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" Ce n'est pas la mort qui t'a frappée, Layken. C'est la vie. La vie est comme ça. Elle n'est pas facile. Elle est semée d'embûches. Tout le monde te le diras. "
Afficher en entier— Debout, Layken, m’ordonne-t-il.
Il me prend la main pour m’y forcer.
Un peu sonnée, j’ai du mal à reprendre mon souffle.
— C’est… C’est impossible ! (Il respire fort, lui aussi.) Je suis ton professeur, maintenant. Tout a changé. On ne peut pas faire ça.
Il choisit vraiment mal son moment. J’ai les jambes qui flageolent. Je me rassois sur le canapé.
— Je ne dirai rien, Will. Je te le promets.
Je ne veux pas qu’il regrette ce qui vient de se passer. L’espace d’un instant, j’ai eu l’impression d’être là où je devais être. Mais quelques secondes plus tard, me voilà aussi perdue qu’avant.
— Je suis désolé, Layken. Ce n’est pas bien, dit-il en faisant les cent pas. Ce n’est bon ni pour toi, ni pour moi. Surtout pas pour toi.
— Tu ne sais pas ce qui est bon pour moi, je rétorque.
Je suis de nouveau sur la défensive.
Il se fige et se tourne vers moi.
— Il est hors de question que tu m’attendes. Je ne te laisserai pas gâcher ce qui est censé être la plus belle année de ta vie. J’ai grandi trop vite. Je refuse que tu vives la même chose. Ce ne serait pas juste. Je ne veux pas que tu m’attendes, Layken.
Afficher en entier- Hier soir, murmure t-il, quand j'ai vu Javi t'embrasser... Sa voix se meurt et il reste silencieux un instant. J'ai cru que tu lui rendais son baiser.
[...]
-Oh.
Je ne peux rien dire d'autre.
-J'ai appris toute l'histoire seulement ce matin, quand tu as donné ta version des faits, poursuit-il sans me laisser passer.
Je reste dans le noir. Il se passe la main dans les cheveux en soupirant.
-Mon dieu, Lake. Si tu savais à quel point j'étais en colère! Je voulais lui faire mal. Et maintenant, maintenant que je sais qu'il t'a fait souffrir, j'ai envie de le tuer.
Afficher en entier- Tu te rappelles quand je t'ai annoncé que j'avais un cancer et que tu t'es précipitée chez Will ? (Sa voix s'adoucit. Elle évite mon regard en se raclant la gorge.) Il faut que tu saches ce qu'il m'a dit... à la porte.
Je me souviens de la conversation dont elle parle. Je n'avais pas réussi à l'entendre.
- Quand il a ouvert la porte, je lui ai dit qu'il fallait que tu rentres à la maison, qu'on devait en parler. Il m'a lancé un regard très triste. Il m'a dit : "Laissez-la rester ici, Julia. C'est de moi qu'elle a besoin".
Afficher en entierJe ressens tout de suite une douleur à l'épaule droite, et je comprends que j'ai atterri sur quelque chose de dur. En fouillant un peu, je mets la main sur un nain de jardin. La moitié de son chapeau rouge est tombée en morceaux. Il est train de me sourire. Je grogne et soulève le gnome avec mon autre bras, prête à le balancer au loin, mais quelqu'un m'en empêche.
- Si j'étais toi, je ne ferais pas ça !
Je reconnais tout de suite la voix de Will. C'est une voix agréable, apaisante, mais autoritaire en même temps, comme l'était celle de mon père. Je me redresse en position assise. Il est en train de remonter l'allée vers moi.
- Ça va ? me demande-t-il en riant.
- Je me sentirai beaucoup mieux quand j'aurai éclaté ce truc, dis-je en essayant de me relever sans succès.
- Tu ne devrais pas faire ça, les gnomes portent chance, m'explique-t-il en arrivant à côté de moi.
Il me prend le nain des mains et le pose avec soin sur l'herbe couverte de neige.
- Mouais, rétorqué-je en regardant la balafre sur mon bras et le cercle rouge qui s'étend sur la manche de mon pull. Quelle chance !
Will arrête de rire dès qu'il s'aperçoit que je saigne.
- Mon Dieu, excuse-moi. Je n'aurais jamais osé me moquer si j'avais su que tu étais blessée. (Il se penche, m'attrape par mon bras valide et m'aide à me lever.) Il faut que tu mettes un pansement là-dessus.
- Je ne sais même plus où chercher, répliqué-je en pensant à tous les cartons qu'il nous reste à déballer.
- Alors viens avec moi. J'en ai dans ma cuisine.
Il retire sa veste pour la poser sur mes épaules et, tout en me tenant le bras, il m'aide à traverser la rue. Je me sens pathétique d'être assistée ainsi. Je peux très bien marcher toute seule. Mais je ne me plains pas. J'ai l'impression de trahir le mouvement féministe. J'ai régressé à l'état de damoiselle en détresse.
Afficher en entier— « C’est un 4 juillet que tu es entrée dans ma vie. Le jour de l’indépendance. Tu avais quatorze ans. Tu as ouvert la porte à la volée et tu t’es dirigée tout droit vers le frigo en me disant que tu avais besoin de Sprite. Je n’avais pas de Sprite. Tu m’as assuré que ce n’était pas grave et tu as attrapé la bouteille de Dr Pepper à la place. Tu m’as terrorisé. J’ai expliqué à l’assistante sociale que je ne pouvais pas te garder. Je ne m’étais jamais occupé d’une adolescente. Elle m’a répondu qu’elle te trouverait une nouvelle maison dès le lendemain, mais que tu devais passer la nuit chez moi.
J’étais nerveux. Je ne savais pas quoi dire à une fille de quatorze ans. Je ne savais pas ce qu’elles aimaient, ce qu’elles regardaient à la télé. J’étais complètement perdu. Mais toi, tu as rendu les choses faciles. Parce que tu avais peur de me mettre mal à l’aise. Plus tard, cette nuit-là, il faisait sombre dehors et on a entendu un feu d’artifice. Tu m’as pris la main pour que je me lève du canapé et tu m’as emmené dehors. On s’est allongés dans l’herbe pour observer le ciel. Alors, tu n’as pas arrêté de parler. Tu m’as raconté ta vie dans ta famille précédente, puis celle d’avant, et celle d’avant. Pendant tout ce temps, je t’ai écoutée. J’ai écouté cette petite fille pleine de vie. Animée par une vie qui lui mettait tant de bâtons dans les roues. »
Eddie hoquette de surprise en apercevant Joel qui tient le bouquet de ballons, dans le restaurant. Il sort et vient se placer à côté de Gavin. Celui-ci poursuit sa lecture.
— « Je n’ai jamais pu te donner beaucoup. Je ne t’ai pas non plus inculqué grand-chose, à part comment te garer. Mais toi, tu m’as appris beaucoup plus que tu ne le sauras jamais. Et en cet anniversaire très spécial, celui de tes dixhuit ans, tu n’appartiens plus à l’État du Michigan. À partir de maintenant, légalement, tu ne m’appartiens plus non plus. Tu n’appartiens plus à tous ces gens que tu as connus dans ton passé. »
Joel se met à lire les noms à voix haute, tout en relâchant les ballons un à un. Eddie pleure pendant qu’on regarde les ballons disparaître dans l’obscurité. Il continue de les lâcher jusqu’à ce que les noms de ses vingt-neuf frères et soeurs et treize parents aient été énumérés. Il ne lui reste qu’un ballon dans les mains. Il y est écrit « Papa » en grandes lettres noires.
Gavin replie la lettre et fait un pas en arrière.
Joel s’approche d’Eddie.
— J’espère que tu accepteras ce cadeau pour ton anniversaire, dit-il en lui tendant le ballon.
Je veux être ton père, Eddie. Je veux être ta famille pour le reste de ta vie.
Eddie le prend dans ses bras et ils pleurent ensemble. On rentre à l’intérieur du restaurant pour leur laisser un peu d’intimité.
Afficher en entier— Qu’est-ce qui se passe ? demande Kel.
— Rien, je réponds. Vous pouvez retourner en cours. Elle voulait juste savoir où on avait acheté tout le matériel. Elle veut se déguiser en hémorroïde, l’année prochaine.
Afficher en entierLake:
"j'ai beaucoup appris cette année.
De tout le monde.
De mon petit frère... De Avette Brothers...
De ma mère, de ma meilleure amie, de mon professeur, de mon père,
Et
D'un
Garçon.
Un garçon dont je suis sérieusement, pronfonément, follement, incroyablement et indéniablement amoureuse.
J'ai vraiment beaucoup appris cette année.
D'un enfant de neuf ans.
Qui m'a appris que parfois on pouvait vivre sa vie à l'envers.
ET rire de choses, qui ne donnent pas envie de rire"
Afficher en entier- Qu'est-ce qui se passe ? demande Kel.
- Rien, je réponds. Vous pouvez retourner en cours. Elle voulait juste savoir où on avait acheté tout le matériel. Elle veut se déguiser en hémorroïde, l'année prochaine.
Afficher en entierJe continuerai d’avancer pour l’éternité
comme le monde qui tourne sous mes pieds
Quand je perdrai mon chemin, je lèverai la tête vers le ciel
Et quand la cape noire glissera sur le sol
Je serai prêt à me rendre, et je me souviendrai
Que c’est ce qui nous attend tous
Si je profite de la vie que l’on m’a donnée, je n’aurai pas peur de mourir.
THE AVETT BROTHERS, « Once And Future Carpenter »
http://lachroniquedespassions.blogspot.fr/
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