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Chapitre 1: Marie :
« Je suis sa troisième assistante cette année, et on n’est qu’en mai. Ce n’est pas pour rien que personne ne peut supporter de travailler pour lui plus d’un mois ou deux, et il serait temps que quelqu’un lui en explique la raison.
Autant que ce soit moi.
M’éclaircissant la gorge, je fais une nouvelle tentative.
Hudson,
Vous êtes grossier, sans aucun égard pour les autres, et je ne souhaite plus travailler pour vous. Vous croyez que le monde tourne autour de votre personne. Votre fortune colossale me dégoûte, tout comme ce Rolodex secret de numéros de téléphone féminins que vous cachez dans le troisième tiroir à gauche de votre bureau. Votre beauté disparaît derrière votre vanité et votre arrogance, et votre gentillesse, j’en suis convaincue, est inexistante. Vous traitez vos employés comme des larbins, et vous êtes le plus hypocrite enfoiré que j’aie jamais connu.
Je travaille pour vous soixante heures par semaine sans même un merci, une augmentation ou un bilan de performances élogieux. J’en ai assez de faire vos courses ingrates, et je n’ai pas passé quatre années à l’université pour faire des photocopies et du café.
Je n’ai pas signé pour ça.
Vous m’avez menti.
Sans affection ni gratitude aucune,
Mari
Je froisse aussi celle-ci en soupirant. Je crois que mon message s’est perdu parmi cette vomissure de mots vindicatifs, et je ne veux surtout pas passer pour vulgaire.
Écœurée, ça oui.
Fatiguée.
Sous-utilisée, sous-payée et accablée de travail.
Mais vulgaire, non.
…»
Afficher en entierChapitre 2 : Hudson :
« Mari s’assoit à un îlot de fortune à peine assez grand pour accueillir deux petits tabourets de bar, enroule ses nouilles sur sa fourchette, souffle dessus de ses lèvres rouges et pulpeuses avant d’en prendre une bouchée.
— Très bien, dis-je avec un petit rire. D’accord. Je suis là parce que je veux que vous m’épousiez.
Elle se met à tousser et couvre sa bouche de sa main. Je m’approche d’elle et pose ma main au creux de ses reins.
— Ça va ?
Elle opine et cherche à retrouver son souffle. Elle s’empare d’une serviette pour s’essuyer la bouche, puis la froisse dans sa main.
— Vous vous prenez pour qui ! finit-elle par répondre. Jamais je ne vous épouserai.
— Que je vous explique...»
Afficher en entierLe poste d’Hudson clignote sur l’écran.
Il pousse un soupir.
Mon Dieu.
Il l’a lue.
Voici l’instant de vérité.
— Maria, c’est quoi, ça ?
— C’est quoi… quoi, monsieur ?
Encore un truc – vous en connaissez beaucoup, vous, des architectes de vingt-neuf ans qui exigent d’être appelés « monsieur » ?
— Cette invitation au gala Brown-Hauer ? Ça fait combien de temps que vous gardez ça sous le coude ? Il fallait répondre il y a deux semaines. Appelez et voyez s’il n’est pas trop tard, dit-il d’une voix plate.
On entend un déchirement de papier en fond sonore. Il se tait.
— Je croyais que vous aviez dit ne pas vouloir y aller ?
Je ne sais pas pourquoi j’en fais une question puisqu’il m’a bel et bien dit qu’il ne voulait pas s’y rendre. En fait, je sais que je l’ai dans un mail…
— J’ai dit ça ? demande-t-il avec un petit rire sardonique.
— Oui.
Afficher en entierCher Mr. Rutherford,
Je vous demande humblement d’accepter ici mon préavis de deux semaines. À compter du vendredi 26 mai, je quitterai mon poste d’assistante. Je ferai tout mon possible pour assurer une transition fluide pour l’entreprise.
Cordialement,
Maribel Collins
J’enfonce mon stylo dans l'épais papier cartonné, raturant ma démission soigneusement rédigée avant de la froisser dans ma main et de la repousser dans l’angle de mon bureau. Elle est trop gentille, et Hudson Rutherford ne mérite pas la gentillesse.
Il est sept heures et demie ; je dispose donc d’une demi-heure pour trouver une meilleure formulation… qui laissera une impression durable.
Je suis sa troisième assistante cette année, et on n’est qu’en mai. Ce n’est pas pour rien que personne ne peut supporter de travailler pour lui plus d’un mois ou deux, et il serait temps que quelqu’un lui en explique la raison.
Afficher en entierIl lève ses yeux bleu indigo au plafond avec un soupir avant de les reposer sur moi.
— Bref, trois millions de dollars.
— Trois millions de dollars – quoi ?
Je lui jette un regard interrogatif, ne comprenant pas où il veut en venir.
— Si vous acceptez de m’aider, je vous donne trois millions de dollars. Cash. Et vous n’aurez plus jamais à travailler pour cet insupportable enfoiré.
Il plaisante, c’est sûr.
— Hormis le fait que vous avez officiellement perdu la boule, je ne reste pas, pas ici. Pas comme votre assistante. Je vaux mieux que ça.
— Je ne vous demande pas d’être mon assistante.
— Très bien, quoi que ce soit, je ne suis pas intéressée. Je suis diplômée en Business Analytics et en marketing international avec option finances.
Mes bras se crispent sur ma poitrine. Je ne suis pas intéressée par l’argent qu’il me fait miroiter ou par le coup fourré qu’il tente de jouer.
— Je sais ce que je vaux et je sais quand un boulot n’en vaut pas la peine.
— Vous comprenez bien que trois millions de dollars est une somme généreuse, non ? Vu que vous avez, euh, fait option finances et que vous savez tout de la… valeur ?
Il tente de réprimer un sourire, comme s’il ne me prenait pas au sérieux.
— Vous pourriez arrêter ça ? dis-je en posant la main sur ma hanche droite.
— Ça quoi ?
— D’être aussi condescendant ? Ça n’en finit jamais avec vous.
— Je vais faire des efforts. Si vous restez dans les parages.
— Inutile, je lui rappelle. Je ne reste pas.
— Ravalez votre fierté et acceptez de m’aider. Vous ne le regretterez pas.
— Non, dis-je, avec autant que conviction que je peux mettre dans ce mot.
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