Commentaires de livres faits par Del-Assam
Extraits de livres par Del-Assam
Commentaires de livres appréciés par Del-Assam
Extraits de livres appréciés par Del-Assam
Seulement vêtu d'un caleçon, affalé sur mon lit, j'étais en train de regarder avec émotion un épisode de Queer Eyes dans lequel l'équipe relookait un manoir de vampires. Le bruit de la sonnette commença au moment le plus crucial -un discours émouvant sur l'importance de la communauté - et je l'ignorai totalement, pensant qu'il s'agissait d'un réveil que j'avais oublié d'éteindre ou de la sonnerie d'un passant.
Ce ne fut que lorsque j'entendis un coup sur ma porte que mes neurones daignèrent enfin se connecter, envoyant dans mon cerveau génial la déduction qui en découlait : pour la première fois depuis des semaines, j'avais un client.
Asmodée.
Ses mots se répercutèrent quelques secondes dans l’air nocturne avant de se noyer dans le silence.
Une chouette hulula quelque part, trois fois.
Rien ne se passa.
Ah.
— Je suis Luc Legoff, répéta-t-il un peu plus fort, et j’invoque le démon Asmodée !
— Oh, tu me laisses deux secondes pour arriver, s’il te plaît ? râla une voix dans son dos. Toujours pressés, les humains. C’est fatigant.
Luc se retourna d’un bond.
Un homme – ou, du moins, un être ressemblant à un homme – se tenait à trois pas de lui. Son costume pourpre se détachait comme une tache ensanglantée dans la nuit noire. Ses cheveux longs, aussi sombres que le ciel, tombaient en cascade lisse, presque liquide, sur ses épaules.
Il souriait. Ses dents blanches, légèrement pointues, contrastaient de manière presque irréelle avec sa peau mate.
Luc n’aimait pas regarder les gens dans les yeux, mais ces yeux-là l’attirèrent tout de même, l’aimantant aussi sûrement qu’un corps lié à la gravité. Ils avaient le gris de l’acier et les reflets d’une lame aiguisée.
Dangereux et fascinants.
Une chose vivante qui ne l’est plus,
Un trésor sans valeur de monnaie,
Du sang venu d’une peine accrue,
Et deux noms à lier en bas du contrat"
rayons sur la route abandonnée, allongeant les ombres des
pavés descellés. Cela faisait probablement des années que
plus personne n’avait emprunté ce chemin, et c’était précisé-
ment la raison pour laquelle Luc l’avait choisi.
Personne ne viendrait le déranger ici.
— Et alors ?
— Il a fini dernier, il ne savait pas naviguer.
Il referma la porte, plongeant de nouveau son laboratoire dans les ténèbres.
Le monstre, bien sûr, c'était lui.
ils n’auront plus que la lumière de leurs souvenirs pour
combattre la noirceur du monde.
De cette période paisible, il leur restera pour toujours
des bribes ensoleillées, des souvenirs épars, comme des
photographies étalées sur une table, qu’on contemple du
bout de la mémoire, qu’on caresse avec nostalgie et qu’on
range soigneusement dans un album aux pages cornées.
aussi de l’attirance pour l’autre sexe. Si je n’avais pas été là, ou
si nous ne nous étions jamais mis ensemble, vous vous seriez
certainement marié avec une femme. Vous aimez les enfants
et vous avez toujours voulu en avoir, n’est-ce pas ? Avec moi,
vous n’avez jamais eu cette possibilité. Je sais qu’il est bien
trop tard pour y faire quoi que ce soit, et de toute façon, je ne
compte pas vous laisser partir, mais dites-moi sincèrement...
vous arrive-t-il de regretter vos choix ?
Watson ouvrit la bouche pour répondre spontanément,
puis se reprit. Il avait promis l’honnêteté et le sujet méritait un peu de réflexion. Avant de s’engager dans l’armée,
il avait effectivement rêvé de se trouver une famille un
jour, avec une femme et des enfants. Regrettait-il ce qu’il
avait eu à la place ?
— Je ne peux pas, déclara-t-il enfin. Sherlock, je ne
peux pas regretter une vie où vous n’auriez pas été, une
existence qui ne m’aurait pas mené ici, avec vous, main-
tenant. Pour ne pas vous mentir, oui, je suis un peu triste
de ne pas avoir eu d’enfants qui soient de ma chair et
de mon nom. Mais ça ne veut pas dire que je n’ai pas eu
de foyer ou de famille. En plus de vous, j’ai eu madame
Hudson, Lestrade, Gregson, Wiggins, Billy et les autres
Irréguliers. Avoir des enfants signifierait ne pas vous avoir
vous, Sherlock, et quoi qu’il arrive, je ne pourrais jamais le
souhaiter.
[...]
Dans le semi-silence de ce lieu onirique, seulement perturbé par la musique constante de la pluie, Silas effleura doucement un pétale.
Il fallait absolument qu’il se procure une de ces roses.
Une angoisse absurde l’envahit brusquement.
L’espace d’un instant, il ne vit qu’un inconnu en train de le fixer, les traits creusés par les ombres, le regard si calculateur et si froid, si terriblement froid, qu’un seul mot s’inscrivit dans son esprit.
Dangereux.
Puis l’instant passa et la dureté disparut du visage de Silas, qui lui sourit aimablement en penchant la tête sur le côté. Mais Damien pouvait encore la deviner au fond de son regard, dissimulée sous des couches de mensonges.
Qui était cet homme ?
— Oh, pas d’humains ?
— Je n’ai pas dit cela. Un monstre peut prendre toutes les formes.
— Je vois, s’amusa Gaston. Et pourquoi que les monstres ? Cœur tendre ?
Silas laissa échapper un rire sincère.
— Non, pas vraiment. Je ne désire simplement pas de complications. Personne n’aime les monstres, alors personne ne cherche à les venger et tout le monde est soulagé de les voir disparaître. On ne fait pas longue carrière lorsqu’on assassine des personnes populaires. Et cela s’applique aussi aux créatures magiques, avant que vous me le demandiez. Je ne tuerai pas de fée bienveillante ou de dragon protecteur.
— Intéressant, marmonna le noble en se frottant le menton. Et comment déterminez-vous qui est un monstre ?
— Comme je l’ai dit. Personne ne les aime, personne ne cherche à les venger et tout le monde est soulagé de les voir disparaître.
Ce qui s’appliquait aussi à lui, mais cela faisait partie des sujets auxquels il évitait de penser.
Et l’absence.
L’absence immense.
L’absence qui prenait toute la place, tout le temps,
partout où il allait.
On croit que l’absence est intangible, mais on a tort.
L’Absence est étouffante.
L’Absence est dure, solide, coupante, brûlante.
L’Absence est vivante.
L’Absence est un monstre affamé.
"Quelqu’un d’ordinaire ?" songea Holmes. "Allons donc ! Qui êtes-vous réellement, John Watson ?"
La respiration du docteur flancha sous l’intensité de cette question muette. Ils ne parlèrent pas, ne bougèrent pas.
Le temps s’étira, les isolant du monde.
Une année. Un siècle. Une éternité.
Juste un battement de cœur.
Perpetuellement fatigué, la silhouette cassée par une blessure qui le faisait boiter, la taille maigre et la peau tannée par le soleil de ses cauchemars, il errait à Londres comme une âme en peine, réduit au fantôme de lui-même.
Le muet lui fourra son carnet sous le nez. Le magicien le prit en lui jetant un regard assassin.
« Ne jouez pas avec Caleb », était-il écrit. « Il n’a rien à voir avec nos histoires. »
— Oh, tu t’es déjà attaché, petite sirène ? railla Abysse. Mais oui, j’oubliais que Caleb était ton grand amouuuuuur…
Erël lui arracha le carnet des mains et traça quelques mots sur le papier.
« Vous n’aviez pas le droit de me prendre ma voix. »
— J’en avais parfaitement le droit, le contredit-il tranquillement. Tu me l’as donné.
Caleb courait sur le pont, les mains tendues vers le mât lorsque le monde se renversa. Il sentit ses pieds quitter le bois, et l’espace d’un instant – un de ces instants qui durent l’éternité –, il ne pesa plus rien. Il vit les embruns gicler autour de lui, les cordages se rompre, les bastingages se fendre et d’autres corps chuter à ses côtés vers le ventre bouillonnant de l’océan.
L’impact expulsa tout l’air de ses poumons, annihilant son cri.
L’eau glacée se referma sur lui.
Et le silence se fit.
Il essayait de courir plus rapidement que les larmes qui barraient ses joues de cicatrices argentées, à la fois brûlantes et glacées. S’il allait assez vite, peut-être qu’elles finiraient par s’arracher, qu’il réussirait à les semer, elles et toute la douleur, toute la violence et l’absurdité…
Mais nul ne courait assez vite pour ça.
Une goutte de sang perla.
Il vit un filament pourpre glisser le long de son bras, se déliter et heurter la terre… pour disparaître instantanément. Au même instant, une branche poussa jusqu’à hauteur de son visage et il dut tourner la tête pour esquiver l’épine qui faillit l’éborgner.
Puis tout se figea de nouveau.
Haletant, le cœur battant à tout rompre, Éric prit garde à ne plus faire le moindre mouvement, la main crispée sur sa blessure.
La forêt d’épines se nourrissait du sang de ses victimes.