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Une tragédie rafraîchissante.
J'emploie l'adjectif "rafraîchissant" parce qu'Iphigénie apporte, je trouve, un certain changement dans le paysage des tragédies que j'ai lues.
Déjà, l'intrigue. On est loin de la version la plus répandue du mythe repris par Racine. Les auteurs qu'il cite dans sa préface pour justifier la version qu'il tragédise sont, pour ma part, de parfaits inconnus. Pas que je sois un expert de la littérature grecque (ni romaine) mais je connais au moins des noms et ceux-là n'étaient jamais parvenus jusqu'à mes yeux. Pour en revenir au propos, j'ai été agréablement surpris par cette autre version du mythe — bien entendu adapté au genre et au public parisien du XVIIème siècle.
Ensuite, les personnages. Iphigénie est magistrale parce qu'elle est peut-être — probablement, même — le premier personnage de tragédie que je rencontre qui accepte son sort inéluctable, son destin inexorable, le fatum, tout simplement. Et parce qu'elle accepte son sort, sa condamnation, elle est profondément touchante, profondément humaine — là où tous, autour d'elle, tentent de l'éloigner de l'issue de ce destin. Cette dignité, là où tous les autres s'avilissent, cette majesté, là où tous les autres s'abaissent, cette retenue, là où tous les autres s'agitent, gesticulent, s'égosillent, cette acceptation stoïque et apaisée là où tous les autres se révoltent et s'insurgent, cet amour, avant tout, d'une fille pour son père, en font un monument d'innocence et de grandeur sacrifiées.
Le personnage d'Eriphile est aussi une grande (re)trouvaille de la part de Racine — personnage dont l'onomastique, pourtant évidente, ne m'est apparue qu'à la fin de la pièce. Elle a beau n'être pas vraisemblable, elle permet à la pièce d'éviter un mauvais deus ex machina ou de s'éloigner de ce qui fait l'essence de la tragédie.
La plume, le vers, l'alexandrin, reste du Racine : rien à redire, toujours un condensé de poésie, toujours un effet ravageur sur le lecteur qui prête oreille à sa mélodie.
Peut-être ma tragédie préférée de Racine après Andromaque. Une pièce que je relirai pour m'en faire un avis plus complet !
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