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« Je n'ai trouvé qu'un permis de conduire, de la monnaie, des cartes de crédit, et un rouge à lèvres. - Je vais regarder de nouveau. » Elle sortit la grande enveloppe marron, à la fois émue et gênée de manipuler ainsi les affaires personnelles de Daphné qu'elle admirait tant et qu'elle considérait un peu comme une amie. Elle ne pouvait s'empêcher de songer, tout en fouillant dans son sac à main, à tous ces admirateurs qui attendaient des heures entières dans les librairies pour le bonheur d'obtenir un autographe, ou tout au moins un sourire de leur romancière préférée. «
Afficher en entierLes radios révélèrent un bras cassé, une fracture du bassin, une fracture ouverte du fémur, et la radio du crâne montra qu'il y avait moins de mal qu'on aurait pu le craindre, mais la commotion cérébrale semblait sérieuse et ils s'attendaient à des convulsions. Une demi- heure plus tard, Daphné fut transportée en salle d'opération, où les chirurgiens firent l'impossible pour la sauver. Il y avait à l'évidence une hémorragie interne, mais si l'on tenait compte de sa taille et de l'impact du choc, elle avait de la chance d'être encore en vie. Beaucoup de chance. Et sa feuille de soins montrait bien qu'elle n'était pas encore tirée d'affaire. A quatre heures et demie du matin, elle quitta la salle d'opération pour le Service des soins intensifs, et c'est là que l'infirmière de nuit examina soigneusement sa fiche médicale. Elle parut soudain étonnée et se mit à observer attentivement Daphné.
Afficher en entierLe médecin de garde agissait avec rapidité, parant à tout, prenant son pouls, surveillant sa respiration. Elle était en état de choc, le teint pâle, les yeux clos. Elle avait perdu toute conscience, toute identité. Elle était seulement une malade de plus. Un cas de plus. Mais dans un état grave. Et pour pouvoir la sauver, il leur faudrait agir vite et bien. Une épaule avait été luxée, et les radios leur diraient si elle avait aussi une jambe cassée.
Afficher en entierLe soulagement fut général lorsque le chauffeur disparut pour emmener la blessée à Lenox Hill. Pendant ce temps, l'officier de police s'en revenait vers le chauffeur, tout tremblant, qui remettait son manteau à grand-peine.
Afficher en entierLes ambulanciers se précipitèrent aussitôt vers Daphné; le chauffeur de la familiale accourut à leur rencontre, plus calme maintenant, mais tremblant de froid. Les ambulanciers déposèrent délicatement le corps de Daphné sur la civière. Elle était muette et ne donnait aucun signe de souffrance. Son visage était écorché et coupé en plusieurs endroits.
Afficher en entierPendant un instant, il resta là, immobile, désespéré, puis se tourna frénétiquement vers la femme qui se tenait près de lui, le regard à la fois terrorisé et furieux, comme si quelqu'un était à blâmer, n'importe qui excepté lui.
Afficher en entierCette réception avait été épuisante ; elle y avait rencontré beaucoup de monde, sans y prendre un réel plaisir, et l'ennui l'avait gagnée. Mais elle était heureuse de n'être pas restée seule dans son appartement, prisonnière de ses souvenirs qu'elle ne supportait plus d'évoquer sans cesse. Elle se mit à marcher plus vite comme pour s'éloigner d'un passé qui l'obsédait encore chaque jour, et surtout ce soir-là.
Afficher en entierTout le monde la savait prolifique, mais elle avait momentanément abandonné l'écriture pour se consacrer au scénario et au tournage d'un film. Elle sourit à nouveau, plus gaiement cette fois. Elle avait l'habitude de leurs taquineries qui dissimulaient toujours une pointe d'envie et surtout de curiosité. Daphné Fields était en effet travailleuse, ambitieuse mais aussi très secrète ; elle fréquentait certains cercles littéraires, mais gardait une attitude réservée, qui augmentait son mystère. Seul son regard frappait par sa profondeur et son acuité. Elle avait beaucoup changé depuis dix ans. A vingt-trois ans, elle était sociable, drôle, excessive même.. Maintenant, elle était plus calme, les rires du passé illuminant ses yeux par instants, leur écho enterré quelque part dans son âme.
Afficher en entierVers onze heures du soir, la circulation commença enfin à diminuer. De rares passants marchaient dans la neige qui crissait sous leurs pas. Les rues, sous l'effet du froid, s'étaient verglacées, dissimulant une quinzaine de centimètres de neige fraîche, ce qui les rendait dangereusement glissantes. Un silence inhabituel régnait sur New York ; seul un klaxon isolé résonnait dans le lointain, une voix anonyme hélait un taxi.
Afficher en entierOn ne rencontre l'amour qu'une seule fois, jamais deux, et ces instants de bonheur s'évanouissent trop vite, comme la vie même, réservés aux plus forts, aux plus courageux, aux plus sincères. Lorsque ce moment survient, ne le laisse pas s'échapper, car il suffit de l'espace d'un regard pour que l'amour s'envole, pour que l'instant soit déjà révolu. La tête vide, le cœur brisé, tu comprendra trop tard que le destin est venu frapper à ton oreille, mais que tu n'as pas su l'entendre. Pourtant, tendre ami, ne crains rien, car ton tourment sera récompensé si tu perd tout, mais que l'amour est vainqueur. L'amour - le vrai- n'arrive qu'une seule fois.
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