Extraits

"Le plus beau jour de ma vie.Ce matin,je me suis levée.J'ai pris mon petit-déjeuner .Je suis partie à l'école. Ça me fait toujours autant peur , j'avais toujours autant envie de me casser ailleurs. Personne ne s'occupait de moi je préférais. Ça me gonflait de traîner toute la journée au milieu de ces imbéciles. Hier c'était pareil, mais hier c'est passé et demain ne viendra peut-être jamais.Il n'y a qu'aujourd'hui qui compte.Alors c'est le plus beau et le plus nul jour de ma vie.En fait,il est nul." extrait de la page 34

Je considérais un instant le joint entre mes doigts, la fumée bleue qui en sortait à l'autre bout; c'était juste de la dope, rien de bien méchant. Soudain, je pensais à ma mère,l'angle de sa tête lorsque je l'avais trouvée sur son lit. Etait-ce ainsi que tout avait commencé pour elle? Un stick sans danger? Pas question que je me laisse embarquer la-dedans. Je le rendis à Spider.

-Qu'est-ce qu'il y a? me demanda-t-il.

-Rien. Il fait chaud ici... je voudrais boire quelque chose.

-Enlève déjà ta capuche, Jem, tu vas te liquéfier.

Il avait raison, je sentais la sueur me couler du front. Tout en essayant de ne cogner personne du coude, je la repoussait sur mes épaules. Bien entendu, j'avais oublié le couteau, qui tomba par terre. Je retins mon souffle, en me demandant ce qui allait se passer. Plusieurs personnes le remarquèrent... et ça les fit rire.

- Je croyais t'avoir demandé de ne plus rien me dire de gentil.

- Ah oui, c'est vrai ! J'ai promis. Mais cette fois, ça compte pas.

- Pourquoi ? une promesse est une promesse.

- Ouais, Spoiler(cliquez pour révéler)mais c'était avant que je tombe amoureux de toi.

- Je veillerais toujours sur toi, déclara-t-il.

Ses paroles m'allèrent droit au coeur et j'en fus toute retournée. En même temps mes yeux commençaient à me piquer. Il n'y aurait pas de “ toujours “ pour ce garçon. Je détournai la tête pour qu'il ne voie pas mes larmes.

Il se prenait au jeu, se passait les mains dans les cheveux, levait le visage comme moi, fermant les yeux, laissant échapper un soupir de joie. Avec de grands gestes souples, il étalait l'eau sur son corps. Soudain, l'évidence me frappa : il était beau gosse.

Il commençait à se passer de drôles de trucs entre Spider et moi. Pour la première fois de ma vie, je ne faisais pas qu'observer les choses, je m'impliquais. Je commençais à espérer que son numéro était faux, que tout ça ne produisait que dans ma tête, que ce n'était pas la réalité.

Il paraît que l'espérance de vie augmente , je veux bien, mais ça ne semble pas s'appliquer aux ados du côté de chez moi. La plupart ne dépasseraient par quarante, cinquante ans et pas mal n'y parviendraient même pas. Sans doute de futures victimes de notre mode de vie ; voitures, alcool, drogue, désespoir. J'aurais préféré ne pas le savoir mais je n'y pouvais rien.

" Depuis toujours, je vois les numéros. Je croyais qu'on était tous logés à la même enseigne. Dans la rue, il suffisait que je croise le regard de quelqu'un pour voir apparaître son numéro. Je les énonçais à ma mère alors qu'elle me baladait dans ma poussette. Je croyais que ça lui faisait plaisir, qu'elle me trouvait intelligente. Tu parles. "

Vous avez vu le film "le patient anglais" ? Plutôt barbant si vous voulez mon avis. Karen me l'avait passé, une fois, chez elle. Ça durait des heures et elle n'arrêtait pas de pleurer. L'une des héroïnes se coupe les cheveux, y passe les doigts et se retrouve coiffée comme une star. Comme moi. Sauf que moi j'avais l'air d'une abrutie. Du coup, en voyant tous mes crins par terre, j'eus un haut-le-coeur. Ça ne se recollait pas, ces machins là ?

[...]Comment avait-on pu faire ça? Le jetai ainsi aux quatre vents? J'avais besoin de lui pres de moi.

- Reviens! criais-je à la mer.

- Reviens, ne me laisse pas!