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Le garçon, assis au bar, pose ses yeux sur moi. Je le vois froncer les sourcils avant de se précipiter vers moi. En quelques gestes, il arrive à fendre la foule et me rejoint aussitôt. Je lève les yeux vers lui alors que je l’entends prononcer mon prénom. Je hoche la tête. Je ne sais plus vraiment où je suis. Je perds pied. Je trébuche vers les abymes, dans ce vide où je ne trouve aucune prise pour me rattraper. Il prend mon visage entre ses mains. Je l’entends me dire malgré le bruit ambiant :
— Laura, calme-toi. Respire. Concentre-toi sur ma voix, juste sur ma voix.
Je m’accroche à cette voix à la fois calme et grave, mes mains agrippées à cet homme que je ne connais pas mais qui semble être aussi providentiel qu’une bouée au milieu d’une tempête. Mes épaules se soulèvent et je sens mes poumons se remplir d’air de nouveau. La panique me quitte au bout d’une longue minute, mon regard concentré sur ses deux yeux gris et sa voix si apaisante.
— Bravo, c’est bien. Viens t’asseoir quelques minutes, me dit-il en me montrant le bar.
Autour, les gens me regardent comme une bête de foire. J’ai honte. J’observe cet homme quelques secondes, interdite, et je me dis que ça ne va pas le faire. Il n’a rien à voir avec un psy. Quel professionnel digne de ce nom donnerait rendez-vous à une patiente dans un bar ? J’ai failli m’évanouir à cause de cet endroit.
— Je suis navrée, je ne pense pas que je vais rester. Je suis désolée de vous avoir fait perdre votre temps.
— Mais Laura, reste un peu, me dit-il en me dévisageant.
Je n’ai pas besoin d’un type qui veut jouer les psys, et encore moins d’un guignol qui pense à se taper tout ce qui bouge.
— Non, je ne pense pas que ce soit un lieu pour moi, je dis en regardant tout autour de moi avec angoisse.
— Ce sont les cris de femmes, c’est ça ?
— Quoi ?
— Ce sont les cris des femmes et la foule qui te font basculer dans les crises ?
— Oui, je réponds, agacée, en le surprenant en train de me toiser de la tête aux pieds.
— Ça commence par une paralysie des jambes ?
— Oui… J’essaie de partir mais il me retient avec ses questions.
— Tu n’arrives plus à respirer ?
— Je suis bloquée, mes jambes ne répondent plus.
— Et j’ai vu tes yeux papillonner, tu as des flashs ?
— Ouais c’est ça, j’avoue, nerveuse.
Il se retourne vers la serveuse et lui dit en lui montrant un billet :
— Bonne soirée, Sandy.
— Salut, Mat.
Il repose ses yeux sur moi alors que mes bras sont collés sur ma poitrine.
— Viens, on va sortir d’ici avant que tu fasses un malaise.
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