Extraits

Tu m'as jeté un sort... Parce que je suis à toi. Tout comme tu m'appartiens. Jamais je ne te laisserai reprendre ta liberté. J'en suis incapable. Nous sommes enchaînés l'un à l'autreet, putain, je te jure que si tu oses quitter mes bras... toutes les plaies de ce monde ne seront rien à côté de ce que je pourrais déclencher.

Rosena Joseph est incroyable trou noir qui engloutit tout sur son passage, qui m’a happé sans même que j’essaie de l’éviter. Je crois qu’à l’instant où elle m’est apparue dans cette ruelle, j’ai su. Que ma vie allait s’éteindre pour renaître à ses côtés. Qu’elle parviendrait à m’offrir ce supplément d’âme dont j’étais dépossédé. Elle était là, et tout ce que je souhaitais, c’était m’en débarrasser. Mais cette voix dans ma tête aurait dû me mettre la puce à l’oreille : mon cœur était sien avant même que nos existences soient réunies par le plus étrange de liens.

Je souhaite m’enraciner à lui aussi longtemps qu’il le supportera. Mais aussi que nos existences s’entrelacent si intimement que l’une ne puisse plus être dissociée de l’autre.

Malgré ses ténèbres, il parvient à agir comme une lueur qui me guide jusqu’à lui, pour s’assurer que je retrouve toujours mon chemin.

- Tu vas me rendre fou, sale petite chasseuse.

- Je crois que tu l’es déjà, grand méchant sorcier.

Découvrir que cette chasseuse s’inscrit comme mon alter ego es absolument grisant. Sa fragilité n’est qu’une putain de façade. Au fond d’elle, un incendie ravage tout sur son passage. La puissance qui se dégage de ce corps si frêle n’a d’égal que la détermination qui la caractérise.

Ai-je peur de ces ténèbres qui l’habitent ? Le plus effrayant réside dans la réponse dans la réponse claire de mon esprit : non. Je devrais pourtant. Le craindre. Le fuir. Le tuer. Mais plus je le connais, plus j’épluche sa personnalité comme les couches d’un oignon, et plus je découvre qui se cache derrière cette carapace désinvolte. Un homme secret. Un homme rongé par les remords. Un homme torturé.

- Bonjour, Rosena.

Cette voix. Ce timbre de velours. Les battements de mon cœur s’accélèrent de manière absurde. Plus mon corps me trahit ainsi et plus je me braque. Je ne souhaite en aucun cas faiblir face à lui. Je ne peux pas laisser ses délicieuses lèvres embrumer mon esprit. Sa nature même réside dans la perversion. Il est comme le serpent usant de tous ses charmes pour inciter à croquer dans la pomme… Ça tombe bien, je n’aime pas du tout ce fruit !

Il y a autre chose, aussi. De puissant. De dévastateur, même. Une attirance que je ne parviens pas à comprendre. C’est comme si elle m’écartelait. Comme si chaque fois qu’elle s’approchait de moi, je périssais sur le bûcher. C’est aussi enivrant que douloureux, aussi plaisant que rebutant.

Entre elle et moi, il est indéniable que l’affrontement est de mise. Le feu contre la glace. J’ignore encore qui, des flammes de l’enfer qui brûlent constamment autour de moi ou de la réfrigération qu’elle dégage, pourra l’emporter. Mais nos petites joutes verbales m’inspirent. Cela faisait un moment que je ne m’étais pas amusé à désirer, tourmenter une femme au point qu’elle me cède tout. Qu’elle devienne folle de moi. Folle tout court, en fait.