Histoire secrète du Languedoc
Auteur
- René Nelli (Écrivain)
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Au début du XIVe siècle, la mode exigeait que l'on désignât les dames par un "senhal" invariable et , à en juger par les pièces qui nous ont été conservées, le "senhal" était presque toujours un nom de fleur. C'est ainsi que Pierre de Ladils adresse ses chansons à Bela flors, ou à Flors de Pretz e de Valor, et Pierre Duran à une dame qu'il nomme Flors de Joven ou FLors gentil. Raimon de Cornet lui, choisit d'appeler Roza, non pas seulement les grandes dames qui l'inspirent (la comtesse d'Armagnac est Ma Roza, Indie de Caumont Ma Roza d'Abril) mais aussi, et c'est ici que le mystère commence - La Sainte Vierge en personne!
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Je m'attendais à trouver dans cette histoire secrète du Languedoc des personnages historiques de l'époque de prédilection de René Nelli et j'ai été agréablement surpris de constater qu'il va bien plus loin et aborde des thèmes aussi différents que la mythologie, la poésie, la photographie, la science et même la peinture.
Si certains chapitres sont plus intéressants que d'autres selon ses propres préférences, il est intéressant de découvrir les personnages qui ont marqué leur époque par leurs pensées, leurs réflexions personnelles dans leur domaine.
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Résumé
L'époque moderne tend à niveler les caractères ethniques de nos provinces et à refouler dans l'Histoire leurs civilisations particulières. Le Languedoc s'enfonce lentement dans le passé. Pourtant, les secrets qu'il a à nous confier ne sont point lettre morte et, bien qu'ils soient sous scellés dans les livres oubliés et même dans les légendes, ils ne cessent pas de nous illuminer.
René Nelli a interrogé ces penseurs méconnus sur lesquels les régionalistes eux-mêmes font trop souvent le silence: les derniers Parfaits Cathares, le grand poète franciscain Raimon de Cornet, l'alchimiste Pierre-Jean Fabre, le mystérieux abbé Montfaucon de Villars, l'amant des Sylphides, et aussi ces matérialistes du XIXe siècle qui croyaient que "les dés étaient pipés", ces spiritualistes qui prétendaient se passer de dieu, ces communards de Narbonne, athées et révolutionnaires qui mettaient toute leur confiance dans l'idée platonicienne de Justice, et n'hésitaient pas à admettre, au risque de se contredire, qu'elle inspirait, de très haut, l'évolution de l'Humanité.
Pour discontinue que soit l'Histoire secrète du Languedoc, puisqu'elle n'est saisie ici que dans les individus qui l'incarnent, elle n'en reste pas moins tributaire de constantes ethniques ou de hasards providentiels qui dépassent la conscience privée et appartiennent à l'esprit collectif. Ce qui le prouve, c'est leur influence aussi bien et de la même façon sur le sorcier de village que sur le grand philosophe. Pour les languedociens, la pensée est un phénomène d'animation, d'inspiration, voire de réincarnation: réduits à leur seule conscience personnelle, les individus ne seraient que néant. En vérité, l'humanité vivante est aux écoutes de l'humanité morte et en attente d'une révélation qui lui est apportée par la Femme en tan qu'elle est le porche de l'autre monde, le réceptacle des idées à venir et la condition des recommencements créateurs.
Les puissantes personnalités dont on nous restitue ici le message sont toujours remplies d'humilité devant l'Absolu: c'est pourquoi elles sacralisent toutes choses: l'amour, la femme, la raison (antérieure et supérieure à l'Homme) et même la Révolution, cette grande explosion de Justice dont les lois de la matière ne suffisent pas à rendre compte.
Ce livre, tut à fait nouveau dans son propos, est dont indispensable à tous ceux qui veulent connaître non point l'Histoire anecdotique de la province, ni son merveilleux souvent frelaté et fabriqué après coup, mais la mentalité languedocienne saisie en profondeur dans l'unité de l'Esprit et la continuité d'une véritable Tradition.
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