Extraits

« [...] n'oubliez pas que nous sommes plus qu'un code génétique. Nous pouvons être plus que des étiquettes que l'on nous appose. Nous pouvons être plus que ce que les autres murmurent dans notre dos ou nous crient au visage. Libres d'exister. Nous devons choisir d'être le meilleur de nous-mêmes et nous devons aider les autres à faire de même. Croyez en vous.» Sophie Jordan

- J'étais un enfant lorsque j'ai appris que j'étais porteur. J'étais déjà orphelin. Pauvre. Sans avenir. C'est difficile de toucher le fond lorsqu'on y est déjà.

Sa bouche se rétrécit en une ligne sinistre.

- J'étais habitué à n'être rien.

Un "rien" qui s'est présenté ici aujourd'hui, lorsque j'en avais le plus besoin.

Un " rien " qui est entré derrière moi dans la salle de bain lorsque Brockman m'a piégée.

Un " rien " qui est venu me chercher lorsque j'étais coincée dehors après le couvre-feu.

Une multitude de réponses se précipitent sur mes lèvres.

- Tu n'es pas rien.

Pour une raison que je ne comprends pas, il est venu lorsque personne d'autre ne l' a fait. A l'exception de ma famille, qui n'a, en quelque sorte, pas d'autre choix puisque j'habite la même maison qu'elle. Il est le seul à s'être donné la peine de venir me voir. Non seulement mes amis ne sont pas là, mais ce sont eux qui se sont assurés que je sois marquée.

- Je ne veux pas devenir ce qu'ils nous forment à devenir. Je ne veux pas que ce qui s'est produit aujourd'hui arrive à nouveau. Peu importe que nous nous ignorions. Ils m'ont utilisé une fois pour te manipuler. Ils le referont. Peut-être que la prochaine fois, ils t'utiliseront pour me faire faire quelque chose.

La douleur se lit dans ses yeux.

- Et je le ferai. Dieu sait que je le ferai.

Je passe devant lui pour lui ouvrir la porte, mais je ne vais pas jusque-là.

Il attrape mon bras et me fais tourner sur moi-même, me propulsant directement contre lui. Je tente d ème dégager, arquant mon corps. Ses yeux plongent dans les miens. Toujours ses yeux. Le gris-bleu séduisant, comme de la fumée qui m'ensorcelle.

L'une de ses mains se ferme sur l'arrière de ma tête , ses doigts s'emmêlant dans les mèches mouillées. Tout en moi s'immobilise, se tend quand sa paume glisse le long de ma nuque. Je ne peux que regarder ses yeux. Le regarder qui me regarde. Le dévisager, impuissante, alors que son regard descend sur ma bouche.

- Je ne peux pas, annoncé-je.

Cette fois, les mots sortent sans hésitation. Sans regret. Je le sais. Je ne peux pas le faire.

Il se lève pour me regarder, reconnaissant de toute évidence ce ton qui disait qu'il ne pourrait pas m'amadouer. Il me lance un regard dur, son expression passant de la frustration à la colère.

- Pourquoi pas ?

Je me rassieds et ferme mon jean.

- Ce n'est pas comme ça que j'avais imaginé ça...

- L'avais-tu imaginé? demande-t-il. Vraiment ? Parce que je commence à me demander.

Je le regarde, déconcertée par son ton et son apparente colère. Ce n'est pas comme si je ne lui avais pas déjà dit non.

- Pourquoi es-tu si furieux contre moi? Je n'ai seulement pas envie...

-J'attends depuis des mois, Davy. Et tu continues à me narguer avec des promesses. Tu devrais être recon naissante que je sois du genre patient... surtout maintenant.

J’ai toujours su que j’étais différente. Lorsque j’avais trois ans, je me suis assise au piano et j’ai joué Chopin. Maman prétend que j’avais entendu la mélodie la semaine précédente dans l’ascenseur d’un hôtel. Je ne sais pas où je l’ai entendue. Je savais seulement comment placer mes doigts sur les touches… comment les faire bouger. De la même façon que l’on sait marcher, c’était quelque chose que je savais, tout simplement. Quelque chose que je faisais. La musique a toujours été mon don. Cette chose pour laquelle j’étais douée sans le moindre effort. Il y a d’abord eu le piano. Puis la flûte. Et le violon. Il ne me fallait jamais beaucoup de temps pour maîtriser un nouvel instrument.

Il m'étudie.

- Le chemin sera difficile si tu n'acceptes pas ce que tu es.

- Comme tu le fais ?

Il hoche la tête.

Je presse une main sur ma poitrine.

- Je ne l'accepterai jamais.

N'oubliez pas que nous sommes plus qu'un code génétique. Nous pouvons être plus que des étiquettes que l'on nous appose. Nous pouvons être plus que ce que les autres murmurent dans notre dos ou nous crient au visage. Libres d'exister.

Nous devons choisir d'être le meilleur de nous-mêmes et nous devons aider les autres à faire de même. Croyez en vous.

Une phrase résume bien ce premier tome "je suis ce que tout le monde a toujours pensé que j'étais". Postulat de départ intéressant et bien mené par l'auteur.

Zac me serre la main et ses yeux d’un impossible vert se posent longtemps sur moi. La préoccupation se lit sur son visage, l’amour . J’avais déjà observé ce regard, mais maintenant, il a un nom. Maintenant, je le sais.