours et les travaux pourront commencer dès la semaine suivante. Si tout va bien, les premiers condos seront prêts dans trois mois. Assis devant lui, Marie et Charron approuvent en silence. Durant toute la rencontre, Charron, malgré l’air renfermé qu’il adopte toujours en société, a jeté plusieurs regards malicieux au PDG et celui-ci sait très bien pourquoi. Il a d’ailleurs hâte de se retrouver seul avec lui. — C’est gentil de me tenir au courant, commente l’investisseur. — Tu as tout de même des parts dans ce projet. Je suis impatient de te parler de L’Aquila, notre projet italien. — Est-ce que monsieur Charron est désormais un de nos consultants ? Marie prend le ton de la boutade, mais Daniel n’est pas dupe. Charron lui décoche un regard amusé mais duquel suinte un certain mépris. Décidément, se dit le PDG, ces deux-là se portent mieux quand ils s’évitent. Il répond donc diplomatiquement : — Disons un investisseur occasionnel.
Afficher en entierEn effet, en ouvrant la porte de sa chambre, le millionnaire trouve deux jolies jeunes femmes assises sur son lit. Mais après une quinzaine de minutes de caresses et de préliminaires, Daniel se lasse et, étonné de sa propre décision, s’excuse auprès des deux demoiselles. Il leur donne un généreux pourboire, parle de décalage horaire et les deux « escortes » quittent la chambre, ravies de s’en tirer à si bon compte. Assis sur son lit dans sa robe de chambre, l’homme d’affaires réfléchit un moment, puis retrouve le numéro de téléphone de la veille. L’homme qui répond à l’autre bout du fil n’est pas le même, mais il parle français avec un accent acceptable. Daniel explique qu’il a reçu la veille un cadeau d’un ami, Martin Charron, et qu’il voudrait bien revivre le même genre d’expérience, avec un scénario différent si possible. Évidemment, il paierait cette fois lui-même.
Afficher en entierLa partouze a duré deux heures et demie. Une débauche qu’on imagine seulement dans les rêves les plus fous. Un tourbillon de copulations, de perversions, d’orgasmes et, aussi, de quelques éclairs de violence, car deux filles voulaient absolument se faire fouetter et, cette fois, il y a eu des éclaboussures de sang. En temps normal, Daniel ne se serait pas rendu si loin, mais l’orgie était si étourdissante qu’il lui était impossible de raisonner. Tout n’était qu’instinct, désirs, pulsions. Au milieu de la nuit, les filles ont fini par comprendre que « leur homme » n’en pouvait plus et, sans un mot, elles ont quitté l’entrepôt. Étendu sur un matelas humide de fluides de toutes sortes, un énième condom ratatiné autour de son sexe à vif, Daniel a fixé le plafond un bon moment, assommé de béatitude, jusqu’à ce qu’il remarque les visages des deux policiers au-dessus de lui.
Afficher en entierFrappé par cette idée, le PDG cesse de mastiquer et, dans sa bouche, le morceau de croissant devient pâteux. Non. Non, ça n’ira quand même pas si loin. Néanmoins, il vaudrait peut-être mieux annuler tout ça. Est-ce possible ? Le pas lent et lourd, il monte à son bureau et se branche à Hell.com. Il a beau fouiller sur le site, il ne trouve aucun moyen d’effacer son coup de tête de la veille. Il fixe longuement et bêtement son écran… Et puis merde ! Qu’il assume ! Il veut donner une leçon à Bégin, alors il l’aura ! Un échec, une faillite, un licenciement, peu importe ! Un fort n’a pas à regretter ses décisions
Afficher en entiersouffrance… À la question « adresse du candidat », Daniel se contente d’inscrire « Montreal, Quebec, Canada ». Ce sera suffisant. Devant ses yeux, l’écran se double, se multiplie, devient une masse informe, mais ses doigts pianotent toujours
Afficher en entier— Tu penses qu’ils peuvent prévenir la police ? — Mais non ! Ce genre de bars, moins ils font affaire avec les flics, mieux ils se portent ! Il donne une claque dans le dos de Daniel qui, vu son état, en perd presque l’équilibre. Charron remarque qu’il est légèrement blessé à une main et, tout en essuyant négligemment le sang sur son jeans, dit : — J’allais déjà pas souvent dans ce bar, mais là, j’ai l’impression que c’était la dernière fois
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