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2154. Iris, une jeune femme de 20 ans vient se rafraichir dans les grandes salles d'un musée désert. Elle observe des peintures quand un phénomène étrange survient...
Iris est seule, assise sur un banc au design plus que sobre. Pourquoi le musée est-il si désert ? On pourrait considérer que, même si l’Art et l’Histoire ne provoquent pas un engouement fantastique, les grandes salles de ce lieu constitué d’épais murs en pierre offrent une sérénité et surtout une sorte de fraîcheur que beaucoup d’autres endroits de la ville ne peuvent égaler.
Nous sommes en 2154, et l’été touche à sa fin. Ce qui ne veut pas dire que les températures baissent. Tout au plus peut-on parfois ressentir une légère brise s’élever, et goûter à quelques courtes averses, insuffisantes cependant pour rafraîchir l’atmosphère.
Iris contemple l’œuvre qui se trouve devant ses yeux : une peinture d’une seule couleur, entièrement blanche : un monochrome. Le musée regorge de ces tableaux des vingtième et vingt-et-unième siècles. Elle a l’étrange impression de le connaître, comme s’il faisait partie de sa vie.
La jeune femme se lève et marche jusqu’à lui. Du revers de sa manche, elle éponge les quelques goutes de sueur qui perlent sur son front. Puis, avec une attention accrue, elle suit des yeux le conglomérat de lignes qui s’entremêlent dans l’empâtement de la peinture.
Iris ferme les yeux et laisse son esprit vagabonder. Elle se remémore ses parents biologiques, ainsi que cette maison dont les murs étaient ornés de ces grandes peintures datant d’une autre époque, très semblables à celle qui lui fait face maintenant.
De la matière, blanche. Plein de matière, blanche et épaisse.
Puis, elle rouvre les yeux. Il règne un silence plombant dans la salle, pas un son, pas un bruit. Elle se retourne et observe les peintures autour d’elle. Sans raison apparente, la jeune femme commence à se sentir mal à l’aise. « J’ai un peu trop d’imagination en ce moment moi…»
Mais, soudain, tous les tableaux se mettent à osciller de droite à gauche, d’abord doucement, puis de plus en plus vite. Une sorte de danse synchronisée secoue les toiles, puis celles-ci se décrochent du mur, et continuent d’effectuer leurs mouvements tout en se rapprochant d’Iris. Les peintures se mettent à tourner autour d’elle, et au dessus d’elle. Certaines la frôlent, l’obligeant à se baisser et à retourner presque à quatre pattes sous le banc sur lequel elle était assise quelques instants auparavant.
Paniquée, Iris ne peut s’empêcher de pester contre tout ce cirque, en espérant que celui-ci s’arrête rapidement.
Entre deux toiles volantes, Iris aperçoit à l’entrée de la salle un homme dont le visage est caché par une écharpe et de grosses lunettes de protection. Bien que désorientée, elle est sûre que cet homme est bien réel – contrairement à ces peintures… « Que fait-il ici accoutré comme un homme du désert ?... » Elle le voit effectuer un geste de la main, à la manière d’un super-héros doué de super-pouvoirs, rétablissant ainsi les choses à la normale, comme si rien ne s’était passé. Les peintures sont de nouveau aux murs, statiques.
De nouveau, Iris lâche un juron. Puis, voyant l’homme s’en aller, elle l’appelle, et se jette à sa poursuite.
Le temps d’accéder à la salle adjacente, il a disparu.
Puis, comme une sorte de réaction défensive, elle lance d’une voix forte, s’adressant ainsi à un être invisible :
— Ok, des peintures volantes, cool. Soit je deviens complètement dingue, soit il y a Merlin l’enchanteur qui m’en veut…
Et, dans un murmure, Iris ajoute :
— …Et je ne sais pas laquelle de ces deux hypothèses je préfère.
Afficher en entierAloès a du mal à suivre le cours du professeur Oregana Il y est question de l'impossibilité pour les humains du vingt-et-unième siècle à effectuer la fameuse transition écologique. Ce fût le début de tensions au sein des peuples, certaines se transformant même en insurrections. Cela obligea les États à sévir de manière violente. Mais les États eux-mêmes, impuissants face à une économie ultra-mondialisée, ne faisaient qu'envenimer les choses.
Afficher en entierLes Clairvoyants se préoccupent de la condition de l'individu avant la condition du groupe. Ils estiment qu'une transformation sociétale ne peut advenir qu'après une transformation plutôt empirique de l'esprit de chaque individu. Ils croient davantage aux associations informelles et temporaires de personnes, plutôt qu'à la construction d'une société qui finira forcément par être oppressive.
Afficher en entierLa bibliothèque est grande, c'est la plus grande de la Zone Protégée. En outre, beaucoup de livres ici sont introuvables autre part, et certains exemplaires sont d'ailleurs uniques. Les nouvelles éditions sont rares : le gouvernement veille au grain en prétextant un rationnement drastique du bois, matière première servant à fabriquer le papier dont sont fait les livres. Et le moindre scientifique qui aurait l'idée d'inventer de nouveaux matériaux susceptibles de remplacer le papier voit ses crédits diminuer en un rien de temps. Un bon moyen pour Omnes Ecology de contrôler les idées avant même qu'elles ne soient diffusées.
Afficher en entierViridi, capitale de la Zone Protégée.Dernière et unique grosse ville du monde nouveau qui tente de se reconstruire sur ce qui reste d'une terre polluée à outrance.
Iris arpente nerveusement une large avenue flanquée de petits immeubles récents aux façades de bois grisâtre. La forte réverbération de la lumière due à la blancheur du trottoir, coloré ainsi afin de limiter l'absorption de la chaleur, oblige la jeune femme à plisser les yeux.
Afficher en entier— Il s’est passé un drôle de truc ce matin… J’ai l’impression d’avoir vécu… une sorte de cauchemar éveillé. Un truc qui faisait vrai, et pas vrai en même temps… Sur le coup, ça m’a effrayée. C’était un peu… magique… surnaturel… Comme… Je ne sais pas moi… une réalité virtuelle !
Yzalée fronce les sourcils. Sa copine devient de plus en plus étrange.
— Réalité virtuelle, houlà ! Je n’ai pas entendu ce terme depuis longtemps. En gros, la dernière fois, c’est quand mon grand-père me racontait la vie de son grand-père. Ils devaient mettre des lunettes, et tous ces trucs hypra technologiques… On écarte les rideaux ?
Iris insiste :
— Ce que j’ai vu, ça ne pouvait pas être réel, et pourtant c’était tout comme. Tu ne penses pas que ce genre de trucs puisse encore exister ? Je veux dire : le virtuel… Un monde virtuel.
— Et bien, dit Yzalée, tout ce que je sais c’est que pour faire fonctionner un monde virtuel comme tu dis, il faut du matériel électronique, des réseaux, des… serveurs… Tu sais, ces endroits où étaient stockés toutes les données numériques…
— Oui, des data-centers. Révise tes cours d’histoire !
— Ouais, c’est ça. Tu sais bien que tout ça a été détruit. Et un ordinateur, ça ne se trouve pas au coin de la rue.
Yzalée fait une pause. Mais, se demandant si son amie l’écoute vraiment, elle ajoute presque aussitôt de manière obstinée :
— Sinon tu ne veux pas allumer la lumière ? On n’y voit vraiment rien…
Mais Iris semble poursuivre le cours de ses idées.
— Hum, je sais ce que j’ai vu. Et je sais que je n’ai pas rêvé.
Yzalée rétorque en souriant :
— Alors c’était de la magie.
Iris se lève, se dirige enfin vers la fenêtre, et dit :
— Et pourquoi pas ? Tu as entendu les histoires qu’on raconte sur ces êtres vivant en dehors de la Zone Protégée : les Clairvoyants ?
Yzalée s’éclaircit la gorge. Parler des « Clairvoyants » n’est pas autorisé. Du moins en public. On ne sait jamais qui peut entendre. Un « Radar » par exemple. Un Radar, ça peut être n’importe qui : un voisin, un commerçant, un collègue… Ce sont les yeux et les oreilles du gouvernement. Mais bien heureusement, ni Iris, ni elle ne sont l’un d’entre eux.
— Mouais, fait Yzalée, s’il y a des types qui vivent là-bas, sûr qu’ils ne sont pas normaux. Ils doivent être grillés jusque dans leurs cerveaux.
D’un grand coup, Iris écarte les rideaux. Une lumière aveuglante vient agresser les yeux d’Yzalée, qui se cache instinctivement derrière ses mains.
— Vas-y, tu peux refermer, sinon c’est moi qui vais griller là !
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