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- OK, OK, ne t'énerve pas. On a deux minutes, non ?
- Non, on n'a pas deux minutes. A force de dire qu'on a deux minutes, personne ne bouge et voilà ce qui arrive ! Je vais manifester cet après-midi et demain aussi.
Afficher en entier"-Et puis, comme je le dis souvent à Micheline, nous voudrions tous partir en même temps que notre conjoint. C'est plus commode et cela fait moins peur. Mais c'est une illusion. Même si l'on meurt en même temps, on meurt toujours seul. On ne fait pas de cercueil à deux places.
Elle regarda Alexandre.
-Parce que c'est ça, le problème, mon petit. Ce n'est pas que les gens ont peur de vieillir, c'est qu'ils ont peur de mourir."
Afficher en entierS'il n'avait pas rencontré Marie, il n'aurait pas su ce qu'aimer voulait dire. Il n'aurait pas vécu la peur au ventre, le grand trouble, ce besoin de l'autre comme on a besoin d'air, cette envie de briller dans les yeux de quelqu'un.
Afficher en entierCar tout les opposait. Marie partageait un trois-pièces avec ses parents, quand il errait seul dans un immense appartement. Elle connaissait tous les plans gratuits de Paris et lui tous ceux qui s'achetaient. Elle était rive droite, il était rive gauche. Il était à droite, elle était à gauche. Elle était bohème, il était bourgeois. Et pourtant, au fond de lui, couvait cette certitude qu'il n'avait plus le choix, qu'il était ferré, et que, bon gré mal gré, contre vents et marées, il devait vivre quelque chose avec cette fille-là.
Afficher en entierTout évoluait autour de lui, tout vieillissait, et il se rendait compte, non sans frayeur, que cela le renvoyait à sa propre condition d'être mortel. C'était la première fois vraiment qu'il réalisait cela. Qu'il prenait conscience de sa propre finitude. Un jour, sa vie s'achèverait. Où donc était passé le sentiment d'invincibilité qu'il avait pendant longtemps éprouvé ? Envolé, en même temps que l'enfance. Que l'adolescence aussi. Il était désormais un adulte. Sa jeunesse était derrière lui.
Afficher en entierIl trouvait les relations amoureuses d'une grande absurdité. Surtout la fin. Du jour au lendemain, il fallait décréter que l'autre n'existait plus. soit. Mais les sentiments, eux, existaient toujours. Le manque aussi. Il se sentait orphelin.
Afficher en entierPuis, serein, il se résigna à quitter sa grand-mère, lui souhaita de faire bon voyage dans son éternité et se réjouit de rester quant à lui sur terre, main dans la main avec Sophie, pour le leur qui commençait.
Afficher en entierAux nouvelles que j'apporte, vos beaux yeux vont pleurer.
Vos beaux yeux vont pleurer.
Vos beaux yeux vont pleurer...
Afficher en entierC'était la deuxième fois qu'Alexandre rencontrait Marie et la première qu'il en tombait amoureux.
Afficher en entierGuillaume tira une bouffée sur sa cigarette et l'interpella:
- Tu ne l'as pas reçu ?
Autour de la table,les conversations cessèrent. Marie releva la tête.
- C'est à moi que tu parles ?
- Oui
- Qu'est ce que je n'ai pas reçu ?
- Le grand livre de la majorité. Si tu ne l'as pas reçu, c'est pour ça que tu as des problèmes avec ta fac.
Marie lança des regards interrogatifs autour d'elle, mais tous étaient désormais braqués sur Guillaume.
-Heu,non, je ne crois pas, bredouilla-t-elle. C'est quoi?
Le silence s'installa tandis que Guillaume écrasait sa cigarette. Il allait reprendre la parole lorsqu'un de ses amis, qui les avait rejoints pour les vacances, le devança:
- On ne devrait pas en parler, Guillaume. Elle n'a pas encore dix-huit ans ?
- Non, mais je vais bientôt les avoir.
- Ce n'est pas le problème.
Marie regardait Guillaume sans comprendre. Virginie s'emporta:
- C'est malin , bravo les garçons !
Maintenant on va être obligé de lui dire !
- Mais de dire quoi ?!
Marie, dont la vertu première n'était pas la patiente, commençait doucement à bouillir.
- Ne t'énerve pas. Normalement, on n'a pas le droit d'en parler.
- Vous n'avez pas le droit d'en parler ?
- Théoriquement, non. Enfin, pas à ceux qui ont moins de dix-huit ans. C'est comme ça. Quand on le reçoit, on signe une déclaration sur l'honneur.
- Vous déconnez...
Marco, soudain inquiet/
- Ah bon ?! Vous avez signé quelque chose, vous ? Moi, il n'y avait rien dedans !
- Eh bien, t"es mal barré, fit Guillaume sur le ton réprobateur du grand frère. Tu as pu voter aux dernières élections ?
- Euh, non.
- Et voilà, j'en étais sûr ! Du Marco tout craché ! Je serais toi, j'irais fissa remplir ma déclaration avant que les parents ne s'en aperçoivent !
- Oui, tu as raison, j'ai intérêt à me grouiller.
- Mais c'est quoi ce truc, putain ?!!!
Marie s'était levée, l'air très contrarié.
- LE GRAND LIVRE DE LA MAJORITE !!!
répondirent Guillaume, Marco, Alexandre et Virginie d'une seule voix.
- D'accord, mais c'est quoi ?!
- Tu promets que tu ne diras pas que ça vient de nous ?
-Oui !
- Normalement, on n'a pas le droit d'en parler. Pas avant que tu es dix-huit ans...
- Oui, ça va, je vous jure. Je les ai dans une semaine !
- Bon allez, les garçons, on peut lui dire. Elle les a dans une semaine...
- Tu oublies Anouk et Laurent...
Aussitôt, Alexandre se tourna vers sa petite soeur qui depuis sa place essayait de toutes ses forces de se rendre invisisble.
-Anouk, sors s'il te plaît.
Mais Anouk ne l'entendit pas ainsi.
- C'est dégueulasse ! se mit-elle à brailler. Je ne suis pas une gamine !
Moi aussi je vais bientôt avoir dix-huit ans ! J'ai le droit de savoir !
- Non. Tu viens d'en avoir seize, t'es trop jeune ! Va dehors avec Laurent, on vous appellera quand ce sera fini.
- C'est ça ! Tu rêves ! Je reste ici.
- Non ! Et arrête de te prendre pour papa ! Toujours à me donner des ordres, là...
- Anouk, s'il te plaît.
Sophie s'était adressée à elle gentiment en posant une main sur son épaule.
- Sois sympa. Sors avec Laurent.
Anouk l'ignora. Finalement, ce fut Laurent qui se leva le premier.
Petit dernier de la bande, âgé de seulement dix ans, il avait eu ce soir-là la permission de rester avec les grands. On ne l'avait pas entendu de la soirée.
- Allez, viens, Anouk. On s'en fiche de leurs histoires...
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