J'ai déplacé l'éléphant
Auteur
- Patrick Sébastien (Écrivain)
Classement en biblio - 4 lecteurs
extrait
— Quand y a pelouse, y a match !
Alors effectivement, cette phrase est dénuée de toute délicatesse. Machiste, sexiste. Je me doute qu’elle ne sera pas la préférée de mon si cher éditeur. De la tenue, Patrick, de la tenue ! Il a raison. Mais je suis un rapporteur du quotidien. Et dans le quotidien le plus abrupt, l’expression oratoire se soucie peu des convenances. Le gros mot fuse. Parfois en ponctuation, comme « Putain, con ! », dans le Sud. Souvent en exutoire.
Et là, on touche à la sociologie. La grossièreté des mots ne s’étalonne-t-elle pas à la vulgarité d’une société emprisonnée ? Il faut bien exulter d’une manière ou d’une autre. Alors on expectore du trivial, du gras, du vulgaire. En secours. En évasion. Et va savoir si cette vulgarité n’est pas parfois l’expression imagée d’une réalité bien plus profonde ? C’est le cas de le dire. Surtout dans cette repartie d’un ami à qui je demandais pour qui il avait voté aux dernières élections présidentielles.
Il aurait pu me faire une réponse polie. Politiquement correcte. Argumenter que, déçu par de vaines confiances précédentes, il avait renoncé à exprimer ses envies en cautionnant un menteur de plus. Il aurait pu formuler ça de cette façon :
— Désenchanté par mes expériences passées, cette fois, j’ai préféré donner ma voix à un candidat qui ne se présente pas. Un acteur dont le nom représente à lui seul l’extrême amplitude de nos désillusions.
Ça, ça aurait été rhétoriquement correct. Voire sujet à débat dans une de ces luttes médiatiques insignifiantes entre Éric Naulleau et Éric Zemmour. On aurait pu disserter, sans qu’aucun censeur de vocabulaire y mette le nez, sur les raisons sociologiques qui alimentent une abstention galopante. Mon ami a préféré cette expression triviale imagée qui en disait tout autant :
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Date de sortie
J'ai déplacé l'éléphant
- France : 2020-06-18 (Français)
Activité récente
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Editeurs
Résumé
« C’était un soir de blues après mon éviction sauvage de la télévision. J’argumentais en vieux con à grands coups de “c’était mieux avant”, le tout accompagné d’un spleen qui oscillait entre le découragement et, quand même, la satisfaction du devoir accompli. Alors une jeune fille m’a offert une phrase inoubliable. Un proverbe indien : Si tu vois tout en gris, déplace l’éléphant !
J’ai applaudi. Double déclic. D’abord l’évidence qu’il fallait bousculer le pachyderme. Virer la grisaille qui encrassait mes enthousiasmes. Et ensuite, m’est venue l’idée d’écrire ce livre.
Alors voilà ! Je vais t’offrir des phrases inoubliables. Des répliques de la vie courante que j’ai entendues ou qu’on m’a rapportées. Inédites. Des fulgurances à rendre jaloux tous les dialoguistes du monde. Leur brièveté en dit souvent bien plus long qu’un discours ou qu’un traité philosophique. Elles sont le reflet de ce que l’âme humaine a de futile ou de grave.
L’humour, La mort, la vie, la dérision, la maladie, l’espoir, le dépit, l’amour. Un miroir de nous. »
Avec sa truculence, son humour,sa gravité parfois, et toujours son humanité, Patrick Sébastien signe un ouvrage savoureux, à consommer sans modération.
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