Extraits

. On aurait pu croire que la nuit s’abattait d'un coup sur le lieu... Combien de temps avait donc duré son ascension ? Quatre heures, cinq tout au plus, c’est le temps qui était indiqué sur le vieux livre de la bibliothèque en tous cas. Elle était partie à l’aube. Il devait être aux alentours de midi...

Régulier, lourd, le chant sourd d'une percussion frappa une pulsation de plus en plus rapide à laquelle son cœur répondit à l'unisson. Dans ce mi-sommeil, son corps était paralysé. Sa poitrine peinait à se soulever et l'air commençait à lui manquer. Sans doute était-elle en train de rêver.

Un hurlement guerrier puis un second et des centaines d'autres percèrent le ciel ayant maintenant pris une couleur encre. Des femmes mi-nues, menaçantes, le glaive à la main, surgirent devant elle. Leurs chevaux ailés fendaient l'air. Des gouttes, tout aussi glacées que le vent, martelèrent la peau de la jeune femme.

Au petit matin, plus aucune trace du brun. A sa place, sur un oreiller, une plume blanche comme neige, unique vestige d'une soirée légère et magique. Un temps qui désormais appartenait au passé !

La boussole semblait comme démagnétisée et se tournait systématiquement vers... Erwein, ce qui fit bien rire les gars.

- Je savais qu'on avait perdu le nord mais je ne m'attendais pas à le retrouver dans tes poches, Erwein.

- Quel magnétisme, chère demoiselle...

Elle leur apporta en pouffant de rire un gros annuaire corné et tâché qui devait servir de cale à un meuble quelconque, et le déposa sur la table en glissant un petit papier à Loki/Thomas, de plus en plus rouge, où était inscrit son numéro de téléphone.

- Tu es trop mignon, mon cher frère, ou devrais-je dire divinement irrésistible. Un vrai tombeur, railla Thor.

- Pas faux, peut-être devrait-on les laisser en tête à tête, renchérit Eira, qui finissait sa tasse de thé en pouffant de rire.

Dans un dernier effort, Thor réussit à plaquer Loki, le dos contre la roche prêt à le frapper à nouveau. Loki éclata d'un rire nerveux n'opposant soudain plus aucune résistance, les bras en l'air.

- Tu as vu ce qu'Odin a fait de nous ? ajouta-t-il l'air brusquement grave, accablé.

Chaque randonnée était comme une sorte d'initiation dont elle ressortait différente. Toutes l'amenaient non seulement à se dépasser physiquement mais lui apportaient des richesses qu'aucun manuel, aucun professeur n'aurait pu lui livrer.

Sol, seule dans son boudoir aux dégradés de roses très girly, écrivait dans un petit journal afin de se rendre compte, en voyant les mots prendre formes à même le papier, que ce qu'elle vivait été bien réel. Parfois, elle prenait entre ses mains une photo de son ancien amoureux qu'elle gardait toujours contre son cœur, nostalgique de cette vie qu'elle aurait pu mener auprès de lui. Elle imaginait leurs futurs enfants barbotant dans la piscine familiale surveillé par leur grand-mère émerveillée. Une mélancolie l'envahissait alors et elle se mettait à pleurer.

Tous avaient remarqué que la pauvre Freyja partait elle aussi dans des errances solitaires accompagnée uniquement par son petit miroir rond. Un moyen, n'arrêtait-elle pas de répéter d'améliorer son pouvoir hypnotique ou de s'admirer...car même avec ces vilaines marques, elle n'en demeurait pas moins belle et surtout très coquette.