Extraits

-Franchement? Warner?

Je relève la tête.

-De quoi tu parles?

Kenji m'observe du coin de l'oeil en arquant un sourcil.

-Je sais bien que t'es pas idiote, alors évite d'agir comme si tu l'étais, s'il te plaît.

Je lève les yeux au ciel.

-J'ai vraiment pas envie de reparler de ça...

-Je m'en tape que t'en aies envie ou pas. Faut que tu en parles. Tu peux pas tomber amoureuse d'un mec comme Warner sans m'expliquer pourquoi. J'ai besoin de m'assurer qu'il ne t'a pas collé une puce électronique dans le cerveau, ou un truc du genre.

Je reste silencieuse pendant près d'une minute.

-Je ne suis pas amoureuse de Warner, dis-je posément.

-T'en es sûre?

-Puisque je te le dis. Je suis juste...Enfin, j'en sais rien.

Je sais pas ce qui m'arrive.

-On appelle ça les hormones.

Je lui lance un regard mauvais.

-Je ne rigole pas.

-Moi non plus, réplique-t-il en penchant la tête vers moi. Tout ça, c'est biologique. Scientifique. Peut-être que tes petites affaires de dame sont scientifiquement perturbées.

-Mes petites affaires de dame?

-Oh désolé, dit-il en prenant un air offusqué. Tu préfères que j'utilise la terminologie appropriée? Parce que tes petites affaires de dame ne me font pas peur...

-Ouais, non merci.

Mon petit rire se transforme tristement en soupir.

Bon sang, tout est en train de changer.

Je m'entends lui répondre:

-Warner est juste... tellement différent. Aucun rapport avec ce que vous pensez tous de lui. Il est doux. Gentil. Et son père est si horrible avec lui. Tu ne peux même pas t'imaginer. (Je songe alors aux cicatrices que j'ai vues sur le dos de Warner.) Et surtout...il croit vraiment en moi...je déclare en observant Kenji du coin de l'oeil. ça te paraît idiot?

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La porte d'entrée s'ouvre avec fracas.

-JULIETTE ! Juliette ...

Je virevolte.

Warner est là, le visage en feu, pantelant, et me regarde comme si j'était un fantôme. Je n'est pas le temps de prononcer un mot qu'il a déjà traversé la pièce et me prend la tête entre ses mains.

-Ça va ? Me demande-t-il en me scrutant. Qu'est-ce qui s'est passé? Tout va bien ?

Il est là.

il est là et je n'est qu'une envie, c'est de m'écrouler, mais je ne le fais pas.

pas question.

Je me débrouille pour articuler:

-Merci ... Merci d'être venu...

« L’e n f e r e s t v i d e,

E t t o u s l e s d é m o n s s o n t i c i

Mes baisers tracent leur chemin d’un mot à l’autre.

Ils éloignent les démons.

Ils éloignent la douleur. »

«— J’ai un peu de mal à m’y faire. Bon… En fait, t’étais drôlement plus bizarre avec Kent. Toujours à pleurnicher. Fallait que tu te donnes en spectacle. Et tu chialais tout le temps. Bon sang, j’arrive pas à savoir laquelle des deux est la pire.

– Tu trouves que moi je me donne en spectacle ? je m’écrie en écarquillant les yeux. Tu t’es vu, franchement ?

– Je ne me donne pas en spectacle, OK ? Ma présence exige une certaine attention…

Je ricane. »

Warner fait la grasse matinée.

Il ne s'est pas réveillé pour aller s'entraîner. Pour se doucher. Pour quoi que ce soit. Il reste allongé là, à plat ventre, les bras autour d'un oreiller.

Je suis réveillée depuis huit heures du matin et le regarde depuis deux heures.

D'habitude il se lève à cinq heures et demie. Parfois plus tôt.

[...]

J'effleure son dos de mes doigts, toujours troublée par le mot BRASIER tatoué sur sa peau et force mes yeux à voir autre chose dans ses cicatrices que les horribles traitements que son père lui a infligés tout au long de son existence. L'horrible vérité m'est insupportable.

Je me love contre lui, colle mon visage contre son dos, mes bras accrochés à lui. Je dépose un baiser sur sa peau. Je sens sa respiration. Régulière. Calme.

Warner remue a peine.

Je me redresse sur le lit.

Il roule lentement sur lui-même, encore a moitié endormi. Se frotte les paupières du dos de la main. Bats des cils plusieurs fois. Puis me voit.

Sourit.

Un sourire encore bouffi de sommeil.

[...]

- Approche, souffle-t-il en me tendant la main.

Je me glisse entre ses bras et m'y accroche, et il m'étreint fort contre lui. Plante un baiser sur ma tête. Murmure:

- Bonjour, mon amour.

- Ca me plaît, dis-je tranquillement en souriant, même s'il ne me voit pas. J'aime bien quand tu m'appelles mon amour.

« Je peux faire ce que je veux.

Etre avec qui je veux.

Et se sera mon choix. »

« Si il y avait la moindre chance que je puisse t'épargner cette peine, dit-il finalement, je l'aurais prise. Tu dois savoir que je n'aurais pas dit ça si ça n'était pas vrai. »

« Pourquoi t’aimes bien ce gosse de riche ?

J’inspire un grand coup. Me concentre sur l’étoile la plus étincelante du ciel.

– J’aime bien la manière dont je me sens quand je suis avec lui, je réponds d’une voix paisible. Warner me trouve forte, intelligente et compétente, et tient réellement compte de mon opinion. Il m’aide à me considérer comme son égale ; pour lui, je peux accomplir autant de choses que lui, sinon plus. Et si je fais un truc incroyable, ça ne le surprend même pas. Il s’y attend. Il me traite pas comme une petite fille fragile qui a tout le temps besoin d’être protégée.

Kenji se met à pouffer.

– C’est parce que t’es pas fragile. Au pire, c’est de toi que les gens ont plutôt besoin de se protéger. T’es une bête monstrueuse, en fait.

Puis il s’empresse d’ajouter :

– Enfin… une bête toute mignonne. Un petit monstre qui déchire tout, fracasse la terre et aspire l’énergie vitale des gens.

– Charmant.

– À ton service.

– Trop aimable. »

“I love you,” I tell him again. “I love you and I want you and I wanted you then,” I say to him, “I wanted you so much and I still want you, I want you right now—”

Stop.

Stop time.

Stop the world.

Stop everything for the moment he crosses the room and pulls me into his arms and pins me against the wall and I’m spinning and standing and not even breathing but I’m alive so alive so very very alive and he’s kissing me.

Deeply, desperately.

"Les paroles sont comme des graines, je pense, qu'on sème dans notre coeur à notre plus jeune âge.