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Cette histoire, on la connait mal. La Corée a en effet pâti d'un décalage funeste. Elle s'est repliée sur elle-même au moment de la première mondialisation, celle du capitalisme commercial, au tournant du XVIème et du XVIIème siècle.
Afficher en entierEn 1953, à l’issue d’un conflit dévastateur et sanglant qui faillit dégénérer en troisième guerre mondiale, la péninsule coréenne n’était plus qu’un champ de ruines fumantes, scindé en deux au mépris de toute logique géographique, historique ou culturelle entre un Sud proaméricain et un Nord prosoviétique. Un demi-siècle plus tard, la mue est complète. Vouées au communisme fanatique à Pyongyang et au capitalisme au pas de l’oie à Séoul, les deux demi-Corées ont poussé ces deux systèmes irréconciliables jusque dans leurs ultimes retranchements. Le Sud est devenu la vitrine hyperbolique d’un libéralisme triomphant qui, de succès industriels en prouesses commerciales, s’est hissé des tréfonds du sous-développement au 12e rang des puissances économiques de la planète et forme depuis une décennie un des carrefours les plus actifs de la mondialisation culturelle et de la démocratie numérique. Le Nord, lui, en se recroquevillant sur son stalinisme fossile, s’est transformé en un goulag dynastique et ubuesque qui condamne ses vingt-deux millions d’habitants à l’endoctrinement, à l’isolement et à la misère. Tant et si bien qu’aujourd’hui, qu’on regarde d’un côté ou de l’autre de la DMZ, cette balafre qui tranche la péninsule à vif, on ne parle de la Corée qu’au superlatif : modèle ou repoussoir, miracle ou tragédie. Si les peuples heureux n’ont pas d’histoire, la Corée, assurément, en a bien une, dramatique et foisonnante.
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