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En proie à l’insomnie, Cristo fixait intensément l’obscurité de la chambre, comme s’il allait pouvoir faire réapparaître Belle par la simple force de son esprit. Lorsqu’elle s’était enfermée dans la salle de bains, il était allé prendre une douche dans une autre pièce, histoire de donner à la jeune femme le temps de se calmer. Mais Belle était fidèle à elle-même : impulsive et obstinée. A son retour, elle avait pris la poudre d’escampette. Où était-elle ? Cela faisait maintenant deux heures qu’elle avait disparu.
Il laissa échapper un long soupir. Il avait fait une erreur stratégique, c’était certain.
Pourquoi lui avait-il parlé avec un tel manque de diplomatie ? Il ne savait comment interpréter son propre comportement. Sa femme venait de menacer de divorcer la nuit même de leurs noces et il devait ne pas oublier que leur mariage n’était qu’un arrangement contractuel. Il se sentait étrangement humilié. Belle lui rappelait soudain qu’il ne pourrait pas tout maîtriser — et même pire : elle l’avait déjà confronté à ses propres failles. En attendant, il ne parvenait pas à dormir et ressassait ses pensées noires avec mauvaise humeur. Il ne désirait qu’une chose : poursuivre l’exploration du corps somptueux de son épouse… Mais il n’avait pas l’intention de se plier en quatre pour ramener cette furie à la raison !
* * *
Belle frissonna dans la nuit. Elle s’était réfugiée sur l’une des terrasses les plus éloignées de la partie habitée du château et s’efforçait en vain de trouver une position confortable sur le banc de pierre où elle avait élu domicile. L’endroit était austère, mais elle n’avait pas trouvé de meilleure solution. Il était hors de question qu’elle retourne dans le château. D’ailleurs ces pièces immenses meublées d’antiquités et d’œuvres d’art la terrifiaient.
Oh ! Grand-mère, pourquoi ne t’ai-je pas écoutée ? se lamenta-t-elle.
Elle avait épousé un homme qui la méprisait. Pire encore, elle avait couché avec lui — trahissant tous ses principes. Elle avait offert ce qu’elle avait de plus précieux — sa virginité — à un être détestable. A un Ravelli ! Elle se mordit la paume de la main pour étouffer un sanglot. Des larmes roulèrent le long de ses joues, qu’elle n’essaya pas de retenir. Prisonnière d’un mariage sans amour et des promesses d’avenir radieux qu’elle avait faites à ses frères et sœurs, elle n’avait jamais été aussi seule.
Afficher en entierMalgré l’atmosphère feutrée qui régnait dans le bureau de Robert Ludlow, l’avocat de la famille, Cristo Ravelli eut le sentiment qu’une bombe venait d’exploser à ses oreilles. Abasourdi, il avait peine à reprendre ses esprits.
— Ecoutez, si c’est une plaisanterie, elle est de très mauvais goût, finit-il par dire d’un ton sec.
Robert Ludlow — associé principal du cabinet Ludlow et Ludlow — le fixa avec un air grave. Mais Cristo crut discerner une lueur d’amusement dans ses yeux. Son sang ne fit qu’un tour : il était connu pour son génie de la finance et pour son immense fortune — pas pour son sens de l’humour. Et il tenait à ce que son avocat ne se méprenne pas sur son compte : il n’avait rien d’un plaisantin et entendait qu’on le traite avec le même sérieux que celui qu’on accordait à son père, feu Gaetano Rivelli.
— Je crains pourtant que ce ne soit la stricte vérité : votre père a eu cinq enfants avec une femme en Irlande, répondit Robert sans ciller.
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