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Son prologue à lui

Techniquement, je n’ai pas fait tomber la chemise en la revoyant. Juste mes boules.

Ou plutôt les balles que j’avais entre les mains. Celles avec lesquelles je jonglais.

Voilà comment ça s’est passé. Imaginez un dimanche matin à Central Park. Une journée d’été parfaite. Une pelouse verte, une brise chaude et moi, qui venais de passer les dernières heures à me familiariser avec les tortues et les grenouilles du zoo pour enfants, parce que je suis un oncle merveilleux. Et que Carly est une adorable fillette de sept ans.

Cette enfant aime toutes les créatures existantes, mais en particulier celles qui sautent et qui rampent, alors je l’ai emmenée dans la forêt enchantée du zoo. Après en avoir fait le tour, elle a tiré sur la manche de ma chemise, m’a adressé un regard charmeur de ses yeux noisette et m’a demandé un cornet de glace.

Comme si je pouvais lui résister. Mais bien sûr. C’est la fille de mon cousin, et donc techniquement ma cousine germaine, mais je suis son oncle, point barre. Et il est clair qu’elle tire son charme de notre côté de la famille.

Main dans la main, nous nous promenions sur la pelouse près de l’allée du parc, en quête du glacier le plus proche.

Et puis Carly a fait ce truc que font souvent les enfants.

Elle s’est mise à hurler, apparemment sans raison. Ensuite, elle a pointé du doigt un type incroyablement grand qui portait un béret et jonglait avec deux Rubik’s Cubes, deux balles orange et une petite balle de jonglage verte.

— Il sait jongler avec cinq objets, oncle Tyler ! s’est-elle écriée, les yeux écarquillés.

— Pas mal, ai-je répondu avec un haussement d’épaules.

Elle s’est tournée vers moi avec un regard interrogateur.

— Toi, je ne t’ai jamais vu jongler avec cinq balles.

— Parce que tu n’as pas encore vu toute l’étendue de mon talent.

— Tu sais vraiment jongler avec cinq balles ?

Je l’ai narguée :

— Je peux même le faire les yeux fermés.

Je n’avais pas appris à jongler entre mes cours de droit et les soirées étudiantes pour rien.

Je plaisante.

En école de droit, on doit surtout jongler entre un emploi du temps sans queue ni tête et le manque de sommeil.

Carly a haussé les sourcils. Le jongleur aussi, tout en maintenant en l’air son quintette d’objets. Le frimeur.

— Je veux voir. Montre-moi, a insisté Carly.

Elle tient clairement de son père. Elle me lance un défi, et moi, j’ai envie de le relever.

Le type au béret, maigre comme un clou, m’a fait un geste du menton.

— Tiens, vas-y, mec.

Avec une précision d’horloger, il a dévié les balles de leur trajectoire pour les récupérer dans sa paume. Ensuite, il a fait de même avec les Rubik’s Cube. Puis avec la balle de jonglage. Il s’est approché, m’a tendu les objets et m’a lancé un sourire en coin qui signifiait clairement « montre-nous donc ce dont tu es capable ».

C’est parti !

Des groupes de joggeurs, des cyclistes et des types en roller passaient à toute allure sur l’asphalte noir. Les pieds dans l’alignement de mes hanches, je me suis installé sur la pelouse pour appréhender les objets, les soupeser. Un, deux, trois, quatre, cinq. Je les ai lancés un par un dans les airs en leur faisant décrire une large courbe ovale. Je les ai fait tourner, encore et encore, en une ronde infinie.

Carly a applaudi, avant d’en demander davantage.

— Et maintenant, les yeux fermés !

J’ai laissé échapper un grognement. Qu’est-ce qui m’avait pris ? Jongler les yeux fermés, c’était tellement dur. Mais je pouvais m’en sortir durantquelques secondes. C’était mon talent particulier. J’ai accédé à la demande de ma nièce en effectuant quelques rapides mouvements à l’aveugle. Cinq secondes plus tard, après lui avoir offert ce petit spectacle, j’ai rouvert les yeux.

Et un fantôme de mon passé, telle une vision, m’est soudain apparu.

Une beauté blonde, avec de longues jambes, de jolies fesses rebondies et une queue de cheval haute qui se balançait entre ses épaules. Elle courait dans l’allée, vêtue d’un minuscule short de sport orange qui ne laissait que peu de place à l’imagination. Et ce visage. Seigneur, ce merveilleux visage d’ange. De hautes pommettes. Des yeux noisette qui lisaient en moi comme personne ne l’avait jamais fait auparavant. Ces lèvres rouges, comme un croissant de lune. Putain, ce qu’elle pouvait faire avec ces lèvres. Toutes ces choses que j’avais appris à faire à cette bouche sensuelle.

Delaney savait s’en servir, et pas seulement sous la couette. Nous parlions de tout et de rien lorsque nous étions ensemble à l’université. J’avais passé des jours entiers avec elle. Des nuits entières. Les meilleurs moments de ma vie. Cette femme était pleine de vie. Si lumineuse. Si passionnée. Et elle était là, juste devant moi.

Seigneur.

Ça devrait être illégal d’être aussi canon.

Elle n’était pas seule. Elle courait avec deux autres filles et deux chiens.

Quant à moi ? L’homme vif d’esprit à la langue bien pendue, capable de se sortir de toutes les situations avec de belles paroles ? Disparu ! J’ai laissé tomber les Rubik’s Cubes, la balle de jonglage et les balles orange à mes pieds.

Ma mâchoire en est tombée, elle aussi.

Pire encore ? Je n’ai réussi qu’à lui lancer un « Hé ! » étouffé.

Ouaip. Huit ans plus tard, je ne suis parvenu à prononcer qu’une seule syllabe.

Le paroxysme de mon putain de manque d’intelligence.

Elle a levé les yeux au ciel et a secoué la tête en passant devant moi. Par-dessus son épaule, elle a lancé :

— Alors, ça jongle encore à ce que je vois, Tyler ?

Oh, bordel, cette pique qu’elle m’a lancée !

Cette femme me tue.

Chaque putain de fois.

— Oui, je n’ai jamais cessé de m’entraîner.

En l’espace d’une seconde, elle s’est trahie. Si j’avais été au tribunal, j’aurais su à ce moment-là qu’elle était à ma merci. Ses yeux se sont attardés beaucoup trop longtemps sur moi. Elle m’a lancé ce regard que je connaissais si bien et qui signifiait « j’ai rêvé de toi cette nuit », détaillant mon visage, mon torse, eh oui, là, juste là, la partie qu’elle préférait de mon anatomie.

Elle l’adorait.

Sauf que nous n’étions pas au tribunal.

Parce que quand Delaney a posé ses jolis yeux noisette sur ma nièce, je l’ai vue compter les années et en tirer ses conclusions.

— On dirait bien, en effet, a-t-elle répondu en restant impassible.

Elle a détourné le regard, s’est concentrée sur la route devant elle et a accéléré.

Flanquée de ses amies et des chiens, elle m’a dépassé à toute allure et m’a abandonné sur le bas-côté avec ma mâchoire et mon aplomb à terre. Les boules !

Dire que j’ai pensé à elle tous les jours depuis huit ans serait un mensonge. Dire que j’ai passé ces huit dernières années sans jamais penser à elle serait un mensonge encore plus gros.

Seulement, je ne m’attendais pas à la croiser un beau matin dans le parc. Je n’étais pas préparé à ça. Pas du tout. Tout d’abord, j’ai eu envie de la rattraper et de lui expliquer que je n’avais pas rompu avec elle pour avoir un enfant avec quelqu’un d’autre. J’aurais pu la rejoindre facilement. Je suis capable de courir aussi vite que le vent. De mettre un pied devant l’autre et d’aller où je veux. Sauf que la personne que j’aimais le plus au monde était avec moi, et je n’allais pas entraîner Carly dans une course-poursuite après une fille que j’avais aimée de toute mon âme.

J’ai tout de même essayé. J’ai attrapé ma nièce par la main et j’ai crié :

— Delaney !

Elle ne s’est même pas retournée et a rapidement disparu au détour d’un virage.

Avec le recul, je suppose qu’en la larguant, j’aurais pu trouver mieux comme derniers mots que :

— C’est trop dur de jongler entre les cours et toi.

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