Vous utilisez un bloqueur de publicité

Cher Lecteur,

Nous avons détecté que vous utilisez un bloqueur de publicités (AdBlock) pendant votre navigation sur notre site. Bien que nous comprenions les raisons qui peuvent vous pousser à utiliser ces outils, nous tenons à préciser que notre plateforme se finance principalement grâce à des publicités.

Ces publicités, soigneusement sélectionnées, sont principalement axées sur la littérature et l'art. Elles ne sont pas intrusives et peuvent même vous offrir des opportunités intéressantes dans ces domaines. En bloquant ces publicités, vous limitez nos ressources et risquez de manquer des offres pertinentes.

Afin de pouvoir continuer à naviguer et profiter de nos contenus, nous vous demandons de bien vouloir désactiver votre bloqueur de publicités pour notre site. Cela nous permettra de continuer à vous fournir un contenu de qualité et vous de rester connecté aux dernières nouvelles et tendances de la littérature et de l'art.

Pour continuer à accéder à notre contenu, veuillez désactiver votre bloqueur de publicités et cliquer sur le bouton ci-dessous pour recharger la page.

Recharger la page

Nous vous remercions pour votre compréhension et votre soutien.

Cordialement,

L'équipe BookNode

P.S : Si vous souhaitez profiter d'une navigation sans publicité, nous vous proposons notre option Premium. Avec cette offre, vous pourrez parcourir notre contenu de manière illimitée, sans aucune publicité. Pour découvrir plus sur notre offre Premium et prendre un abonnement, cliquez ici.

Livres
713 944
Membres
1 008 913

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode

Ajouter un extrait


Liste des extraits

« Si mon île est le prix à payer pour passer un peu plus de temps avec toi, ce n’est pas cher à mes yeux! »

Afficher en entier

« L’homme qui la regardait, négligemment affalé sur son fixant, était... trop. Elle en eut le souffle coupé, envahie par un trouble qu’elle ne pouvait contrôler, comme si cette découverte soudaine avait été un coup en plein ventre. »

Afficher en entier

** Extrait offert par Caitlin Crews **

1

Cinq émissaires différents avaient déjà été mandatés par des multinationales pour convaincre l’implacable Jason Kaoki de rentabiliser l’île presque vierge du Pacifique qu’il avait héritée de son père : Daniel St. George, play-boy célèbre et magnat de l’immobilier. Tous avaient échoué…

Lamentablement. Et vite.

Lucinda Graves n’avait pas l’intention d’être la sixième de la série.

Il lui avait fallu quarante heures de vol pour traverser le globe. Un voyage éreintant au cours duquel elle avait laissé derrière elle l’agitation et le printemps pluvieux de Londres, pour atterrir sur cette île brûlée par un soleil aveuglant, au beau milieu de l’océan Pacifique. À présent, elle était à des milliers de kilomètres de toute terre habitée, entourée par une masse d’eau salée qui, de tous côtés, s’étendait jusqu’à l’horizon. Une situation qui aurait dû l’angoisser, si elle avait été capable d’y réfléchir.

Mais réfléchir était au-dessus de ses forces. Elle était fatiguée. Pire encore. Quelque part entre l’Amérique du Nord et cette île, elle avait dépassé le stade de la fatigue pour entrer dans un état d’épuisement insurmontable, bien pire que tout ce qu’elle avait pu éprouver en vingt-huit ans de vie…

Mais qu’importe son état, elle n’avait pas l’intention de renoncer.

Elle allait négocier âprement et obtenir l’accord qu’elle voulait. C’était une certitude. Et elle ne partirait que lorsqu’elle aurait obtenu gain de cause.

Quand l’échec n’est pas envisageable, se répétait-elle souvent, la seule option reste la réussite.

Le coucou dans lequel Lucinda se trouvait à présent était à peine assez large pour le pilote et elle – l’idéal pour une femme qui ne se sentait à son aise dans un avion de ligne que parce que la taille de l’appareil lui faisait presque oublier à quelle altitude il volait.

L’hydravion amerrit un peu trop violemment à son goût au milieu d’une sorte de lagon aux eaux turquoise scintillantes. Mais elle était trop éreintée pour vraiment y prêter attention.

Quand elle sortit de l’habitacle et posa le pied sur le ponton qui s’étendait au-dessus de l’eau – un ponton, pas un joli petit tarmac ou un aéroport climatisé et civilisé –, elle sentit une chape d’humidité tomber sur elle. Elle eut l’impression qu’un grand poing moite et brûlant venait de la frapper en plein visage. Comme une attaque intense et imparable qui avait failli la coucher là, sous les palmiers et le soleil blanc écrasant.

Pourtant elle se croyait suffisamment préparée… Elle savait qu’elle venait sur une île tropicale. Et elle avait déjà passé des journées à la plage, comme lors de son dernier voyage d’entreprise au cœur de l’Espagne baignée de soleil. Là-bas, on lui avait demandé de gérer ses affaires comme elle avait l’habitude de le faire, alors qu’elle passait son temps au bord d’une piscine, un cocktail orné de fleurs à la main, faisant semblant d’être détendue et à l’aise dans un fichu paréo… Elle s’était attendue à quelque chose de semblable, ici. Après tout, l’île avait beau se trouver un peu plus loin de chez elle que l’Espagne, une plage restait une plage, s’était-elle dit avant d’entreprendre ce voyage interminable.

Mais, au bout du compte, elle devait se rendre à l’évidence : elle n’était pas du tout outillée pour débarquer sur cette île isolée du Pacifique, si petite qu’elle n’apparaissait pas sur la plupart des cartes et n’avait même pas de nom. Il était sans doute impossible de se préparer à autant de lourde chaleur tropicale en même temps.

Elle passa une main dans ses cheveux d’un roux flamboyant et songea une fois encore qu’ils n’avaient clairement qu’une seule mission dans la vie : se mettre à boucler de manière indomptable à la moindre occasion. Pourtant elle passait un temps fou à les lisser et à tenter de les apprivoiser. Chaque matin, elle les emprisonnait dans un chignon serré et sévère. Mais, si ça avait l’avantage d’en maintenir les boucles, ça n’effaçait pas leur couleur. Une ou deux fois, elle avait envisagé de les teindre en châtain clair, une teinte discrète et passe-partout, mais l’entretien d’une telle couleur aurait été une perte de temps. Elle avait donc préféré canaliser ses efforts à se débarrasser de son accent écossais pour adopter un ton plus huppé, plus adapté aux hautes sphères des entreprises de Glasgow.

Si elle réussissait tout ce qu’elle entreprenait, c’est parce qu’elle n’envisageait jamais la possibilité d’un échec. Elle n’avait pas laissé de place pour cette éventualité dans sa vie, depuis ses débuts modestes au sein d’une des plus célèbres agences immobilières de Glasgow jusqu’à son poste actuel de vice-présidente d’une entreprise florissante, au cœur de Londres. Ni le Pacifique ni les chaleurs tropicales ne pourraient rien y changer.

Mais le climat de l’île pouvait néanmoins lui compliquer la tâche… Il s’insinuait partout, jusque sous ses vêtements, comme un courant d’air poisseux.

Elle essaya d’ignorer son malaise pour se concentrer sur son environnement et ne put réprimer un froncement de sourcils en découvrant l’étendue de sable blanc, vierge de toute trace, et la jungle sauvage qui, derrière elle, recouvrait les flancs escarpés des collines.

— Vous êtes sûr que nous sommes au bon endroit ? demanda-t-elle au pilote, qui était descendu sur le ponton à sa suite et souriait à présent de toutes ses dents.

Comme si tout ce qu’elle faisait ou disait le distrayait au plus haut point.

Mais elle n’était pas là pour amuser la galerie, loin de là. Elle était efficace. Capable. Et elle avait l’habitude qu’on se comporte avec elle conformément à l’image qu’elle entretenait soigneusement. Austère. Intransigeante. Une femme de fer, comme avait dit l’un de ses premiers patrons. Il avait pensé l’insulter en disant ça, mais elle avait pris cette remarque comme le plus grand compliment qu’on puisse lui faire et avait passé les années suivantes à polir cette façade.

— Vous avez dit que vous cherchiez Jason Kaoki, répondit le pilote sans se départir de son sourire. Il habite ici. Après, je ne sais pas si c’est ce que vous appelez le « bon endroit ».

Lucinda se força à sourire, attrapa sa petite valise à roulettes et, sans un mot, remonta la jetée.

Laissant derrière elle le pilote si peu arrangeant qu’elle avait embauché aux Fidji – faute de vols commerciaux à destination de cette île perdue quelque part entre Honolulu et Nadi –, elle s’avança rapidement vers la plage. Le sable était brûlant et semblait fondre sous ses pieds. Exaspérée, elle songea qu’elle préférait de loin le confort du béton. L’assurance d’un sol qui restait parfaitement stable et fiable sous ses pieds, qu’il vente ou qu’il neige.

Contrairement aux trottoirs de Londres, la plage, elle, semblait animée d’une vie propre. Avec ça et l’humidité ambiante, Lucinda sentit qu’elle commençait à perdre son calme…

Bien sûr, elle avait opté pour des ballerines plates, souples et pratiques, mais le reste de sa tenue n’était absolument pas adapté à une randonnée sur la plage. En dépit des quarante heures qu’elle venait de passer dans des avions et des aéroports éclairés au néon, elle avait tenu à conserver son uniforme de travail habituel. Si elle voulait décrocher ce contrat, rien ne vaudrait une approche sensée et professionnelle.

D’un autre côté, maintenant qu’elle courait le risque d’être embourbée à chaque pas dans cette mer de sable, elle regrettait un peu d’avoir choisi de voyager en tailleur. Il aurait peut-être été plus sage de choisir des vêtements plus appropriés à ces îles, tellement plus chaudes et plus ensoleillées que l’Angleterre.

Mais Lucinda n’avait pas l’habitude de se rendre sans combattre – ni de se rendre tout court, d’ailleurs. Elle continua à avancer vaillamment et fit encore une dizaine de pas avant d’accepter sa défaite. Il faisait trop chaud. Sa peau d’Écossaise était naturellement diaphane et menaçait de prendre feu à chaque instant sous le soleil des tropiques ; et elle était si mal à l’aise qu’elle avait fini par oublier son objectif pour s’apitoyer sur ses sensations. Inacceptable ! Elle s’immobilisa, s’enfonçant immédiatement dans le sable, le temps de se débarrasser de sa veste de tailleur noire et de ses ballerines assorties. Quand elle reprit son chemin, elle ne portait plus que son chemisier infroissable et son étroite jupe crayon. D’un pas vif, elle rejoignit la route et le sol ferme.

Arrivée là, elle s’arrêta un instant sous un palmier pour faire tomber le sable de ses chaussures et les enfiler de nouveau. Elle en profita aussi pour reprendre son souffle et accepter la possibilité d’être déjà recouverte de cloques après avoir passé ces quelques minutes en plein soleil. Elle jeta un coup d’œil autour d’elle pour essayer de s’orienter.

Si le GPS de son téléphone était fiable, il n’y avait pas beaucoup de constructions sur cette île – et elle avait fait assez de recherches pour savoir que c’était le cas. Presque toute l’île était à l’état sauvage, à part l’immense demeure que Daniel St. George avait bâtie et un vieil hôtel construit dans les années 1950 pour satisfaire les fantasmes de domination mondiale d’un magnat du pétrole australien. L’hôtel n’avait jamais été inauguré et s’élevait à présent comme un rappel des périls que l’on court quand on a trop d’argent et pas assez de bon sens.

Lucinda remonta sur son nez ses lunettes noires bien peu efficaces sous ce soleil de plomb et examina l’immensité de la plage. Elle ne put réprimer une grimace en apercevant l’hôtel en question au creux d’une crique arrondie et parsemée de palmiers dont les silhouettes cassaient l’uniformité de l’horizon. Le vieux bâtiment était installé là, avec cette façade vieillotte, carrée et plate, qui rappelait à Lucinda celle de l’immeuble dans lequel elle avait passé son enfance. Et, à ses yeux, il aurait dû être abattu bien avant la fin du XXe siècle !

Si elle parvenait à négocier comme elle le voulait, le triste petit hôtel ne passerait pas l’été…

Elle suivait une sorte de piste – on ne pouvait pas décemment appeler ça une route – couverte de terre rouge et de touffes d’herbe. Le chemin contournait la plage et n’était pas encore complètement envahi par la jungle voisine.

Tout en marchant, elle ne quittait pas l’hôtel décati des yeux. Plus elle approchait, plus il lui paraissait laid. Mais, à chaque pas supplémentaire sous ce soleil de plomb, elle se distrayait en imaginant ce que ce lieu pourrait devenir.

Une île de tourisme privé, peut-être, pour une clientèle riche, triée sur le volet… Le genre d’endroit fantasmé dont les gens rêvent, mais qui ne devient que rarement réalité. Elle commença à tirer des plans dans sa tête, ignorant la brûlure du soleil. L’humidité. Le fait que ce qui restait de son maquillage appliqué il y avait bien trop longtemps, dans les toilettes de l’aéroport de Los Angeles, était sans aucun doute en train de fondre sur son visage.

La marche, trompeuse, dura dix bonnes minutes alors qu’elle avait pensé atteindre l’hôtel en moitié moins de temps. Lorsqu’elle arriva enfin au pied du bâtiment, elle vit qu’il était encore plus délabré qu’elle ne l’avait cru. Les grandes villes à la mode étaient entrées dans une fièvre vintage depuis quelques années, prétendant que tout ce qui rappelait les années 1950 était charmant et fascinant. Mais Lucinda avait toujours trouvé cette pseudomodernité tristement rétro et désespérément fonctionnelle. Ce style n’avait pas sa place dans ce paysage sauvage isolé. Pas du tout. Le but d’une île privée comme celle-ci était la séduction. Le mystère et l’imagination. Pas le bloc de béton carré et fade qui se dressait devant elle comme une vieille prison d’Europe de l’Est.

La crique appelait la magie. Elle méritait d’être parsemée de bungalows intimes et de petites plages privées, pour faire oublier à ses habitants le monde extérieur. Il fallait à tout prix la libérer de cette horreur grise, à peine plus élégante qu’un motel de bord de route…

Lucinda traversa ce qui avait sans doute été l’allée de l’entrée avant que la jungle fasse valoir ses droits sur le béton et passa dans le hall. L’intérieur était sombre et silencieux. Elle cligna des paupières pendant quelques instants, attendant que ses yeux s’habituent à l’obscurité, puis jeta un coup d’œil expérimenté sur la pièce.

Un peu partout, on avait disposé des plantes en pot visiblement fausses – ce qui était une honte quand on était entouré de collines recouvertes de feuillages vert vif et de fleurs parfumées. Des meubles en bois noir et des murs foncés assombrissaient la pièce. Lucinda ne put s’empêcher d’imaginer le lieu plein de clients aux torses poilus ornés de lourdes chaînes en or, et dont les chemises hawaïennes de couleurs criardes s’ouvraient sur des bedaines de buveurs de bière. On était bien loin du luxe et de l’élégance tropicale que cet endroit pouvait offrir aux touristes…

Soudain, ses yeux s’étant habitués à la lumière tamisée, elle se figea.

Elle n’était pas seule.

Un homme était assis sur l’un des vieux canapés, ses pieds nus posés avec nonchalance sur la triste table basse en osier devant lui. Il tournait le dos aux grandes arches ouvertes qui donnaient sur la plage et laissaient entrer l’air marin.

Deux pensées traversèrent immédiatement l’esprit de Lucinda.

D’abord, cet inconnu était la première personne qu’elle rencontrait depuis qu’elle était descendue de l’hydravion et avait laissé le pilote goguenard sur le ponton. Et elle n’avait pas entendu le moindre bruit suggérant qu’il y avait des gens à proximité. Elle était réellement sur une île déserte.

Or, en dépit de tout ce à quoi elle avait réfléchi des centaines de fois ces derniers jours, elle ne s’était jamais vraiment arrêtée sur le sens de ce mot – désert. Ni sur le fait qu’elle était partie bille en tête et s’était laissé piéger seule sur une île avec un inconnu. Un homme.

Non, pas n’importe quel homme. Cet homme.

Ce qui menait à la pensée numéro deux. L’homme qu’elle était venue voir était bien plus impressionnant que sur toutes les photos de lui qu’elle avait pu trouver. Et, pourtant, elle avait passé assez de temps sur Internet pour rassembler chaque image existante de lui – car elle avait toujours été plus que minutieuse dans son travail.

Hélas, toutes ses intenses recherches ne l’avaient pas préparée à ça.

L’homme qui la regardait, négligemment affalé sur son divan, était… trop.

Elle en eut le souffle coupé, envahie par un trouble qu’elle ne pouvait contrôler, comme si cette découverte soudaine avait été un coup en plein ventre.

Jason Kaoki était là, devant elle, au milieu du triste hall d’accueil de cet hôtel abandonné, comme s’il faisait partie de la décoration, au même titre que les meubles noirs ou les fausses plantes. Sauf que rien n’était triste ou vieillot chez lui. Et, si le cœur de Lucinda s’emballait autant, c’était uniquement dû à l’excitation de se trouver enfin en face de lui – après tous les coups de téléphone et les mails qu’il avait ignorés depuis des mois. Qu’est-ce que ça aurait bien pu être d’autre ?

Afficher en entier

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode