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Extrait ajouté par Casca 2017-08-01T15:37:58+02:00

Au fond, l’occultation des travaux importants de l’homme noir s’apparente à une forme de « violence symbolique » selon l’ expression de Pierre Bourdieu. Elle tient en échec ses désirs ou ses tentatives d’identification à des modèles légitimes et tend à annihiler sa propre estime et sa confiance en lui-même. Mais il faut préciser qu’aujourd’hui, le concept de « race », en filigrane dans nos propos, est dépourvu de base scientifique. Cette affirmation repose sur les témoignages d’éminents spécialistes. Albert Jacquard a écrit : « Il se révèle impossible de classer les différentes populations humaines en races, à moins de décider arbitrairement leurs affectations, ce qui prive la conclusion de tout lien avec la réalité. Selon le niveau de précision que l’on cherche à respecter, on peut finalement énoncer soit qu’il n’y a pas de races dans notre espèce, soit qu’il n’y en a qu’une : l’humanité, soit qu’il y en a autant que d’humains, soit que « le concept de race n’est pas opérationnel pour notre espèce 6. » Les progrès les plus récents de la génétique ont amené Arnold Munnich, professeur à l’université René Descartes-Paris V, à formuler des observations : « La carte des gènes est la même chez tous les hommes d’hier et d’aujourd’hui, quelles que soient leur ethnie, religion, couleur de peau, d’yeux ou de cheveux. Le décryptage du génome prive les idéologies racistes de tout fondement scientifique 7. » Dans une brochure parue en 1978, l’UNESCO a regroupé des rapports d’experts de différentes nationalités sous le titre général, Déclaration sur la race et les préjugés raciaux. Nous en avons relevé quelques éléments qui nous ont semblé très percutants : « Il n’existe pas chez l’homme de race pure, au sens de population génétiquement homogène 8. » « Tous les hommes qui vivent de nos jours appartiennent à la même espèce humaine et descendent de la même souche. La division de l’espèce humaine en « races » est en partie conventionnelle ou arbitraire, et elle n’implique aucune hiérarchie de quelque ordre que ce soit 9 ». La plupart des idées exprimées dans le texte de l’UNESCO se trouvaient dans l’ouvrage monumental d’Anténor Firmin (1850-1911) : De l’égalité des races humaines (Paris, Pichon, 1885, 662 p.). Nous saluons cette œuvre pour ses rares qualités. Elle témoigne de l’étincelante et immense érudition de son auteur dont la démarche touche aux disciplines les plus variées de la connaissance : histoire, médecine, anthropologie, sociologie, linguistique, géographie, etc. En se référant à Blumenbach, Humboldt, Hérodote, Schoelcher entre autres, Firmin sape les systèmes de compartimentage, de hiérarchisation des « races » humaines et conclut par l’idée de la perfectibilité de celles-ci. « De l’égalité des races humaines est, d’après GhislaineGéloin, un document exceptionnel, d’une impeccable rigueur, en avance sur ses contemporains 10. » La thèse défendue par Firmin allait à contre-courant de la pensée des plus grands savants de l’époque comme Paul Broca, éminent chirurgien français qui a découvert le centre phonatoire au pied de la troisième circonvolution frontale gauche, appelée, depuis lors, circonvolution de Broca. On peut imaginer ce qu’il a fallu de courage à Firmin pour s’opposer au discours dominant à la Société d’anthropologie de Paris dont il était membre. Les explications qu’il propose au sujet de l’égarement de penseurs tels Renan, Spencer, Kant, Quatrefages, sont d’une justesse étonnante.

De même, on peut signaler dans la conclusion de son livre des remarques extrêmement pertinentes : « En y réfléchissant, peut-être bien des savants européens, convaincus jusqu’ici de la supériorité de leur sang, seront-ils surpris de constater qu’ils ont été le jouet d’une méchante illusion. La situation actuelle des choses, les mythes et les légendes dont on a bercé leur enfance et qui ont présidé à la première éclosion de leur pensée, les traditions dont leur intelligence a été continuellement nourrie, tout les entraînait invinciblement à une doctrine, à une croyance que les apparences semblent si bien justifier 11. » Humaniste visionnaire, défenseur du métissage, Anténor Firmin a finalement récusé leconcept même de race que nous continuons encore à n’employer que par commodité de langage. De l’œuvre de Firmin, Mongo Beti et Odile Tobner disaient :« En bonne logique, on n’a pas à réfuter une pétition de principe ; il suffit de la citer pour la détruire. C’est ce que fait méthodiquement Anténor Firmin ; et son livre a, pour la philosophie des XVIIIe et XIXe siècles européens, toute la cruauté des Provinciales de Pascal pour la morale jésuite, c’est-à-dire la pure et simple cruauté de leur propre expression, exposée au rire subversif de la raison 12. » Qualifié par Beti et Tobner de « génie méconnu »

et de « premier penseur de la condition faite à l’homme noir »,

Anténor Firmin s’évertuait à démystifier et à informer.

Inventeurs et savants noirs se veut également un outil d’information et est appelé à être enrichi par le lecteur. La raison en est que nos choix n’ont pas échappé à l’arbitraire. En d’autres mots, nous n’avons pu retenir tous les scientifiques noirs de haut niveau dont plusieurs travaillent pour des laboratoires européens. Certains ont exercé dans des entreprises ou centres de recherche américains très renommés. Mentionnons, à titre d’exemple, le Dr Evelyn Boyd Granville (née en 1924), le Dr Mae Jemison (née en 1956) qui étaient respectivement au service d’IBM et de la NASA. Contribuer à la vulgarisation, dans les milieux francophones, de l’apport d’inventeurs et de savants de race noire à la civilisation universelle, tel est notre projet. Les écrivains haïtiens Jean F.Brierre et René Piquion ont publié en 1950 un opuscule intitulé Marian Anderson en hommage à cette sublime cantatrice. En écrivant cet ouvrage, nous avons voulu à la fois perpétuer la mémoire de quelques inventeurs et scientifiques, rétablir une certaine vérité et rendre une certaine justice. Dans la mesure où ce travail aura réussi à miner tant soit peu ce qui reste de préjugés dans nos sociétés où, hélas, le racisme est encore vivant, nous nous estimerons satisfait.

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Extrait ajouté par Casca 2017-08-01T15:32:17+02:00

Non informé de l’apport scientifique et technique des Noirs à

l’humanité, Aimé Césaire, dans sa célèbre et magnifique plaquette, Cahier d’un retour au pays natal, a écrit :

Eia pour eux qui n’ont jamais rien inventé

pour ceux qui n’ont jamais rien exploré

pour ceux qui n’ont jamais rien dompté 1 .

Sans remonter aux anciennes cultures africaines 2 vieilles de plusieurs centaines d’années, on peut affirmer que la contribution du monde noir à la science et à la technique modernes mérite d’être soulignée. S’il existe de nombreuses publications en anglais consacrées à ce sujet, force est de constater qu’en français, très peu de travaux ont été accomplis, mettant en valeur la diversité du génie des créateurs noirs. Parmi les ouvrages les plus intéressants, signalons le Dictionnaire de la négritude (1989) de Mongo Beti et d’Odile Tobner, le Dictionnaire Black (1995) de Christiane Passevant et de Larry Portis. Ces livres très généraux ne posent pas l’accent sur les savants. Néanmoins, nous avons été nous-même agréablement surpris d’apprendre que des Noirs ont effectué des découvertes scientifiques et des inventions techniques.

Car de pareilles réalisations n’auraient pas été possibles en dehors d’un contexte socioculturel humainement favorable et doté d’infrastructures appropriées. À cet égard, les propos de Guy Sorman prennent tout leur sens : « Au total, la variété infinie de l’espèce humaine n’interdit à aucun peuple ou sexe particulier d’accéder aux plus hautes sphères de la connaissance, à condition peut-être qu’un nombre suffisant, à l’intérieur de ces peuples ou de ces sexes, reçoive les moyens de se former, puis de travailler 3 ». Le mathématicien français René Thom est plus incisif. « La science, dit-il, n’est jamais hors de la société, au contraire, elle est toujours un fait socio-politique 4 ». Dans cette perspective, on comprend aisément que le nombre de savants noirs aux États-Unis par exemple soit restreint et que ces derniers soient presque inconnus du grand public. Plus d’un facteur explique ce phénomène. D’une part, la communauté scientifique a toujours projeté l’image d’un univers clos, inaccessible ; d’autre part, les secteurs d’activités comme la danse, la musique, la politique, le sport, etc., se prêtent mieux, semble-t-il, aux puissants moyens actuels de communication de masse. En effet, qui n’a jamais entendu parler de Muhammad Ali (Cassius Clay), de Harry Belafonte, de Nelson Mandela, de Pelé ? Mais sait-on que ce fut le Noir américain Garrett A. Morgan qui inventa les feux de circulation automobile ? Quoi qu’il en soit, les médias, souvent obnubilés par des préoccupations mercantiles, ont une bonne part de responsabilité dans la distance qui sépare les hommes et les femmes de science du public en général. Un rapport pénétrant de l’UNESCO a attiré l’attention sur leur rôle et leur toute-puissance : « Dans le domaine de la communication, le secteur privé est investi, en ce qui concerne l’établissement des modèles sociaux et l’orientation des attitudes publiques et du comportement, d’un pouvoir comparable à celui des gouvernements, parfois même encore plus grand du fait de l’importance des ressources financières en jeu ». En fin de compte, respectueux de l’idéologie dominante dans les sociétés occidentales et notamment aux États-Unis, les médias manifestent peu d’intérêt à montrer le

Noir sous un nouvel éclairage.

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