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Irrésistibles séducteurs, Tome 2 : Le Secret des Pallis



Description ajoutée par anonyme 2011-05-20T04:19:03+02:00

Résumé

Quand elle revoit Leónidas Pallis, avec lequel elle a eu une brève aventure trois ans plus tôt, Maribel est bouleversée. Comment, dans ces circonstances - et alors qu'il cherche manifestement à en savoir plus sur elle - parvenir à lui cacher l'existence du petit Elias, l'enfant né de leur étreinte, dont elle a choisi de lui taire la naissance ? En effet, la jeune femme refuse de donner pour père à son fils un homme qu'elle tient pour un égoïste, doublé d'un incorrigible play-boy incapable du moindre engagement. Un play-boy qui, bien malgré elle, ...continue de l'attirer irrésitiblement.

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Classement en biblio - 25 lecteurs

extrait

** Extrait offert par Lynne Graham **

1.

A l’apparition de la limousine, il y eut un mouvement parmi la foule vêtue de noir rassemblée devant le parvis de l’église. Deux autres grosses voitures s’étaient déjà garées devant l’édifice un moment plus tôt. Des gardes du corps, tenant chacun un talkie-walkie à la main, en étaient sortis pour former un cordon de sécurité. Sur un signe de leur chef, le chauffeur de la limousine alla ouvrir la portière à son passager.

Un murmure de curiosité parcourut la cohue et les cous se tendirent. Leonidas Pallis venait de déplier sa haute silhouette qui attirait tous les regards. Avec son mètre quatre-vingt-dix et sa beauté rare chez un homme, le magnat grec incarnait l’élégance et la virilité dans son costume griffé et son manteau de cachemire noir.

Cette allure raffinée s’accompagnait cependant d’une froideur et de manières parfois brutales qui intimidaient forcément. Leonidas ne ménageait personne. Issu d’une des familles les plus riches du monde, il s’était forgé très jeune une réputation de rebelle, mais possédait un vrai sixième sens pour les affaires. Devenu milliardaire, il était l’idole du clan Pallis, aussi craint qu’adulé.

Tout le monde s’était demandé s’il assisterait à cette messe du souvenir. Après tout, plus de deux ans s’étaient écoulés depuis qu’Imogène Stratton, droguée à l’héroïne, avait péri dans un accident de voiture. A l’époque, elle et lui ne sortaient pas ensemble, mais ils ne s’étaient jamais perdus de vue depuis que Leonidas avait achevé ses études à l’université d’Oxford.

La mère d’Imogène, Hermione Stratton, fendit la foule pour accueillir son invité de prestige. Elle se rengorgeait presque. Mais le Grec coupa court à ses salutations empressées. Les Stratton étaient pour lui des étrangers. Du vivant d’Imogène, il ne les avait pas fréquentés et n’en avait eu nulle envie. De plus, l’obséquiosité l’exaspérait.

Paradoxalement, la seule personne qu’il s’était attendu à trouver ici pour l’accueillir n’était nulle part en vue : Maribel Greenaway, la cousine d’Imogène.

Il refusa de s’asseoir au premier rang avec la famille et choisit une place plus discrète, au milieu de la nef. Dans la foulée, il se demanda ce qu’il faisait là alors qu’Imogène s’était tant moquée des conventions. Mannequin, membre infatigablede la jet-set, elle n’avait vécu que pour le luxe et la gloire, ravie d’être fêtée et admirée, prête à choquer à la moindre occasion pour le simple plaisir d’attirer l’attention sur elle. Elle avait tout fait pour séduire Leonidas qui, s’il était resté insensible à ses avances, l’adorait pour sa drôlerie et son inépuisable énergie. Mais, envers de la médaille, il avait été contraint à se détourner d’elle : héroïnomane, la jeune femme refusait de se soigner et son addiction l’avait finalement menée à sa perte.

Un voile de tristesse obscurcit son esprit. Avait-il eu tort de venir ? Déjà, deux ans plus tôt, il s’était fait violence pour assister aux obsèques d’Imogène, et la journée s’était terminée d’une manière tout à fait inattendue ! Néanmoins, on ne changeait pas le passé, et Leonidas n’était pas homme à se complaire dans les regrets.

* * *

Maribel gara sa vieille voiture sur le parking qui longeait l’église. Elle était affreusement en retard. D’une tape, elle redressa le rétroviseur intérieur et, son peigne à la main, une barrette entre les dents, elle s’efforça de discipliner ses cheveux châtains fraîchement lavés qui, encore humides, frisottaient.

La barrette se brisa au moment où elle tentait de la fixer. Maribel faillit crier d’énervement. Elle jeta le peigne sur le siège et entreprit de lisser ses boucles des deux mains tout en sortant du véhicule. Depuis qu’elle s’était levée ce matin-là, tout était allé de travers ; à moins que cette série de minidésastres n’ait même commencé la veille, quand sa tante Hermione lui avait téléphoné pour lui annoncer suavement qu’elle comprendrait tout à fait si Maribel jugeait trop difficile d’assister à la messe du souvenir…

En silence, elle avait serré les dents. Durant les dix-huit derniers mois, les Stratton lui avaient clairement fait comprendre qu’elle était devenue persona non grata parmi eux. Cela la blessait, car elle tenait beaucoup à entretenir les seuls liens familiaux qui lui restaient. D’un autre côté, elle comprenait leurs réserves. Elle n’était jamais entrée dans le moule et elle affichait une indépendance qui était comme une insolence à leurs yeux.

Quand Maribel s’était retrouvée orpheline, son oncle s’était aussitôt proposé pour recueillir sa jeune nièce de onze ans et l’élever en compagnie de ses trois filles. Mais, dans cette maison où l’argent et le paraître primaient sur toute autre considération, Maribel avait dû apprendre à se fondre dans le décor pour éviter les remarques irritées et les coups d’œil réprobateurs. Il fallait avouer que, pour ce qui était de l’apparence physique, elle n’était pas du tout au niveau de ses cousines.

Ces années auraient été bien maussades sans Imogène, dont la joie de vivre, l’humour et la pétulance éclairaient les journées les plus sombres. Et bien qu’elles n’aient absolument rien en commun, Maribel s’était profondément attachée à sa cousine de trois ans son aînée.

C’est pour cette raison qu’elle était bien décidée à assister à cette messe, désireuse de rendre un ultime hommage à celle qui avait adouci son adolescence. Et rien ni personne ne l’en empêcherait ! se répéta-t-elle en fermant sa voiture. Pas même la perspective plus qu’embarrassante de se retrouver nez à nez avec Leonidas. Deux ans s’étaient écoulés déjà depuis leur dernière rencontre ! Il n’y avait pas lieu d’être si mal à l’aise. Le serait-il, lui ? Sûrement pas. De toute façon, rien ne l’ébranlait jamais.

Un éclair de défi dans ses yeux violets, elle courut vers l’église.

A vingt-sept ans, son doctorat d’histoire ancienne en poche, elle enseignait à l’université d’Oxford. Elle appréciait ses collègues en général et s’était fait de nombreux amis masculins, pourtant elle avait choisi de rester célibataire. Après le bouleversement causé par la mort tragique d’Imogène et le processus de deuil qui avait suivi, elle avait finalement trouvé une certaine sérénité. Sa vie actuelle lui convenait parfaitement.

Alors pourquoi se serait-elle souciée de ce qu’il pourrait penser quand, de son côté, il l’avait sans doute oubliée depuis belle lurette ?

C’est dans cet état d’esprit qu’elle entra dans l’église et s’assit sur le premier siège disponible, à l’arrière de la nef. La tête bien droite, elle s’efforça de se concentrer sur le service sans chercher à reconnaître qui que ce soit parmi la foule. Mais bientôt sa joue la picota et une sensation de malaise l’envahit. Il était là, elle le sentait par un phénomène qu’elle-même ne pouvait expliquer.

Lorsque la tentation devint trop forte, elle leva les yeux et l’aperçut, plusieurs rangées devant, de l’autre côté de l’allée centrale. Impossible de ne pas repérer au premier coup d’œil cette impressionnante carrure et ce port de tête arrogant. Détail amusant, trois très jolies femmes avaient choisi de s’asseoir près de lui. Maribel retint un sourire. Manifestement, Leonidas avait toujours autant de succès !

Brusquement, il tourna la tête et darda sur elle son regard noir. Prise au dépourvu, elle tressaillit et se sentit comme prise au piège. Son cœur se mit à tambouriner alors qu’elle s’était juré de garder son calme. Elle parvint à esquisser un sourire contraint et inclina la tête en guise de salut, avant de détourner les yeux à la hâte vers le vicaire. Entre ses mains tremblantes, le livret frémissait.

Déjà, les souvenirs assaillaient sa mémoire…

Par chance, l’arrivée d’une blonde qui se glissa sur le siège d’à côté créa une diversion dans son esprit. Maribel connaissait de vue Hanna, qui avait travaillé pour la même agence qu’Imogène. Sans se soucier de perturber la cérémonie, la ravissante Hanna se lamenta bruyamment sur les conditions de circulation qui l’avaient empêchée d’arriver à l’heure. Puis elle sortit un petit miroir de sa poche et entreprit de se recoiffer.

— Tu voudras bien me présenter à Leonidas Pallis tout à l’heure ? chuchota-t-elle à Maribel alors qu’elle remettait une couche de gloss sur ses lèvres.

— Ecoute, je le connais depuis longtemps, c’est vrai, mais nous ne sommes pas vraiment proches…

— Je sais, tu l’as croisé à l’époque où tu étais l’assistante d’Imogène, ou sa gouvernante, je ne sais plus. Bref, il doit bien se souvenir de toi. Je n’ai pas d’autre moyen d’entrer en contact avec lui, ce type est inaccessible !

Maribel se mordit la lèvre. Elle se sentait au bord de l’hystérie, elle qui mettait un point d’honneur à toujours rester maîtresse de ses nerfs. Elle ne pouvait s’empêcher de penser à Imogène qui avait été obsédée par cet homme, le seul qu’elle ne pouvait avoir et qui ne l’aimait pas assez pour lui offrir la stabilité dont elle avait si désespérément besoin.

Son silence ne dissuada pas Hanna qui insista :

— Je me suis dit que si c’était toi qui faisais les présentations, cela aurait l’air plus naturel, non ?

Maribel retint un rire. Naturel ? Hanna portait un tailleur rose bonbon dont la jupe était si courte qu’elle lui permettait à peine de s’asseoir. Et son chapeau à plumes aurait été plus approprié pour un mariage.

— Oh, s’il te plaît, s’il te plaît, s’il te plaît… Il est si sexyyyyyy ! murmura Hanna à son oreille.

« Et c’est aussi le pire des mufles », répondit Maribel en son for intérieur.

Tout de suite elle eut honte de cette pensée amère qui lui venait dans un lieu sacré pendant une occasion si solennelle. Même si c’était la vérité.

* * *

Leonidas avait décidé de ne pas se laisser affecter par le petit hochement de tête hautain que lui avait adressé Maribel. Elle était bien la seule femme qu’il n’impressionnait pas. Et c’est sans doute cela qui l’attirait tant chez elle depuis le début.

De nouveau il tourna la tête dans sa direction et l’étudia avec attention, à l’affût du moindre changement. Elle avait perdu quelques kilos, mais pas là où les rondeurs étaient essentielles, constata-t-il dans une appréciation toute masculine. Sa silhouette n’en était que plus voluptueuse. Le soleil printanier qui passait à travers un vitrail jetait dans ses cheveux châtains des reflets mordorés. Le teint était toujours aussi clair, la bouche toujours aussi généreuse. Elle n’était pas belle, pas même jolie sans doute, pourtant elle avait su capter son intérêt et aujourd’hui il comprenait enfin pourquoi : cette femme avait l’éclat et la sensualité d’une pêche doucement mûrie au soleil.

Etait-il celui qui avait su éveiller cette féminité vibrante en elle ?

Comme cette question lui traversait l’esprit, il se demanda s’il serait capable de la séduire de nouveau. Et, cette fois, la flambée de son désir ne lui permit plus de douter de l’intérêt qu’il lui portait.

* * *

La messe s’acheva. Maribel vit sa tante et ses cousines se presser dans l’allée centrale dans l’intention d’intercepter Leonidas avant qu’il ne s’en aille. Elle-même avait hâte de s’esquiver aussi discrètement qu’elle était arrivée. Malheureusement, Hanna lui barrait la route.

— Attends, ne te sauve pas ! protesta cette dernière. Leonidas regarde justement de ce côté-ci. Il m’a remarquée, c’est ma chance. Je ne te demande pas grand-chose, tout de même !

— Une fille aussi belle que toi n’a pas besoin d’intermédiaire.

Hanna gloussa et, d’un mouvement de tête, renvoya sur ses épaules sa somptueuse chevelure blonde. Puis elle se dirigea vers Leonidas de sa démarche chaloupée, tel un missile qui fond sur sa cible. Maribel, qui avait bien quinze centimètres de moins qu’elle, en profita pour se faufiler dans l’allée, cachée derrière elle. Ce n’était pas une sortie très glorieuse, et après ? De toute façon, sa tante espérait la voir jouer profil bas.

Dans sa précipitation, elle ne vit pas le journaliste qui s’était posté devant l’entrée et le percuta de plein fouet. L’homme laissa échapper un juron alors que, par réflexe, elle s’excusait platement. Puis, frottant son épaule meurtrie, elle courut en direction du parking.

* * *

Insensible aux manœuvres destinées à attirer son attention à droite et à gauche, Leonidas se fraya un chemin parmi la foule jusqu’au parvis de l’église. Le départ précipité de Maribel l’intriguait. Elle si courtoise d’ordinaire… Il s’était attendu à ce qu’elle vienne le saluer et lui murmurer quelques banalités polies, même si elle n’en avait nulle envie. Au lieu de cela, elle avait déguerpi sans même échanger deux mots avec les Stratton.

Tandis que ses gardes du corps empêchaient les paparazzi de prendre des photos, il aperçut la jeune femme qui montait à bord d’une petite voiture rouge. Elle semblait vraiment très pressée… de le fuir, il en avait l’intuition. Irrité, il appela d’un signe de tête Vasos, son chef de la sécurité, pour lui donner une consigne bien précise.

Hermione Stratton, suivie de près par ses deux filles, surgit à son côté, légèrement haletante. Leonidas prit le temps de formuler quelques mots sur les regrets et le temps qui estompait les plus grandes peines, avant de s’enquérir :

— Pourquoi Maribel est-elle déjà partie ?

— Maribel ? répéta Hermione Stratton, les yeux écarquillés comme si elle entendait ce nom pour la première fois de sa vie.

— Elle doit être pressée de récupérer son marmot, hasarda la plus blonde de ses filles avec un haussement d’épaules.

Les traits bronzés de Leonidas demeurèrent parfaitement impassibles, sans trahir un instant le choc qu’il venait d’éprouver. Un marmot ? Un bébé ? Maribel avait un enfant ? Mais depuis quand ? Et de qui ?

Hermione Stratton esquissa une petite moue dégoûtée et confia à voix basse :

— Oui, la pauvre est mère célibataire, vous comprenez.

— Elle s’est fait plaquer par le père, précisa sa fille d’un air entendu.

Sa sœur ricana.

— C’est bien la peine d’avoir tous ces diplômes. Au bout du compte, Maribel n’est pas plus maligne que les autres !

* * *

Cinq minutes après avoir quitté l’église, Maribel se rangea le long de la chaussée pour retirer sa veste. Elle avait chaud partout, une réaction habituelle quand elle cédait à la nervosité. L’image de Leonidas demeurait gravée dans son cerveau. Il était toujours aussi beau. Mais c’était normal, il n’avait que trente et un ans…

De nouveau, l’émotion la saisit. Ses mains se crispèrent sur le volant et ses articulations blanchirent. Lentement, elle relâcha sa prise en respirant profondément. Elle se conduisait comme une collégienne énamourée ! N’aurait-elle pas dû dépasser tout cela depuis bien longtemps déjà ?

En dépit de tous ses efforts pour les repousser, les souvenirs douloureux affluaient à sa mémoire, et elle se força à les chasser. Il ne servait à rien de ressasser tout cela.

Son amie Ginny Bell, qui gardait Elias en son absence, habitait une petite maison à un kilomètre à peine de l’endroit où vivait Maribel, en pleine campagne. Veuve, Ginny avait été professeur avant de reprendre ses études à mi-temps pour obtenir une maîtrise d’arts plastiques. A quarante ans passés, elle était mince, énergique, et portait ses cheveux bruns en un carré bien net.

Elle ne cacha pas sa surprise lorsque Maribel apparut à la porte de derrière.

— Je ne t’attendais pas si tôt !

Elias abandonna son puzzle et traversa la cuisine en courant pour se jeter contre les jambes de sa mère. Agé de seize mois, il était adorable avec ses cheveux noirs bouclés et ses grands yeux sombres. Son exubérance et sa joie de vivre transparaissaient dans le sourire radieux qu’il adressa à Maribel.

Le cœur fondant d’amour, elle se baissa pour le serrer dans ses bras et huma avec délice sa fraîche odeur de bébé. Avant sa naissance, jamais elle n’aurait imaginé que le lien mère-enfant puisse être aussi puissant et inconditionnel. Elle avait pris un congé parental d’un an pour mieux profiter de lui, et retourner ensuite au travail — même à mi-temps — avait été pour elle une véritable épreuve. Dès qu’elle le quittait plus de deux heures, il lui manquait terriblement.

Ainsi, le plus naturellement du monde, Elias était devenu le centre de son existence.

— Je croyais qu’il y avait un buffet après la messe ? s’étonna Ginny.

Brièvement, Maribel lui rapporta les propos que sa tante lui avait tenus la veille au téléphone, et Ginny s’indigna aussitôt. Amie de longue date, elle n’ignorait pas ce que les Stratton devaient à Maribel qui avait veillé sur Imogène sans relâche à l’époque où le jeune mannequin menait une vie de patachon et se conduisait de manière scandaleuse.

— Je crois qu’ils ne me pardonneront jamais d’être « fille-mère », comme ils disent, répondit Maribel. Et je dois reconnaître qu’ils m’avaient prévenue.

— Ta tante n’avait pas à te presser d’avorter. Ta grossesse ne la regardait en rien, et puis tu n’étais pas vraiment une adolescente paumée. Regarde, elle t’avait prédit que tu ne serais pas capable de t’en sortir, et tu es de loin la meilleure mère que je connaisse !

Maribel sourit à son amie, mais prit la défense de sa tante.

— Tu sais, elle croyait être de bon conseil. De son temps, concevoir un enfant hors mariage était très mal considéré.

— Tu es bien magnanime avec cette maudite bonne femme qui t’a toujours traitée comme une parente pauvre !

— Ce n’était pas si terrible. Mon oncle et ma tante ont eu du mal à comprendre que je souhaite poursuivre mes études. J’étais vraiment très différente de mes cousines. Le vilain petit canard de la famille, en quelque sorte, ajouta-t-elle avec un haussement d’épaules.

— Ils n’ont cessé de faire pression sur toi pour que tu te conformes à leurs exigences !

— Oui, mais ils en ont demandé plus encore à Imogène.

Avec tristesse, Maribel pensa à sa fragile cousine assoiffée de reconnaissance et d’admiration, qui s’était révélée incapable d’assumer le moindre échec.

A cet instant, la voiture du facteur vint se garer devant la maison. Elias se trémoussa pour échapper aux bras de sa mère et alla coller le nez à la vitre pour voir ce qui se passait. C’était un enfant curieux de tout, qui mettait toute son énergie à explorer le monde qui l’entourait. Tandis que Ginny allait ouvrir pour récupérer un paquet, Maribel entreprit de rassembler les affaires du bébé et de les ranger dans le sac à langer.

— Veux-tu un café ? lui proposa Ginny quand elles furent de nouveau seules.

— C’est gentil, mais j’ai vraiment beaucoup de travail à la maison.

Maribel eut un peu honte de ce demi-mensonge. En réalité, elle aurait pu perdre une petite demi-heure, mais revoir Leonidas l’avait tellement secouée qu’elle ne songeait qu’à se réfugier chez elle, dans sa petite maison.

Elle alla installer Elias dans son siège-auto. L’enfant était plutôt grand pour son âge et le porter lui demandait maintenant un effort. Il commença à se débattre lorsqu’elle voulut boucler la ceinture de sécurité qu’il entendait fermer lui-même de ses petits doigts malhabiles. Déjà, il affichait des velléités d’indépendance et entrait souvent en conflit avec sa mère.

— Elias tout seul ! s’écria-t-il d’un ton péremptoire de petit tyran.

— Non, Elias, lui répondit-elle avec fermeté.

Sur la route, elle fut obligée de doubler une grosse voiture gris métallisé qui n’était pas très bien garée sur le bas-côté. L’endroit n’était pas idéal pour stationner et elle fut surprise de trouver un véhicule là. Quelques centaines de mètres plus loin, elle bifurqua dans le sentier bordé d’arbres qui conduisait à son domicile, une ancienne fermette au charme pittoresque qu’elle avait autrefois habitée avec ses parents. A leur mort, la demeure avait été louée de longues années durant avant que Maribel n’en reprenne possession, une fois adulte. Tout le monde s’était alors attendu à ce qu’elle vende la propriété pour acheter un appartement moderne en ville. Mais c’est à la même époque que Maribel avait appris sa grossesse.

Sa vie en avait été bouleversée. Après avoir revisité cette maison où elle avait passé la partie heureuse de son enfance, elle avait compris que, pour élever seule son enfant, elle devrait changer son rythme de vie, ainsi que l’ordre de ses priorités. Se noyer dans le travail ne serait plus possible. Son bébé aurait besoin d’elle.

Ignorant les mises en garde — la maison était vétuste, éloignée de tout —, elle s’était tranquillement attelée à la rénovation des lieux. La fermette, située au cœur d’un vallon isolé à mi-chemin entre Londres et Oxford, lui avait en fait permis de tirer le meilleur parti de la ville et de la campagne. Et, bien sûr, avoir une amie tout près de chez elle lui avait facilité les choses. Elle s’était sentie moins seule, bien avant que Ginny ne lui propose de garder Elias pendant ses heures de travail.

* * *

Le petit garçon gigotait dans ses bras tandis qu’elle essayait tant bien que mal d’introduire la clé dans la serrure de la porte d’entrée.

— Mickey ! Mickey ! scandait-il.

Mickey était un lévrier irlandais d’une timidité maladive. Comme d’habitude, il était caché sous la table de la salle à manger et n’en émergea que lorsqu’il fut tout à fait certain que les nouveaux arrivants n’étaient autres que Maribel et son fils. Rassuré, il vint accueillir ses maîtres avec un enthousiasme bruyant. Le chien et l’enfant se mirent à jouer, puis Elias pointa un doigt autoritaire et ordonna avec sérieux :

— Mickey, assis !

L’espace d’une seconde, Maribel revit Leonidas lui demandant si elle comptait un jour ramasser ses vêtements éparpillés dans sa chambre pour les mettre à laver. Cela s’était passé sept ans plus tôt. Elias avait la même attitude impérieuse mais obtenait plus de résultats, car Maribel était d’un tempérament bien plus rebelle que Mickey dont le seul souci était de plaire à son petit maître.

Une autre image suivit, l’expression outragée de Leonidas quand, quelque temps plus tard, elle lui avait lancé qu’il fallait vraiment être nul pour mettre une bouilloire électrique sur le feu de la gazinière !

Un bruit de chute tira la jeune femme de ses souvenirs. Elias s’était cogné la tête contre le bord du Frigo et pleurait. La fatigue le rendait maladroit. Maribel le prit dans ses bras pour le consoler et lui frotta doucement la tête. La vue des yeux noirs furieux noyés de larmes l’attendrit comme toujours. Son petit garçon était si volontaire, si têtu et si fier !

— Oui, je sais, je sais…, chuchota-t-elle.

Elle le berça contre elle jusqu’à ce qu’il consente à se détendre et que ses paupières aux longs cils recourbés papillotent sur ses joues. Elle l’emmena alors à l’étage, dans sa chambre décorée de couleurs vives par ses propres soins. Sans mouvements brusques, elle ôta les chaussures et le pull du petit garçon avant de le coucher dans son berceau. Il s’endormit dans la seconde, pour une sieste qui, Maribel le savait, ne serait pas très longue.

Le sommeil donnait à l’enfant une frimousse angélique. Elle le contempla une bonne minute, fascinée par la ressemblance physique qui sautait aux yeux, surtout maintenant qu’elle venait de revoir son père. Puis elle redescendit au rez-de-chaussée et, accompagnée de Mickey, gagna la petite pièce ensoleillée qui lui servait de bureau.

Là, elle entreprit de noter une pile de copies.

Un peu plus tard, Mickey lança un bref aboiement et vint glisser sa truffe humide sous son coude. Environ dix secondes plus tard, Maribel entendit le moteur d’un véhicule qui avançait dans l’allée. Elle recula sa chaise et se leva.

Elle traversait le vestibule lorsqu’elle remarqua que plusieurs voitures arrivaient apparemment en même temps. Très intriguée, car elle recevait rarement de la visite, elle s’approcha de la fenêtre.

Consternée, elle vit qu’une longue limousine noire garée le long de la façade obstruait la vue du jardin et de la campagne environnante.

Qui d’autre que Leonidas Pallis se serait déplacé dans un tel équipage ?

Maribel ne resta pétrifiée que quelques secondes, avant de se précipiter dans le séjour pour ramasser en toute hâte jouets et peluches éparpillés un peu partout et les jeter dans le coffre qu’elle s’empressa de dissimuler ensuite derrière le canapé.

La cloche de la porte d’entrée tinta au moment où elle se redressait. Elle entrevit son reflet dans le miroir accroché au mur : ses yeux violets étaient hagards et elle était pâle comme la mort. Elle se frotta les joues pour leur rendre un peu de couleur, tandis que ses pensées s’emballaient. Que diable venait-il faire ici ? Comment avait-il eu son adresse ? Et pourquoi s’était-il soucié de se la procurer ?

De nouveau, la cloche retentit, menaçante. L’impatience des Pallis était légendaire.

Elle dut se faire violence pour aller ouvrir.

— Surprise ! murmura Leonidas sur le seuil.

Sans trop savoir pourquoi, elle s’était attendue à une entrée en matière beaucoup plus virulente. Décontenancée, elle laissa retomber son bras et il en profita pour pénétrer dans le vestibule. Elle eut un choc en découvrant son visage de si près. Les années n’avaient en rien amoindri sa beauté, au contraire. Les infimes ridules au coin de ses yeux accentuaient la séduction de ses traits bien modelés. Le nez était droit, aristocratique ; le menton volontaire, les pommettes saillantes, la bouche à la fois sensuelle et dure. Dans son costume sombre, qu’il portait avec une classe infinie, il était plus intimidant que jamais, et si grand que la pièce en semblait rapetissée.

Son regard noir était tranchant comme un rayon laser.

Maribel sentit les pulsations de son cœur s’accélérer. Sa respiration devint laborieuse et anarchique.

— Et alors, ce petit déjeuner ? lança-t-il d’un air moqueur.

Maribel sentit ses joues s’enflammer. De cette simple petite phrase, il venait de raviver les souvenirs brûlants qu’elle s’était efforcée d’enfouir au tréfonds de sa mémoire. Comment osait-il, après tout ce temps et en guise de bonjour, lui rappeler la nuit qui avait suivi les obsèques d’Imogène ?

Mais il est vrai que Leonidas Pallis n’avait que peu de limites et que rien ne semblait l’effrayer en ce monde.

Cette fameuse nuit, elle l’avait passée dans ses bras. Et au petit matin, il l’avait éveillée d’un baiser avant de chuchoter de ce ton péremptoire qui était comme une seconde nature chez lui :

— Va donc préparer le petit déjeuner pendant que je prends ma douche…

Maribel chancela légèrement et son estomac se contracta comme si elle venait de faire un looping. Elle aurait donné n’importe quoi pour ne pas revivre ces instants, mais Leonidas paraissait prendre un plaisir cruel à les lui rappeler.

Quand il était sorti de la salle de bains ce matin-là, elle était partie depuis longtemps. Dans les jours qui avaient suivi, elle avait voulu oublier cette erreur de jeunesse, l’effacer presque de sa conscience. Et elle n’en avait soufflé mot à personne, persuadée qu’elle emporterait ce secret dans la tombe.

Aujourd’hui encore, elle avait honte et éprouvait un profond désarroi. Des sentiments qui, de toute évidence, n’effleuraient pas Leonidas. Mais, pour elle, c’était différent. Deux ans avaient beau s’être écoulés, elle demeurait vulnérable face à lui, encore bien plus qu’elle ne l’aurait cru. La meilleure preuve, c’est qu’il avait encore le pouvoir de la blesser.

C’était fou, quand on y songeait…

— Je préfère que nous n’évoquions pas le passé, déclara-t-elle d’une voix atone.

Exaspéré par cette réponse guindée, Leonidas claqua la porte d’un geste décidé et passa sans attendre dans le salon. Les goûts de Maribel n’avaient pas changé, constata-t-il. Si on lui avait présenté son intérieur en photo, il aurait pu sans difficulté le repérer parmi d’autres. Des plantes vertes, des tissus à motifs floraux déclinés dans des tons doux, ivoire, corail, vert amande, ainsi que des tonnes de livres répartis sur des étagères, un peu partout. Rien n’était coordonné et pourtant une atmosphère à la fois raffinée, simple et chaleureuse se dégageait de tout cela.

— Dans ce cas, dis-moi plutôt pourquoi tu t’es sauvée de l’église tout à l’heure ? demanda-t-il de sa voix profonde, à peine teintée d’une pointe d’accent.

Maribel se força à garder les yeux fixés sur sa cravate de soie grise pour ne pas scruter la pièce à la recherche d’un jouet égaré.

— Je ne me suis pas sauvée. J’étais pressée, c’est tout.

— Ça ne te ressemble pas de faire l’impasse sur les civilités. Et je n’ai pas l’habitude qu’une femme me fuie.

— C’est sans doute que je te connais mieux que les autres.

La réplique sarcastique avait fusé avant que Maribel puisse la retenir. Elle se serait giflée. Quelle idiote elle faisait ! Comment lui faire croire maintenant qu’elle n’éprouvait que du détachement envers lui ? En une seule petite phrase, elle venait de trahir le ressentiment et la douleur qui sommeillaient en elle depuis deux ans et que sa seule vue avait suffi à faire rejaillir !

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Bronze

J’adore cette collection! « Azur » est une collection tendre, passionnante… pleine d’audace. Douce. Attendrissante. Sensuelle parfois. Ils vont feront passer de doux moments.

Je ne pouvais pas, ne savais pas, lire lorsque j’étais jeune et… J’ai découvert l’une de ces collections. Et c’est cela qui m’a fait commencer la lecture. Chacun de ses romans de cette édition peut être entraînant, doux, érotique, attendrissant. Ils vont feront passer de délicieux moments. Des personnages doux. Attachants. Parfois même bouleversants. Cette histoire est d’un immense romantisme et pleine de rebondissements. Délicieuse. Chaleureuse. Un bon entre-deux, sans prise de tête.

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Dates de sortie

Irrésistibles séducteurs, Tome 2 : Le Secret des Pallis

  • France : 2008-08-01 - Poche (Français)
  • USA : 2008-01-29 - Poche (English)
  • USA : 2014-12-01 (English)

Activité récente

Titres alternatifs

  • The Greek Tycoon's Defiant Bride - Anglais
  • The Greek Tycoon's Defiant Bride (The Rich, the Ruthless and the Really Handsome #2) - Anglais
  • O desejo da noiva - Portugais
  • O desejo da noiva (Ricos, ousados e sensuais #2) - Portugais
  • Refém do grego - Portugais
  • Refém do grego (Sedutores #2) - Portugais
  • Sedotto e abbandonato - Italien
  • Cautiva del griego - Espagnol
  • Cautiva del griego (Seductores #2) - Espagnol
  • Με Όρο την Αγάπη - Grec

Les chiffres

lecteurs 25
Commentaires 1
extraits 1
Evaluations 3
Note globale 6.5 / 10

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