Extraits

-Le Protocole nous enchaîne. Nous sommes esclaves d'un monde vide et immobile, où les hommes et les femmes ne peuvent pas lire, où les avancées scientifiques sont réservées aux riches, où les artistes et les poètes sont condamnés à retravailler jusqu'à l'épuisement les chefs-d’œuvres d'antan. Aucune nouveauté. Rien en change jamais, rien ne pousse, n'évolue, ne se développe. Le temps est arrêté, le progrès est interdit.

Nous sommes en train de mourir. Il faut faire exploser cette forteresse de briques que nous avons construite. Il faut fuir cette roue que nous tournons sans cesse comme des rats. Nous libérer, voilà ce à quoi j'ai voué mon existence. Si je dois perdre la vie, cela m'est égal, parce que même ma mort sera une sorte de libération.

Je m'évaderai. Tu verras, je te le promets. Il doit bien y avoir un ailleurs où je puisse aller. Un endroit où tu ne puisses pas me voir. Où tu n'existes pas!

Il y avait un homme qui s'appelait Sapphique. Personne ne savait d'où il venait. Certains disaient que la prison l'avait engendré et façonné.

D'autres disaient qu'il venaient de l’extérieur parce que lui seul entre tous a pu y retourner.

Certains disaient qu'il n'était même pas humain mais qu'il aurait vécu sur une de ces étincelles lumineuses que les fous voient dans leurs rêves et appellent étoiles.

D'autres disaient que c'était un menteur et un imbécile.

Cherchez-vous la clé d'Incarceron?

Regardez à l'intérieur de vous-même. C'est là qu'elle s'est toujours cachée.

Il s’avança vers elle. Le cube en argent noué à son poignet accrocha la lumière et scintilla. Elle recula. Elle ne pourrait supporter qu’il abandonne un instant les manières rigides imposées par l’Époque. Elle se figea, effrayée à l’idée qu’il puisse s’épancher. Mais il sauvegarda les apparences

 Évidemment. Votre père ne vous a pas encore prévenue. Un frisson parcourut l’échine de Claudia. — De quoi ? — Rien de bien dramatique, ma chère. Pas la peine de l’inquiéter. Nous avons modifié la date du mariage pour qu’elle coïncide avec le retour du comte de l’Académie

"Quand il fut parti, elle se rendit compte qu'elle s'était recroquevillée sur le banc. Les muscles de son dos et de ses épaules étaient tendus et ses mains aggripaient le tissu en soie de sa robe. Elle se forca à respirer calmement.

Des gouttes de sueur perlaient au-dessus de ses lèvres.

Pourquoi lui avait-elle poser cette question ?"

"Il fut décidé dès le début que seul le directeur saurait où se situait Incarceron. Tous les criminels, indésirables, ennemis politiques, dégénérés et malades mentaux y seraient internés. La porte serait scellée et l'Expérience pourrait commencer. Il était vital que rien ne vienne perturber l'équilibre d'Incarceron. Il s'agissait de créer un paradis et de fournir à tous une bonne éducation, une alimentation équilibrée, de l'exercice, un bien-être spirituel et un travail utile. Cent cinquante ans ont passé. Le directeur affirme que la situation est excellente."

"- Moi aussi, je veux m'évader, atteindre l'Extérieur. Dans les quartiers des esclaves, ils disent que tu vois des étoiles dans tes rêves, que Sapphique te parle, que la Prison te montrera le chemin car tu es son fils."

"- Tu m'as sortie de là. Personne d'autre n'aurait fait ça. Si tu me laisses, je te suivrai."