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Moi, c'est le présent.
Le passé ne m'attache pas.
L'avenir ne m'intéresse pas.
Je me fous de ce qui va m'arriver demain.
Quand tu grandis comme moi dans une situation de survie, le présent, c'est la seule chose qui compte.
Pas comment tu vas t'en sortir dans six mois, mais comment tu vas t'en sortir dans les minutes, dans les secondes mêmes qui viennent.
Tu n'as pas le choix que d'être au présent, et même quelques secondes avant le présent, tu dois l'anticiper.
C'est ce que cette situation de survie m'a apporté de plus beau, le présent.
Afficher en entierCe qui compte dans l'âme, c'est ce que tu en fais de ton vivant, abruti !
Je ne cherche pas à être un saint.
Je ne suis pas contre, mais un saint, c'est dur.
La vie d'un saint est chiante.
Je préfère être ce que je suis.
Un innocent.
Quelqu'un à qui les choses arrivent, qui laisse les choses lui arriver sans aucune préméditation.
Quelqu'un qui traverse la beauté des choses et qui est traversé par la beauté des choses.
Je suis quelqu'un qui se fie à la vie, aux autres, je ne suis pas quelqu'un qui se méfie.
C'est là, en général où tu te fais ratatiner la gueule mais ça ne fait rien.
L'innocent, il est comme le chien errant, il sent les gens, il s'approche toujours, et s'il prend un coup de pied, c'est pas grave, il se barre, il va voir plus loin.
Afficher en entierMaintenant je sais enfin vivre ma solitude. Je ne me sens plus jamais seul, je peux rester des journées entières avec mes livres, je suis très bien. Je lis doucement comme un paysan. Je ne fuis plus ce que je suis, je fais avec ma réalité.
J'ouvre mon esprit et là, je m'allège considérablement. Je reste dans le silence.
Il y a tout dans le silence. Comme il y a tout dans le présent.
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Les nouveaux mécènes manquent profondément de curiosité, de générosité, de culture. Après avoir gagné beaucoup d’argent en volant beaucoup d’âmes, ils ont perdu la leur et veulent s’en acheter une toute neuve. Ils ont les moyens, bien sûr, mais c’est pas avec du pognon qu’on peut s’acheter une âme. Ils ont beau s’offrir de prestigieuses maisons de vente, fabriquer artificiellement des artistes qui ne valent rien, le temps fera la part des choses. Vis-à-vis des artistes, les innocents n’ont jamais les mains pleines.
Afficher en entierFrançois Truffaut, avant de le connaître, je le prenais pour un petit-bourgeois. J’avais un peu de mal avec certains de ses films parce que je ne connaissais presque rien du cinéma. Puis j’ai vu L’Enfant sauvage, là, je me suis dit tiens…, et quand je l’ai rencontré, c’est devenu une évidence. Il était tout le contraire de ce que j’avais pu imaginer. C’était un vivant, un grand aventurier, avec des histoires d’amour folles, que Chabrol m’a confirmées plus tard. Il entourait ça d’une élégance et d’une vraie discrétion, mais dans le fond, il est toujours resté le gamin des rues qu’il avait été. Il ressentait intuitivement le monde, les choses et les gens, et cette vérité était dans son cinéma.
Maurice Pialat, c’était la même chose. On avait parfois du mal à l’entendre et à le comprendre, Maurice, comme tous les gens qui rayonnent, qui ont une immense générosité et une immense humanité. Il passait son temps à mettre en question l’honnêteté des gens qui font ce métier. Il était monstrueusement humain, Maurice. Donc il aimait monstrueusement. Et il provoquait monstrueusement aussi. Là, on est loin de la bienveillance.
Afficher en entierEncore faut-il que ces pays encouragent leurs cinéastes à s’exprimer, à témoigner de leur culture, de leur société.
C’est quelque chose d’essentiel, la vraie raison d’être de toutes ces images qui déferlent partout.
Mais pour que cela puisse continuer à exister, il faut vraiment se battre au sein même des cinématographies nationales pour donner de la place à ses propres cinéastes, les aimer plutôt que de se laisser envahir par les produits calibrés mondialisés.
Afficher en entierÀ Cannes, au MIP TV, j’ai rencontré les patrons de chaînes du monde entier, j’ai fait des deals avec eux, Le Comte de Monte-Cristo a été acheté un peu partout, aux États-Unis, sur les chaînes Bravo et ABC il a eu une audience record. J’ai eu plus de mal avec la BBC, qui ne voyait pas d’un très bon œil des Français arriver sur ce qu’ils considéraient comme leur terrain. J’ai fini par leur céder gratuitement les droits de diffusion de Monte-Cristo en leur faisant promettre de s’engager sur la production de Napoléon s’ils faisaient plus de vingt-cinq pour cent d’audience. Ils n’ont pas été très loyaux sur le coup, ils ont découpé chaque épisode en deux parties et les ont diffusées à dix-huit heures, l’heure la plus difficile. Malgré cela, ils ont fait quatre fois plus d’audience que d’habitude sur ce créneau. Ils ne l’ont jamais reconnu.
Afficher en entierLes projets auxquels ces chaînes donnent le feu vert aboutissent souvent à de très mauvais films, parce que les créateurs sont obligés de s’aligner, de respecter cette censure s’ils veulent travailler. Il y a de plus en plus de films de commande, donc de moins en moins de metteurs en scène et d’auteurs. Parce que sur un plateau, il faut un patron avec une vision, et quand c’est la télé qui décide, le patron, ce n’est plus le metteur en scène, c’est la télé. C’est la direction quand c’est une chaîne privée, le gouvernement quand c’est une chaîne publique.
Afficher en entierJe pense, par exemple, à Abderrahmane Sissako. Avec Timbuktu, il nous raconte simplement l’histoire d’un village aujourd’hui en Mauritanie. Il nous montre une vérité.
Même chose avec Jafar Panahi qui avec Taxi Téhéran nous apprend ce qu’est l’Iran aujourd’hui.
Pareil pour Jacques Audiard. Dheepan donne à voir le sort d’un migrant, quelques mois avant que le drame de ces réfugiés ne devienne un sujet brûlant.
C’est ce que font depuis toujours les grands auteurs de cinéma. Ils témoignent du monde. Avec simplicité, force, émotion et une immense lucidité.
Afficher en entierLes très grands acteurs sont tout ce qu’on veut sauf des gens bienveillants. Je ne crois même pas à la soi-disant sensibilité de l’acteur. Quand ils sont de vrais artistes, les acteurs sont sauvages, ils sont cruels, leur façon d’appréhender les choses est douloureuse et violente.
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