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Extrait ajouté par Whale 2012-10-10T17:59:12+02:00

Cher Ed,

Dans un instant tu vas entendre un bang. À ta porte de devant, celle où personne ne passe. Et ça la fera un peu trembler, parce que c'est du lourd, ce que je vais y déposer. Un petit clingueding en plus du bang, et Joan va lever les yeux de sa casserole. Elle jettera un coup d'oeil à ce qu'elle touille, bien embêtée, parce que si elle va ouvrir ça risque de passer par-dessus. Je vois d'ici son reflet se renfrogner sur sa sauce ou sur le truc qu'elle cuisine. Mais elle ira voir. Elle ira et verra. Pas toi qui iras, Ed, pas de danger. Toi, tu es dans ta chambre, je parie, tout seul et en sueur. Tu devrais prendre ta douche, mais tu es là sur ton lit, le coeur brisé, je l'espère bien, et donc c'est ta soeur qui va aller ouvrir, alors qu'il est pour toi, le bang. Tu ne l'entendras même pas, si ça se trouve, tu ne sauras même pas ce qui vient d'être balancé à ta porte. Tu ne comprendras même pas pourquoi c'est arrivé.

Aujourd'hui, grand beau temps, ciel bleu, soleil, tout ça. Le genre de jour où on se dit que tout devrait être parfait, idéal, etc. Pas le jour rêvé pour ce que je fais là, pas pour toi et moi, sortis ensemble sous la pluie du 5 octobre au 12 novembre. Mais voilà, on est en décembre, le ciel est limpide, et dans ma tête il fait très clair. Je vais te dire pourquoi on s'est quittés, Ed. Pourquoi nous deux, c'est fini. Je vais te l'écrire dans cette lettre, te dire toute la vérité. Et la vérité, Ed, merde quoi, c'est que moi je t'aimais, et pas qu'un peu.

Le bang, Ed, c'est ce carton. Je te le lègue. Je l'avais remonté du sous-sol pour y fourrer nos trucs, parce que ça faisait trop pour mon pauvre tiroir. En plus, j'avais peur que Mom tombe dessus ; pour fouiner dans mes affaires, elle est championne. Donc, tout est allé dans le carton, et le carton au fond de mon placard, sous des chaussures que je ne mets jamais. Tous les petits souvenirs de cette histoire qui a été nôtre, les restes de nos semaines ensemble, comme les confettis dans le caniveau après le carnaval, comme les paillettes repoussées du pied sur le trottoir. Tout ce qui est là-dedans, Ed, je te le refourgue. Tout ce qui a été toi et moi. Retour à l'envoyeur. Je largue ce carton sur ton paillasson, Ed, mais en réalité c'est toi que je largue.

Le bang, je le sais d'avance, m'arrachera un sourire, chose rare ces derniers temps. Ces derniers temps, j'ai plutôt ressemblé à Aimée Rondelé dans Le ciel aussi pleure, un film français, que tu n'as pas vu. Elle y joue une créatrice de mode, une tueuse, qui sourit deux fois dans tout le film.

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Extrait ajouté par Globule54 2013-03-07T21:30:08+01:00

Voici le lien d'un extrait du livre :

http://www.nathan.fr/feuilletage/default.asp?isbn=9782092540909

Bonne lecture !

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