Vous utilisez un bloqueur de publicité

Cher Lecteur,

Nous avons détecté que vous utilisez un bloqueur de publicités (AdBlock) pendant votre navigation sur notre site. Bien que nous comprenions les raisons qui peuvent vous pousser à utiliser ces outils, nous tenons à préciser que notre plateforme se finance principalement grâce à des publicités.

Ces publicités, soigneusement sélectionnées, sont principalement axées sur la littérature et l'art. Elles ne sont pas intrusives et peuvent même vous offrir des opportunités intéressantes dans ces domaines. En bloquant ces publicités, vous limitez nos ressources et risquez de manquer des offres pertinentes.

Afin de pouvoir continuer à naviguer et profiter de nos contenus, nous vous demandons de bien vouloir désactiver votre bloqueur de publicités pour notre site. Cela nous permettra de continuer à vous fournir un contenu de qualité et vous de rester connecté aux dernières nouvelles et tendances de la littérature et de l'art.

Pour continuer à accéder à notre contenu, veuillez désactiver votre bloqueur de publicités et cliquer sur le bouton ci-dessous pour recharger la page.

Recharger la page

Nous vous remercions pour votre compréhension et votre soutien.

Cordialement,

L'équipe BookNode

P.S : Si vous souhaitez profiter d'une navigation sans publicité, nous vous proposons notre option Premium. Avec cette offre, vous pourrez parcourir notre contenu de manière illimitée, sans aucune publicité. Pour découvrir plus sur notre offre Premium et prendre un abonnement, cliquez ici.

Livres
761 630
Membres
1 200 172

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode

Intuitions



Description ajoutée par Akisame 2013-04-29T13:38:11+02:00

Résumé

La famille Royer affiche prospérité et réussite. Des situations professionnelles enviables, un pavillon cossu, deux enfants superbes... Patrice et Nathalie semblent comblés. Mais sous les apparences, un malaise et des non-dits sommeillent...

Leur vie bien rangée explose quand ils reçoivent un SMS de leur fils aîné, Grégoire. Jeune diplômé à New York, il leur annonce son prochain mariage avec une certaine Gala. Guidée par son intuition, Nathalie décide de mener une enquête sur sa future belle-fille. Une enquête qui vire à l'obsession.

Afficher en entier

Classement en biblio - 43 lecteurs

extrait

Extrait ajouté par lamiss59283 2012-02-24T15:58:50+01:00

Première partie

La cuisine avait été refaite juste avant le passage à l’an 2000. Elle avait coûté 100 000 francs, ce qui, à l’époque, était une somme, mais les Royer avaient les moyens. Sans pour autant posséder cette immense fortune dont quelques-uns sont dotés à la naissance, Nathalie Royer détenait un joli patrimoine familial qu’ils avaient fait fructifier sans jamais avoir eu besoin de toucher au capital. Les revenus du couple étant par ailleurs confortables, les Royer n’avaient donc pas hésité à s’équiper, de même qu’ils avaient entièrement repeint leur maison, de cette cuisine Mobalpa dans laquelle se déroule la première scène du roman. Le décor est assez traditionnel, le couple ayant opté pour un classicisme à l’italienne, mais la pièce est conviviale. C’est ici qu’ils prennent leurs petits déjeuners.

Si l’on effectue un zoom arrière, on constate qu’un salon et une salle à manger attenante sont également situés au rez-de-chaussée de cette maison de maître qui date de la fin du XIXe siècle. Les meubles sont essentiellement d’époque Louis XV, commode en marqueterie de fleurs, petites tables en chiffonnière dans les coins et pendule rocaille sur le manteau de cheminée. Cependant, hormis deux sièges et deux bergères sculptées, les Royer ont choisi des canapés en cuir de chez Roche Bobois, plus contemporains et plus pratiques pour recevoir. À l’arrière, l’ancienne lingerie a été réaménagée en un confortable bureau d’une douzaine de mètres carrés. Le premier étage dessert trois chambres, dont deux possèdent leur propre salle de bains. Légèrement en retrait du palier, un petit escalier mène à une autre porte, probablement une quatrième chambre. Mais elle est toujours fermée à clef et il semble que personne n’y aille jamais.

Sur Google Earth, on voit que la maison est située dans le triangle d’or d’une ville résidentielle et huppée des Yvelines, voisine de Saint-Germain-en-Laye mais cependant beaucoup plus petite. La plupart des habitants se connaissent, et souvent d’une génération à l’autre. Car quand on est natif de Bois-Joli, à moins d’un problème grave, on y reste toute sa vie.

Dans cette agglomération, le mandat du maire UMP est reconduit sans heurt depuis une vingtaine d’années, il en a été de même de son prédécesseur RPR, et le taux de fréquentation de l’église est nettement supérieur à la moyenne nationale. Bien que d’esprit très français, Bois-Joli s’est développé en s’inspirant du modèle sociétal anglo-saxon. L’efficacité de ses œuvres de charité et la variété de ses clubs privés en témoignent. Lorsque, au milieu des années 1980, des entreprises européennes et américaines de technologies de pointe ont investi la région, un lycée international a été implanté dans la commune voisine. Depuis, le nombre d’expatriés n’a cessé de croître.

Ce 15 septembre 2008, Nathalie s’est levée d’humeur fragile. Elle aurait préféré rester dans son lit. Ce n’est pas tant le froid, car la température de septembre est encore douce, qui la met dans cet état, mais la bruine persistante lui donne le cafard. Ainsi qu’une ou deux autres choses auxquelles elle essaie de ne pas penser.

Le premier geste de Nathalie en se réveillant est de mettre la cafetière en marche. Puis, pendant que le café filtre lentement, elle passe à la salle de bains. Une fois qu’elle a uriné, elle vérifie sa toison, à la recherche d’un poil grisonnant. Cet examen est parfaitement inutile car Nathalie est blonde et n’a que très peu de cheveux blancs. Mais cette nouvelle manie est due au fait qu’elle approche des cinquante ans, et bien qu’elle n’ait jamais imaginé avoir un jour la vanité de cacher son âge, elle ne l’assume pas. Nathalie trouve que c’est un passage délicat pour une femme, d’autant qu’il s’accompagne de désagréments comme les bouffées de chaleur et les insomnies qui la rendent vulnérable et irascible. Le plus affligeant dans tout ça, pense-t-elle en se lavant les mains, c’est l’altération du désir. Pas tant sur le plan sexuel, car depuis que Patrice ne la sollicitait plus, elle se découvrait au contraire des appétences parfaitement incongrues et qu’elle ne soupçonnait pas. En réalité, ce qui rend Nathalie nostalgique, c’est la perte d’envie. Avant, elle éprouvait, du plaisir à manger un gâteau, à acheter une nouvelle paire de chaussures, à organiser son week-end annuel dans une capitale européenne. Aujourd’hui, elle ne ressent plus rien. Personne dans son entourage ne s’en aperçoit, pas plus Patrice qu’Amélie ou l’une ou l’autre de ses amies. Car Nathalie continue de s’habiller avec soin et se maquille tous les matins. Elle a déjà planifié un voyage à Londres pour le printemps prochain. Elle suit l’actualité, a des idées et les exprime, même si Patrice la contredit systématiquement, et reçoit des gens à dîner. Si rien ne transparaît de son vague à l’âme, c’est parce que Nathalie a toujours voulu sauver les apparences. C’est important pour elle, le qu’en-dira-t-on. Heureusement, son travail lui permet de garder la tête hors de l’eau. Nathalie possède une agence immobilière qui lui fait temporairement oublier que sa vie, tout comme son horloge biologique, est cruellement en train de se détraquer.

Lorsqu’elle pénètre dans la cuisine, Patrice est déjà là. Il s’est servi sa première tasse avant que l’eau ne se soit entièrement écoulée, ce qui a toujours eu le don d’agacer Nathalie. Mais plutôt que de lui en faire la remarque, elle s’assoit en face de lui.

— Tu as bien dormi ? lui demande Patrice en beurrant un toast.

Nathalie avait eu un sommeil agité et s’était réveillée plusieurs fois dans la nuit, ce que Patrice aurait dû savoir s’il faisait plus attention à elle. Elle attend donc qu’il lui dise quelque chose, un mot, n’importe lequel, ou bien qu’une inflexion différente, plus tendre peut-être, lui fasse sentir qu’il est là, avec elle, mais il n’ajoute rien. Il a posé la question comme ça, machinalement, comme le font entre eux les gens bien élevés. Ce qu’ils sont, indiscutablement.

— Il faudrait que tu achètes du beurre. Et du lait. Il n’y en a presque plus.

Nathalie ne répond pas, se lève et allume la radio. La banque d’investissement Lehman Brothers vient d’être déclarée en faillite.

— C’est une catastrophe ! s’écrie Nathalie en augmentant le volume. Tu te rends compte ? Et si notre banque aussi faisait faillite ?

— Ne sois pas ridicule !

— Mais qu’est-ce qu’on peut faire ?

— Qu’est-ce que tu veux faire ? Retirer ton argent et le cacher sous les lames du parquet, comme tes parents en 68 ?

Il ouvre son journal, visiblement agacé, puis le referme brutalement avant d’ajouter :

— J’espère que la populace ne va pas réagir comme toi, sinon l’économie française ira droit à la catastrophe !

Nathalie cherche du regard ses céréales mais Patrice a laissé la boîte dans le placard. Elle n’a pas envie de se lever de nouveau. Elle prend un toast chaud dans la panière et croque dans le pain sec. Puis elle se sert un bol de café fumant. Son estomac est noué.

— Tu es au courant que l’immeuble du boulevard des Sablières est à vendre ? reprend Patrice pour changer de sujet. Axa démantèle en appartements. Tu pourrais te mettre sur les rangs... Il y a déjà plusieurs agences...

— Ce n’est pas mon créneau.

Au loin, ils entendent une porte claquer. Puis une seconde, suivie d’une cavalcade dans l’escalier. Une masse vêtue de noir pénètre dans la cuisine, jette négligemment un sac sur le sol et ouvre le réfrigérateur. Parfois, Nathalie a l’impression que sa fille est un Shadok, un de ces petits personnages qui faisaient un tabac à la télévision dans les années 1970.

— Bonjour Amélie ! dit Nathalie en élevant la voix.

Elle ne supporte pas l’incivilité de sa fille.

— Y a plus rien à manger ici !

— J’aimerais que tu dises bonjour le matin !

Nathalie a pris ce ton glacial qu’elle affectionne depuis toujours.

— C’est trop te demander ?

— Salut salut...

— Par ailleurs, si tu as des doléances sur l’approvisionnement de la maison, le supermarché est à 300 mètres.

— C’est pas ça, mais le matin je bois du Danao ! C’est quand même pas difficile à piger !

— Arrête de te plaindre ! Et coiffe-toi. Tu fais négligée.

Amélie a claqué la porte d’entrée et Patrice s’est éclipsé. Nathalie entend le scooter démarrer et l’eau de la douche s’écouler. Elle regarde ses ongles puis prend un bloc dans lequel elle note les tâches de la journée. Ils reçoivent à dîner et Nathalie ne veut rien oublier. Lorsque Patrice est sur le point de partir, elle le rejoint dans l’entrée.

— À ce soir ! dit-il en l’embrassant sur le front.

Il ajuste sa cravate, prend son attaché-case et sort en laissant derrière lui le sillage boisé de son eau de toilette. Habituellement, à cette heure, Nathalie est également sur le point de sortir, mais pas aujourd’hui. Car aujourd’hui est un jour différent. Une date à propos de laquelle elle aurait aimé que Patrice dise quelque chose.

Elle prend le calendrier 2008 de l’Association familiale catholique de Bois-Joli coincé derrière le radiateur et examine la page du 15 septembre. Saint Notre-Dame-des- Douleurs. Nathalie lit à haute voix la citation de saint Anselme. Votre peine, Vierge sacrée, a été la plus grande qu’une pure créature ait jamais endurée ; car toutes les cruautés que nous lisons que l’on a fait subir aux martyrs ont été légères et comme rien en comparaison de votre douleur. Elle a été si grande et si immense qu’elle a crucifié toutes vos entrailles et a pénétré jusque dans les plus secrets replis de votre cœur. Pour moi, ma très pieuse Maîtresse, je suis persuadé que vous n’auriez jamais pu en souffrir la violence sans mourir, si l’esprit de vie de votre aimable Fils...

La voix de Nathalie se casse. Elle reprend.

Si l’esprit de votre aimable Fils pour lequel vous souffriez de si grands tourments ne vous avait soutenue et fortifiée par sa puissance infinie.

Les pieds de Nathalie effleurent le carrelage à damier et montent l’escalier. Dix-neuf ans ! Comment Patrice avait-il pu oublier cette date ! Son cœur se décroche sous l’effet de la colère. Elle entre dans sa chambre, prend dans le tiroir de sa commode un minuscule objet, qu’elle tient dans son poing serré, et s’assoit sur le bord du lit, les bras repliés, l’esprit ailleurs. Enfin, elle resserre les pans de sa robe de chambre et ramasse ses cheveux en un chignon serré. Puis elle ouvre le placard du palier et prend un balai, un chiffon doux et un spray dépoussiérant. Elle gravit ensuite la dizaine de marches supplémentaires qui mène à la chambre bleue et introduit la clef dans la serrure.

Patrice monte dans sa 607 en pensant que ce sera peut-être la dernière berline haut de gamme produite par Peugeot. Pourtant, il ne se résout pas à acheter allemand ou japonais l’année prochaine. Les Royer sont, de père en fils, fidèles aux marques françaises et l’histoire montre qu’ils ont eu raison. À présent, Patrice lutte à son petit niveau contre l’hégémonie chinoise et refuse cette hypermondialisation qui s’est développée au détriment des plus beaux fleurons français. Il ne sait pas si ses idées s’apparentent à un protectionnisme d’extrême droite ou si elles sont plus proches d’un système de pensée gauchiste, mais cela lui est égal. Il ne se reconnaît aucunement dans les extrêmes, de toute façon, même s’il se situe à droite de la majorité, qu’il considère trop centriste.

Il allume Europe 1 et sourit en entendant la voix de l’humoriste. En roulant à une vitesse raisonnable jusqu’à son cabinet, il pourra entendre l’intégralité de la revue de presse de Nicolas Canteloup. Patrice Royer est avocat. Spécialiste du droit de la famille. 80 % de ses affaires concernent des divorces. Sa clientèle est en partie constituée d’hommes qui pensent que, par solidarité masculine, il défendra mieux leurs intérêts. Ce qui est une absurdité.

Soudain, Patrice jure en freinant. Il réalise qu’il a oublié chez lui un dossier sur lequel il a travaillé la veille. Il met son clignotant à gauche puis refait le chemin inverse en appuyant sur le champignon.

Afficher en entier

Ajoutez votre commentaire

Ajoutez votre commentaire

Commentaires récents

Commentaire ajouté par marmotte-s 2015-03-02T08:53:04+01:00
Lu aussi

Pour moi la lecture a été un peu perturbant car le livre a été écrit avec plusieurs narrateurs et on a du mal à s'y retrouver. Une histoire qui se lit d'une traite malgré un début un peu long. Beaucoup de suspens fait qu'on a envie de connaître la fin du livre.

Afficher en entier
Commentaire ajouté par poucelimag 2014-06-13T18:41:05+02:00
Bronze

J'ai bien aimé, le début était très long et après la moitié, ça commence à s'activer un peu, on a envie de savoir la suite. Je l'ai lu rapidement (petit livre) mais cela suffisait bien. déçue quand même un peu.

Afficher en entier
Commentaire ajouté par juju189 2014-06-01T10:57:39+02:00
Or

J'ai dévoré ce livre en une seule soirée... J'ai complètement plongé dans la vie de cette petite famille bourgeoise et apparemment sans histoire. J'ai beaucoup apprécié de rentrer dans les pensées de chacun des narrateurs (car on passe par tous les membres de la famille qui évoquent leur propre sentiment sur la même scène).

J'ai vraiment beaucoup aimé: le livre se lit vite et, chose très sympa, on va à l'essentiel jusqu'à la fin... pas banale!

Afficher en entier
Commentaire ajouté par CindyH 2013-10-30T22:47:44+01:00
Or

J'ai adoré ce livre. J'ai réussi facilement à me glisser dans l'histoire, et les changements de narrateurs ne m'ont absolument pas dérangé. Histoire complexe et jusqu'au bout du livre on nage en plein suspense!

Afficher en entier
Commentaire ajouté par nf23 2012-09-26T12:38:53+02:00
Lu aussi

J'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire, jusqu'à la moitié du livre, car beaucoup de blabla, de changement de narrateur, ... Et puis Nathalie commence son enquête sur Gala, et là, ça démarre, on est à fond dedans! Du suspens, on a toujours envie d'en savoir plus, on ne lache plus le livre. Je conseille!

Afficher en entier

Date de sortie

Intuitions

  • France : 2013-05-02 - Poche (Français)

Activité récente

Caspia l'ajoute dans sa biblio or
2024-10-20T17:03:44+02:00

Évaluations

Les chiffres

lecteurs 43
Commentaires 5
extraits 1
Evaluations 7
Note globale 7.14 / 10