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Cette voix. Ce timbre. Du velours de crème. Du chocolat fondu. Une putain de bombe à retardement.
Je me trouve face à l’essence même du fantasme féminin. Ou en tout cas du mien. Le sombre inconnu me fixe intensément, son grand corps adoptant une position aussi nonchalante que virile. Bras croisés aux muscles apparents, jambes légèrement écartées, bien plantées dans le sol. Son regard sauvage, méfiant, retient le mien prisonnier. Ses yeux aussi ont des nuances chocolatées. Je n’ai plus du tout peur, je réalise qu’il ne me fera pas de mal. Mais je manque d’air. Terriblement.
J’observe rapidement sa tignasse brune et ondulée, son nez droit, ses mâchoires carrées. Ses lèvres pleines : c’est ce qui m’aimante plus que tout. Peut-être le détail le plus sensuel chez lui. Si appétissantes, si parfaites, elles invitent aux baisers. Mais la barbe de trop de jours, tout autour, semble faire barrière. Lui donne un air dur. Je me reprends un instant, embarrassée par mes propres pensées, remonte les yeux le long de son visage et me perds à nouveau. Dans ses yeux légèrement plissés, complètement farouches. Ils sont marron liquide, bordés de cils si noirs et si épais qu’ils vous engloutissent tout entière. Et je ne parle même pas de l’étincelle indescriptible qui brûle au fond de ce regard de feu…
– Vous avez de très beaux yeux, d’accord, mais il serait peut-être temps de vous servir de votre bouche ?
– Et comment tu veux que je m’en serve ? lâche-t-il sans sourire.
Je réalise un peu tard l’ambiguïté de ma dernière phrase puis celle de sa réponse… et rougis.
Afficher en entier-Vous allez bien,Suzie?
-Leur étroitesse d'esprit n'a d'égal que la largeur du balai qu'ils ont tous dans leur fondement,grogne-t-elle.
Afficher en entier"Jamais je n'ai volé un baiser qu'on m'a rendu si fort. Jamais je n'ai eu si peur de perdre pied. Et si envie de tout donner"
Afficher en entier– Tu ne fais pas des enfants pour qu’ils te plaisent, qu’ils te ressemblent ou te chouchoutent toute la vie, ajoute-t-elle, pensive. Peu me chaut que Godefroy soit devenu radin et méfiant avec l’âge, que Gersende soit si soumise à son mari le Général, que Gonzague ne se souvienne de mon numéro de téléphone que trois fois l’an. Mais tu fais des enfants pour les aimer longtemps. Pour les aimer malgré tout. Pour les voir grandir, aimer à leur tour, se tromper, avoir des rejetons pénibles et ingrats qui ne téléphonent pas. Tu fais des enfants pour avoir le plaisir de les regarder devenir grands, forts, fragiles, vieux jeu, égoïstes, soumis, radins et méfiants… C’est tout ce que j’aurais voulu pour elle.
Je ris un peu en pleurant beaucoup. Suzanne fait l’inverse. Je ne l’arrête plus.
Afficher en entierVoilà de quel genre d’homme on a besoin dans sa vie, ma jolie. Peu importent ses défauts, ses imperfections. Peu importe qu’il parle peu, qu’il travaille trop, qu’il ne débarrasse pas le couvert ou qu’il oublie les anniversaires. Rien d’autre ne compte que la profondeur du regard, l’assurance de la voix et la pureté du cœur. Et des mains assez fortes pour toujours vous serrer, vous retenir.
Afficher en entierSes traits sont parfaits. Son corps,à se damner. Ce mec pourrait être mannequin.Gangster. Acteur.Et il a choisi d'être un putain d'emmerdeur.
Afficher en entierJe ne comprendrai jamais ce chat. Et ne ferai jamais confiance à ce chien.
Ni à son maître.
– Laszlo, viens chercher ta chienne ! lancé-je en direction de l’escalier.
Murder, qui a probablement reconnu le prénom de l’ours à qui il a juré fidélité, lève la tête vers moi. C’est une belle bête, mais je n’aime pas son regard. Trop intense, profond, attentif… imprévisible.
– C’est quoi, le problème ? me surprend soudain la voix grave d’un certain brun ténébreux.
Du velours de crème qui me couvre de frissons, encore. C’est la première fois que je l’entends, que je le croise depuis notre baiser et la porte claquée. L’étreinte interdite qui m’a tenue éveillée une bonne partie de la nuit. Et que je devrais regretter amèrement, si ça tournait rond là-haut.
– Suzanne tient à son matou, dis-je en m’adressant à l’ours. Évite de laisser traîner ton double n’importe où.
– Mon double ?
– Même regard. Même poil brillant. Même odeur. Même QI, asséné-je en m’échappant de la cuisine.
Afficher en entier"Pourquoi tu gâches ta vie ?
Pourquoi tu gâches ta vie ?
Pourquoi tu gâches ta vie ?
Danse, danse, danse, elle me dit..."
Je ne m'entends même pas chantonner contre la fenêtre, qui se couvre de buée. C'est le timbre enroué de Suzanne qui me ramène à la réalité en rouspétant.
-C'est encore une chanson de ce Mika qui n'a qui la moitié d'un nom, une voix de pucelle et des costumes dignes du carnaval ?
-Il vend des millions de disques, il parle douze langues, il a une créativité de génie et il est trop mignon, Suzie... Il va falloir vous mettre à la page question mecs, aussi !
-Mais pas aussi mignon que mon Laszlo, si ? me demande-t-elle d'un œil noir.
-Non, j'ai bien retenu ma leçon, récité-je dans un soupir. Personne n'arrive à la cheville de votre petit-fils, de Gédéon-le-chat, de Gédéon-feu-votre-mari et de Stanislas-le-fauteuil !
-C'est tout à fait ça !
-D'ailleurs, Suzanne, je suis un peu triste que vous n'ayez toujours pas donné de nom à l'iPod que je vous ai offert et qui ne vous quitte plus.
-Comme si j'étais une vieille gâteuse qui donne des prénoms aux choses ! me snobe-t-elle d'un haussement d'épaules.
La grand-mère récupère le baladeur sur une étagère, enfonce les écouteurs dans ses oreilles et quitte le salon à petits pas feutrés en lâchant d'une voix sonore :
-Allez, viens, Hippolyte, on va chanter dans le jardin !
Je souris à son dos courbé et à son probable rictus de fierté. [...]
Afficher en entier– Je t’aime depuis une éternité, Juliette. Je t’aime depuis que tu m’as défié, provoqué, bousculé. Je t’aime sans l’avoir voulu. Sans l’avoir cherché. Je t’aime parce que tu es une putain de bombe qui a tout fait péter dans ma vie, avant de lui donner un nouveau sens.
Afficher en entierQuelques kilomètres plus loin, sa main vient se poser sur ma cuisse et sa voix de velours s’élève à nouveau :
– Je ne vais nulle part.
– Ça veut dire que tu veux bien te brûler les ailes avec moi ?
– Ouais, murmure-t-il. Les ailes, ça ne sert à rien. Toi et moi, on va garder les pieds sur terre et ne jamais se casser la gueule…
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