Je, François Villon

Ce livre est une biographie romancée de François Villon à la sauce Teulé.

On est plongé dans un univers cruel, brutal et glauque. Jean Teulé nous fait découvrir le Paris médiéval ( sale et malfamé ) ainsi que la société de l'époque.

Ce roman est à lire absolument. C'est irrévérencieux, caricatural, ironique et caustique. Bref, du grand Teulé.

Onzième Teulé que je lis et pour le moment, c'est celui que je préfère, tant pour le style toujours prenant de l'auteur que sa capacité, dans ses romans "historiques" à développer avec rigueur la vie de son personnage et son époque.

J'ai aimé suivre la vie de François Villon, enfant pauvre, trop tôt orphelin, suivre un bien mauvais chemin tout en sachant écrire de très beaux textes, être un très mauvais homme et en subir les conséquences "douloureusement" sans craquer... et livrer encore de beaux textes avant de disparaître dans l'éternité.

Un excellent Teulé pour un très bon poète.

Ce premier tome révèle le contexte rude dans lequel évolue notre personnage. Le suspens évolue en même temps que François qui nous reste distant en tant que lecteur. Les péripéties s'enchaînent et j'ai vite accepté sa condition qui pouvait me révolter au début. Me laissant attentive au choix du personnages et à son histoire.

Mon livre favori ! L'écriture est en corrélation avec l'histoire. Absolument parfait selon moi.

Toujours autant de cynisme et d’humour noir dans les romans de Jean Teulé qui permettent de découvrir ludiquement la vie dissolue de nombreux personnages historiques réels. Ici, c'est le poète auteur de La Ballade des pendus qui est mis à l'honneur à travers un récit déjanté, un vrai régal !

De cet auteur, j'avais déjà beaucoup aimé "Charly 9" voilà quelques années. Le temps me manquant, et d'autres lectures ayant été prioritaires, je me suis remis bien tard à sa plume avec cette vie romancée de François Villon, mais ce fut un délice. J'ai retrouvé ce que j'avais savouré chez Jean Teulé : cette plume affûtée qui aborde d'un point de vue moderne des choses anciennes sans tomber dans les pièges que cela induit, cette capacité à manier les styles, à passer tour à tour de la comédie légère ou lourde, amusante ou choquante (mais quel choc fabuleux !), à des élans plus tragiques et pathétiques.

J'ai aimé voir que l'auteur a travaillé son sujet, effectué de longues recherches (je le remercie d'ailleurs pour la bibliographie en fin d'ouvrage qui ravit le médiéphile en moi) pour mieux représenter son temps. Il réussit le pari, en dépit de ce cadre détaillé, de ne pas tomber dans un style académique et pesant, ni de se prétendre historien, car il s'agit bien d'une histoire avant d'être de l'Histoire. Beaucoup d'éléments sont aujourd'hui encore méconnus à propos de François Villon, malgré les études des spécialistes qui nous en ont déjà révélé beaucoup à son sujet ; Teulé a donc été contraint de faire des choix, de prendre des partis, et c'est un franc succès.

Villon est ici l'incarnation même de la figure du poète maudit. Il est né de la misère, a grandi dans la misère. La vie lui a offert l'opportunité de s'en sortir : il l'a saisie, sans délaisser son passé, jouant ainsi entre deux mondes, celui du clergé bourgeois et celui des marginaux frauduleux. On se surprend à aimer, plus rejeter le personnage, puis à l'admirer, puis à le haïr. Il réalise des prouesses magnifiques, puis commet des actes abominables. Et ce contraste d'amour et de haine ne titille pas que le lecteur, puisque le personnage-narrateur le subit de plein fouet ; il se complaît dans sa misère ordurière tout en se détestant - les derniers chapitres, où il se heurte à la réputation d'artiste et de vaurien qu'il a acquise, l'illustrent à merveille. Le rendu est excellent, et j'oserais même dire génial.

J'étais presque triste de refermer ce livre, d'y abandonner le poète-ribaud. Spoiler(cliquez pour révéler)Un autre fait marquant : nous n'avons à ce jour aucune trace de François Villon après son bannissement de Paris, aussi Teulé a-t-il choisi de clore son roman là-dessus, sans essayer d'imaginer une prolongation de son existence. La scène est belle : les gardes parisiens l'amènent hors de la ville et le regardent rapetisser au fur et à mesure qu'il s'éloigne d'eux. Cela laisse une impression d'inachevé... Mais d'inachevé maîtrisé. On a envie d'en savoir plus, mais en même temps cela se suffit pleinement.

Poésie, humour, aventure aussi - il y en a pour tous les goûts. Un avertissement néanmoins aux personnes sensibles, car plusieurs scènes pourraient choquer. Pour ma part, c'est sans hésitation que je reviendrai vers Teulé.

Le Moyen Age du "Parfum" de Süskind, l'Inquisition, la révolte estudiantine, la débauche, le froid, le chaud, la pauvreté crasse et l'horreur, Paris omniprésent et revisité, avec en point de croix les vers de François Villon...Plaisir de lire ses vers et sa biographie....surtout revue et corrigée par Teulé !!!! Du Jean Teule pur jus , un récit qui est parfois difficile tant la description de l'auteur nous plonge dans un réalisme très cru . frémit, on vibre, on vit... Quelle époque !

Avis complet sur mon blog : https://audenvl.wixsite.com/lesbouquineuses

Je ne sais pas vraiment quoi dire après une lecture pareille. Le monde de Villon est plutôt particulier. On ne voit que la monstruosité aberrante de l'humain et parfois l'horreur est tellement partout autour de soi qu'on a l'impression de sentir son estomac se retourner. En même temps, lire ça quand on est malade ne doit pas beaucoup aider... Le plus étonnant c'est que la lecture n'est pas non plus complètement pénible, on ne se dit pas "Courage, il faut que je finisse ça avant de pouvoir souffler et me détendre avec un livre un brin plus fun". Si on lit du Teulé, on se doute bien que ça ne va forcément nous faire plaisir. Et puis, ça va peut-être vous paraître affreusement tordu, mais tout à coup, au détour d'une phrase, on ne peut pas s'empêcher de rire ! Ce n'est pas que ce qu'on vient de découvrir est particulièrement marrant mais l’horreur quotidienne combinée avec une injustice révoltante et une violence automatique ont parfois des airs tellement noirs et glauques que ça en devient drôle. Une découverte de Villon intéressante mais que je ne sois pas certaine de relire tout de suite. Plus tard, sûrement... Juste le temps de digérer.

J'ai trouvé certains passages très bons, d'autres un peu longs. Les actes de barbarie m'ont fait froid dans le dos. Je n'ai pas toujours compris les choix de François Villon.

Malgré tout, je ne regrette pas d'avoir lu ce livre.

François Villon, de Jean Teulé

Plongée en apnée : pestilence, chairs ouvertes, viscérale cruauté. Nous sommes en Moyen Age, du côté des indigents, des écorchés. Le jeune François lève ses yeux vers le ciel où se balance son père, pendu, puis vers la terre qui a absorbé vive sa mère, et de son cri silencieux nait un chapelet de mots et de rimes. Il sera poète, pour rire et pour pleurer, pour vivre encore une impossible tragédie. La Camarde se coule dans le pas de Villon et Teulé, fascinant de justesse, leur emboite le pas comme une ombre.