Extraits

Tout à coup, son portable vibre et elle se jette littéralement dessus pour lire le message qu'elle vient de recevoir. Je ne l'ai jamais vu aussi excitée depuis la sortie du premier film de cinquante nuances de Grey.

— Ils sont là ! lance-t-elle dans un petit cri.

Ma mère se lève d'un bond et contourne la table. Je devine sans avoir à me retourner, qu'elle se précipite en direction des deux individus qui viennent de passer la porte du restaurant. Tandis que les pas se rapprochent de moi, je prends une profonde inspiration en vérifiant mon reflet sur le dos de ma petite cuillère.

— Ce n'est qu'un mauvais moment à passer Nicolas… je me motive à voix basse. Accroche-toi. Une heure et c'est emballé.

Motivé à bloc, je me lève à mon tour. J'ai à peine le temps de me retourner que ma mère me prend par l'épaule et le fait pour moi.

— Liam, Camille, je vous présente Nicolas, mon adorable petit prince.

— Maman... Elle exagère toujours, j'ajoute à l'attention de l'homme qui me fait face.

Contrairement à l'image que je m'étais faite de lui, Liam à l'air plutôt charmant. Il me sourit poliment en me tendant une main.

— Enchanté Nicolas. Je suis ravi de faire ta connaissance.

Je lui rends sa poignée de main, accompagnée de mon plus beau sourire.

— Et le beau garçon avec lui c'est Camille, déclare ma mère de façon beaucoup trop enjouée.

Je la soupçonne d'employer ce ton pour me vendre le fameux fils prodige. Je dévie mon regard sur la droite et un hoquet de surprise s'échappe de ma bouche. Un grand type aux cheveux bouclés et au regard de braise, me juge de la même manière que la dernière fois que je l'ai vu. Car ce fameux Camille, je l'ai déjà rencontré dans les toilettes crasseuses d'une boîte de nuit.

Ses yeux s'assombrissent lorsque ses sourcils se froncent. De toute évidence, la répulsion de nous croiser à nouveau est partagée, qui plus est en compagnie de nos parents respectifs. J'aurais dû écouter mon horoscope aujourd'hui : Une rencontre imprévue va bouleverser votre journée...

Karma de merde !

J'hausse les épaules alors qu'un nouveau venu fait irruption dans la pièce. Ses mèches blondes virevoltent sur son crâne lorsqu'il bondit jusqu'à l'assiette de croissant.

—À ta place je m'en passerais, le prévient Camille.

Bryan se fige dans son geste en l'interrogeant du regard. Camille vide le reste de son café dans l'évier avant d'ouvrir l'un des placards de la cuisine.

—Prends plutôt l'un d’eux, ajoute-t-il en lui lançant un sachet de boulangerie.

—Qu'est-ce qui ne va pas avec ceux-là ?

Un sourire s'affiche sur le visage de Camille, sournois et machiavélique.

—Callum les a mis sur le rebord de la fenêtre toute à l'heure et un piaf a chié dessus.

Elliot et moi recrachons immédiatement le morceau que nous avions en bouche. Ni une ni deux je me précipite vers l'évier et bouscule Camille pour passer ma langue sous l’eau. Ce dernier se bidonne de la blague qu'il vient de me faire. Une fois ma bouche suffisamment purifiée, je ferme le robinet et me redresse vers lui.

—Enfoiré !

—Je t'en prie.

Il se lève avec sa serviette plus basse sur ses hanches. Il se redirige vers la porte et alors qu’il s’apprête à sortir, il défait le tissu qui recouvre ses fesses. La serviette s’échoue sur le parquet. Nicolas me tourne le dos entièrement nu. Mon boxer est prêt à céder, l’excitation explose dans mon ventre et me possède entièrement. Il me regarde par-dessus son épaule en me lorgnant dans un air d’invitation.

—Bonne nuit Camille.

Sur ces mots, Nicolas passe la porte et ferme derrière lui. Qu’est-ce que…Quoi ?! Je fonce vers la porte, mais le temps que je l’atteigne le cliquetis d’une clé m’empêche de l’ouvrir. Enragé et excité comme un dingue, je cogne contre la paroi qui s’impose entre lui et mon sexe chargé à bloc.

—Au fait je ne te les ai pas présentés, je poursuis. Comme tu connais déjà Avery, voici Elliot et Daniel. C'est comme ça que tu les appelleras et non pas « hey » ou « toi » ou « la gonzesse » comme j'imagine très bien que tu pourrais le faire.

—Ce n'est vraiment pas mon genre de faire ça, se moque-t-il.

—Bien sûr.

Camille ne relève pas. Il se retourne vers ses potes avant d'ajouter à son tour :

—Bryan, Callum, Philip et Frank que tu as déjà vu. Comme ça, ça t'évitera de les appeler « ouh, ouh » ou « toi l'homme » ou « belle queue ».

Le cœur battant la chamade et le souffle court, j'observe Camille suspendu au-dessus de moi qui me fixe.

Il se penche à nouveau mais je l'arrête brusquement. Me doigts pianotent jusqu'à sa cravate que je défais d'un geste vif. Je relève les yeux vers lui, il a très bien compris où je voulais en venir. Dorian ne viendra pas s'immiscer entre nous maintenant.

Nicolas

— Tu ne vas pas me faire croire que tu as déjà pénétré un mec ?

— T’aimerais le savoir, hein ?

— Ouais, ça m’intrigue.

— Je ne l’ai fait qu’une seule fois.

— Pourquoi ?

— Pour voir ce que ça faisait, quelle question.

— Non, pourquoi est-ce que le mec s’est laissé faire ?

Il se remet à se marrer comme une otarie, manquant de me contaminer. Je me retiens au prix d’un violent effort, affichant une expression faussement dépitée.

Camille

J’impose un rythme de va-et-vient effréné, sa respiration s’emballe et sa voix se brise. L’adrénaline m’emporte alors qu’il gémit plus fort à chaque nouvelle pénétration. Tu te souviendras de cette nuit, crois-moi.

Rapidement, il épouse mes mouvements dans un savoir-faire qu’il est le seul à avoir développé. Ses fesses se soulèvent et viennent à la rencontre de mes élans, peu importe la force avec laquelle je le domine. Ma voix devient plus rauque à mesure que je l’envahis. La sienne est plus suave et salement sexy.

Son visage plaqué contre le drap, il me lorgne à travers son masque. L’air implorant qui a remplacé sa fierté m’excite au plus haut point. Je me perds dans ses yeux clairs et admire sa sensualité alors que je le domine. La sensation exquise qui se resserre sur mon sexe me rend fou, sa chaleur me contamine et le plaisir m’étourdit.

— Camille… gémit-il, à bout de souffle. Encore... c’est bon... encore, Camille !

Mon prénom m’injecte un liquide chaud dans mon bas-ventre. Je le baise plus fort, mes gestes deviennent plus intenses et ses gémissements plus pressants. Mon bassin cogne contre ses fesses à un rythme impétueux, le claquement de ma peau contre la sienne est ahurissant. Bordel, ce qu’il est excitant !

Sa voix me possède littéralement, chaque son, chaque soupir, est pour moi une drogue que je savoure avant d’en vouloir davantage. Il articule inlassablement mon nom, partagé entre respirer ou gémir, et les sons rauques que je ne sais retenir lui répondent. Il me demande de ne jamais m’arrêter et même si je déteste ses ordres, celui-ci me fascine.

— Putain... t’es tellement sexy, je grogne contre sa nuque. Putain !

Ses poignets ne montrent plus aucune force dans ma main, il s’est abandonné à moi. Je libère ses bras. La marque rougeâtre de la pression y reste incrustée et je lui retire son masque noir. Je veux voir son visage alors que je le pénètre jusqu’à l’épuisement.

Nicolas me dévisage un moment, la bouche entrouverte, les paupières lourdes et la respiration haletante, puis il referme les yeux quand je pose ma main dans le creux de ses reins. Je caresse la courbe de son dos qui se creuse à mesure que je m’enfouis en lui, et remonte jusqu’à sa nuque humide. Il frissonne et ondule quand je plonge en lui. J’attrape ses cheveux blonds et incline sa tête en arrière. Nicolas crie à gorge déployée, de surprise, de plaisir. Ma bouche se raccroche à son cou, je l’embrasse et lui lèche la peau.

Il n’est plus qu’une tension sexuelle qui se consume pour s’agrandir jusqu’à l’explosion. Sa voix sensuelle résonne dans ma tête, et cette sensation, bordel, ce que c’est bon !

— Ne jouis pas tout de suite, je souffle dans son cou.

Un sourire triomphant étire mes lèvres alors que Nicolas est à bout de forces et incapable de lâcher prise. Il obéit, il repousse l’orgasme, et les convulsions qui le bousculent depuis quelques minutes m’indiquent qu’il m’attendait déjà pour me suivre. Tous ses muscles se contractent sous mon contact. Absolument tous. Il se resserre délicieusement autour de moi, m’arrachant un grognement.

La chaleur familière naît dans mes tripes, elle se disperse dans mon sang et descend jusqu’à mon entrejambe. Mes pensées perdent en lucidité, la chambre se met à tourner autour de nous, il ne tardera plus à lâcher prise, je vais bientôt jouir, putain.

J’impose l’une de mes mains à la base de son érection que j’empoigne. Je pompe sur son sexe et puise jusqu’à le noyer dans sa luxure. Mes doigts coulissent fermement autour de lui au même rythme que mes va-et-vient qui le martèlent. Mon ventre bout et mon cœur tambourine dans ma poitrine. Nicolas soupire mon nom et l’orgasme le libère. Tout son corps se cambre magnifiquement en un gémissement sourd. Je ferme les yeux, mes mâchoires se crispent, ma respiration s’emballe tandis que je jouis ardemment en symbiose avec lui.

Nicolas

Donc si je pleure toujours, installé sur le siège de la radiographie, c’est plus de honte que de douleur. La honte d’avoir été ridiculisé par un mec que je pensais maîtriser. Un mec qui me tient tête. Un mec qui m’attire réellement pour la toute première fois.

Camille

J’écrase mon mégot, réajuste ma chemise et renoue mon nœud papillon, avant de passer la porte de service. Frank imite mon geste et me suit.

— Ce mec, Nolan, commence-t-il.

— Nicolas.

— Nicolas, ouais. C’est vraiment un connard ? demande-t-il quand on longe les cuisines.

— Connasse lui irait mieux.

Je jette un regard par-dessus mon épaule et Frank est aussi surpris que je m’y attendais.

— Il est gay ?

— Plus gay que toi et moi réunis.

— Tout ce que t’aimes, ironise-t-il.

— Tu l’as dit !

Nicolas

Au loin, j’aperçois l’un de mes instruments de musculation délogés de ma salle de sport personnelle. Il s’avère que Camille va occuper la chambre dans laquelle j’avais pour habitude de m’enfermer cinq jours dans l’année afin d’accomplir mon activité sportive annuelle. J’espère qu’il réalise les sacrifices que je fais pour lui. Il me castre littéralement en venant habiter chez moi.