Extraits

« Il n’y a rien de pire que vouloir quelque chose, le convoiter comme jamais en sachant pertinemment qu’on la perdra.

J’aurais aimé être un homme différent, pour toi. Juste pour toi. Pour t’avoir et te garder, au-delà de nos différences et de tous ces maudits secrets. »

« — Pardonne-moi de ne pas être quelqu’un d’autre, Primo, je murmure à peine. Pardonne-moi d’être à ce point terrorisé par tout ce qu’il nous arrive. J’ai peur de toi et de ce que je ressens. C’est pire qu’une traque. C’est se chasser soi-même. »

« 

— Markus, parle-moi.

Je me maudis en sentant mes yeux se remplir de liquide. Primo me parle d’une vie que je n’ai jamais connue et d’un avenir, que je ne me laisserai pas connaître.

— Je n’y arrive pas. Je n’avais pas prévu ton déluge dans ma vie, Primo, j’avoue. »

« — Tu sens ? je demande.

— Quoi ?

— Cette sensation que t’as devant ce spectacle. Les éléments qui se déchaînent, comme si la terre te rappelait sa présence et l’espace que tu occupes sur elle. On se sent tout petit devant un orage, on n’est rien face à ça, une minuscule particule dans l’univers. Ça remet les choses à leur place je trouve.

Markus penche la tête en arrière pour me regarder, il se retient de rire.

— Je ne te savais pas si philosophe.

— Va te faire foutre, je lance.

— Je n’ai pas dit que c’était mal.

— Tu n’as pas besoin de le dire, je le vois.

Il se retourne sur le ventre, son corps échappe au mien et son visage redevient sérieux quand il le lève dans ma direction.

— Ça me fait penser à nous, il reprend, l’orage et ce que tu décris, c’est nous. 

Je reste surpris de l’entendre dire des choses comme ça, il n’est pas du genre à mettre des mots sur notre relation, à qualifier ce qui se passe de « nous ».

— On n’est rien face à ce qu’on ressent, on est des particules minuscules dans un grand tout, prêtes à être détruites par un orage.

Je le dévisage en sentant mon cœur battre plus fort dans ma poitrine, je me répète que je ne rêve pas, que c’est comme son corps : réel. Sa main se pose sur mon torse, son regard ancré dans le mien, il me caresse doucement.

— Markus… je grogne.

Il fait descendre sa main sur mes abdos, l’excitation me gagne quand je vois ses yeux qui m’envoient froidement son désir et sa main brûlante sur ma peau.

— Tu es mon orage, Primo. 

Je ferme les yeux, ma tête part en arrière alors qu’il saisit ma queue bandée dans sa main. Sa voix est rauque, son accent prononcé me fait autant vibrer que ses mots et ses gestes.

— Tu m’as ramené à ma place…

J’ouvre les yeux, il se hisse à ma hauteur, sa main continue son manège sur mon sexe, sa bouche vient se coller à la mienne, mais il ne m’embrasse pas. Il me dévisage en laissant son souffle effleurer mes lèvres.

Je ne l’ai jamais vu comme ça, ce mélange de sincérité et de désir dans son regard, cette tension dans son corps qui ne demande qu’à lâcher, me fait trembler.

Il sourit en voyant ma réaction et son front vient se poser sur le mien.

— Et tu vas me détruire.

Je jure, attrape sa nuque et l’embrasse sauvagement. Je ne le détruirai pas. Jamais. Je l’aimerai s’il me laisse faire, je ferai tout pour le rendre heureux s’il me laisse de la place, mais je ne le détruirai pas. »

« Markus paraît fort à première vue, il paraît même indestructible et sans cœur quand il est lancé dans sa traque, mais dans sa vie, dans ce qu’il est, c’est un oisillon apeuré qui n’est pas prêt à prendre son envol. Cette contradiction en lui me rend dingue, totalement. Ça m’attire, ça me prend la tête et le cœur, ça me retourne complètement et ça va m’achever si je ne fais pas quelque chose.  »

«  Je me demande tellement de choses à son propos qu’il devient l’énorme point d’interrogation de ma vie, le seul que j’ai envie de résoudre et de comprendre. »

« Je souris en mâchonnant mon cure-dent, trouver les nazis sera plus simple que faire comprendre à Markus qu’être homosexuel n’est pas mal. Cet homme est un foutu entêté et c’est ce qui me plait. Le défi qu’il représente, l’envie de briser ses convictions et de le posséder réveille en moi d’étranges instincts. Il souffre de ce qu’il ressent pour les hommes, il a mal de me désirer alors que tout pourrait être simple. Cependant, pour le reste, il paraît invincible. Cette contradiction qu’il incarne me déstabilise. Markus est encore plus dangereux que cet avion et pourtant je n’hésiterai pas deux secondes à m’envoler avec lui. »

« Je le déteste parce qu’il est curieux, je le hais parce que j’ai envie de lui, et je le maudis d’être comme il est, parce que je ne suis pas habitué à devoir compter sur quelqu’un pour m’aider. »

« Je pose le verre sur la table basse, me lève pour quitter ce maudit appartement et l’homme auquel il appartient.

C’est bien Markus, tu as tenu dix minutes sans t’énerver, sans le plaquer contre un mur pour embrasser ses lèvres insolentes qui te font bander.

Jolie maîtrise. »

« Au fond de moi, je me demande qui prend le plus son pied, moi à le pousser à bout, ou lui à me jeter du haut de la falaise en attendant que j’arrive au sol. »