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Liste des extraits
« Pauvre sotte. Qu'est ce que vous essayez de me faire avaler ? Ou plutôt, qu'est ce que vous essayez de vous faire avaler ? Que vous êtes heureuse? Il y a des limites à l'autosuggestion. Ouvrez les yeux ! Vous n'êtes pas heureuse, vous ne vivez pas. »
P. 149
Afficher en entier« L'écriture fout la merde à tous les niveaux : pensez aux arbres qu'il a fallu abattre pour le papier, aux emplacements qu'il a fallu trouver pour stocker les livres, au fric que leur impression a coûté, au fric que ça coûtera aux éventuels lecteurs, à l'ennui que ces malheureux éprouveront à les lire, à la mauvaise conscience des misérables qui les achèteront et n'auront pas le courage de les lire, à la tristesse des gentils imbéciles qui les liront sans les comprendre, enfin et surtout à la fatuité des conversations qui feront suite à leur lecture ou leur non-lecture. Et j'en passe ! Alors, n'allez pas me dire que l'écriture n'est pas nocive. »
P. 77
Afficher en entier« Au fond, les gens ne lisent pas; ou, s'ils lisent , ils ne comprennent pas; ou, s'ils comprennent, ils oublient. »
P. 64
Afficher en entier« Ce sont des lecteurs grenouilles.Ils forment l'immense majorité des lecteurs humains, et pourtant je n'ai découvert leur existence que très tard. […] Je pensais que tout le monde lisait comme moi; moi, je lis comme je mange: ça ne signifie pas seulement que j'en ai besoin, ça signifie surtout que ça entre dans mes composantes et que ça les modifie. On n'est pas le même selon qu'on a mangé du boudin ou du caviar; on n'est pas le même non plus selon qu'on vient de lire du Kant (Dieu m'en préserve) ou du Queneau. Enfin, quand je dis "on", je devrais dire "moi et quelques autres", car la plupart des gens émergent de Proust ou de Simenon dans un état identique, sans avoir perdu une miette de ce qu'ils étaient et sans avoir acquis une miette supplémentaire. Ils ont lu, c'est tout : dans le meilleur des cas, ils savent "ce dont il s'agit". Ne croyez pas que je brode. Combien de fois sis-je demandé, à des personnes intelligentes : "Ce livre vous a-t-il changé?" Et on me regardait, les yeux ronds, l'air de dire : "Pourquoi voulez-vous qu'il me change ?" »
P.63
Afficher en entier« - Alors, pourquoi as-tu choisi d'être journaliste, enfoiré ?
- Parce que je ne pouvais pas être Prétextat Tach.
- Ça t'aurait plu, d'être un gros eunuque graphomane?
Oui, cela lui aurait plu, et il n'était pas le seul à le penser. La race humaine est ainsi faite que des êtres sains d'esprits seraient prêts à sacrifier leur jeunesse, leur corps, leurs amours, leur bonheur, et beaucoup plus encore sur l'autel d'un fantasme appelé éternité. »
P. 56
Afficher en entier_ Un jour, un homme très sérieux m'a dit que si l'on jouissait en faisant l'amour, c'est que l'on créait la vie, vous vous rendez compte ? Comme s'il pouvait y avoir quelques jouissances à créer une chose aussi triste et moche que la vie.
Afficher en entier<< - Monsieur Tach, le monde entier a admiré la détermination avec laquelle vous avez refusé d'entrer à l'hôpital, malgré les injonctions des médecins. Alors, la première question qui s'impose est celle-ci : comment vous sentez-vous ?
- Je me sens comme je me sens depuis vingt ans.
- C'est-à-dir ?
- Je me sens peu.
- Peu quoi ?
- Peu.
- Oui je vous comprends.
- Je vous admire. >>
Afficher en entierÇa, mon cher, ça vous apprendra à m'enregistrer. Si vous preniez des notes comme un journaliste honnête, vous pourriez censurer les horreurs séniles que je vous raconte. En revanche, avec votre machine, pas moyen de faire le tri entre mes perles et mes cochonneries.
Afficher en entier- Mon chemin de croix digestif ? Bien trouvé, ça. Ne l'auriez-vous pas piqué dans l'un de mes romans ? - Non, c'est de moi. - Ça m'étonnerait. On jurerait du Prétextat Tach. Il y eut un temps où je connaissais mes oeuvres par coeur... Hélas, on a l'âge de sa mémoire, n'est-ce pas ? Et non de ses artères, comme disent les imbéciles. Voyons, "chemin de croix digestif", où donc ai-je écrit ça ?
Afficher en entier- Qu'avez-vous donc fait pendant les vingt-quatre années qui ont suivi ?
- Je vous l'ai dit, je suis devenu gourmet
- A plein temps ?
- Disons plutôt à plein régime.
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