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Le lendemain matin après l'appel, les kapos rassemblèrent le bétail. Certains furent emmenés dans les usines, qui se trouvaient à proximité du camp, ces esclaves travaillaient à grossir les bénéfices des industriels allemands. D'autres, comme moi par exemple, furent mis au travail dans le camp même.
Nous étions des maçons mais à l'époque je ne savais pas vraiment ce que nous construisions. Maintenant je sais que j'aidais à l'expansion d'une vaste entreprise d'extermination, une entreprise qui allait anéantir six millions d'individus de la surface de la terre.
Afficher en entierAuschwitz était le camp le mieux gardé d'Europe, un secret que les nazis étaient bien décidés à ne pas laisser révéler, car si jamais un murmure s'en échappait, le mouton ne se laisserait plus conduire si tranquillement à l'abattoir.
Afficher en entier« Après tout…je suis quand même un mouton que l’on mène à l’abattoir ! »
Afficher en entierJe regardais fixement cette chute d’eau scintillante et me tournai vers le mécanicien qui s’appuyait hors de la cabine, flegmatique, ne prêtant aucune attention au train étrange venu de nulle part. Je lui tendis par la fenêtre un de nos bidons et lui demandai
-Voulez-vous le remplir d’eau s’il vous plaît Monsieur ?
Nous étions si près l’un de l’autre que nous aurions pu nous serrer la main mais il n’avait pas l’air de le vouloir, bien au contraire, il continua obstinément à fixer l’horizon. Je jetai un coup d’œil le long des voies et je vis que les SS qui surveillaient le train ne regardaient pas de notre côté ; je lui dis en insistant :
- Allons, l’ami, donne-moi de l’eau.
Continuant à regarder droit devant lui, il finit par me dire sans tourner la tête :
- Je ne vais pas me faire fusiller pour vous autres, bande de salauds !
En y réfléchissant aujourd’hui je peux comprendre son attitude. Des ordres précisaient que tout civil surpris en train d’aider les gens des convois serait immédiatement fusillé et les SS n’hésitaient jamais. Une balle dans la nuque est un prix élevé à payer pour remplir d’eau un bidon.
Afficher en entierC’était, je le savais si bien, la fin.
Afficher en entierInévitablement, je tombai follement amoureux d’une jeune fille à laquelle je n’avais encore jamais parlé.
Afficher en entier"Je serai encore en vie que vous serez morts tous les deux." Un mois plus tard, une épidémie de typhus exanthématique ravagea le camp et les deux Polonais succombèrent.
Afficher en entier-Y aura-t-il des écoles, des terrains de jeux, là-bas, comme il y en a chez nous ? Y aura-t-il beaucoup d’enfants ?
Son père passa gentiment sa main dans ses cheveux et lui dit : -Oui, ma chérie, il y aura des écoles, des terrains de jeux, tout ce que tu veux. Tu t’y plairas mieux qu’à la maison.
Elle serra sa main et sourit.
Afficher en entier- Savez-vous pourquoi je vous ai demandé vos papiers ? Je fis non de la tête.
– Quand je vous ai vu à la crèmerie vous portiez deux paires de chaussettes, deux paires de chaussettes par cette chaleur ! Ces deux paires de chaussettes m’ouvrirent les portes d’Auschwitz.
Afficher en entierAlors que les femmes continuaient à marcher, leurs visages gris semblaient se brouiller devant mes yeux quand soudain l’un d’eux jaillit de la brume et frappa ma mémoire : c’était ma cousine Eva. Eva de Topolcany. […]Spoiler(cliquez pour révéler) –Rudi ! Un fouet s’éleva et retomba mais Eva ne vacilla pas. Je levai la main, elle leva la sienne en un superbe geste de défi et en passant à dix pas de moi elle dit encore : - Adieu, Rudi, adieu. Le fouet frappa à nouveau mais sans plus d’effet qu’une tape sur une mouche, ce n’était pas une fille ordinaire, Eva. Sa voix n’était pas forte mais vibrante de courage, pas de plainte, pas d’appel à la pitié. C’était un esprit fort qui n’avait pas renoncé à lutter même au bord de l’abîme. –Adieu, Eva, bonne chance ! Des mots fous sans aucun sens, des mots vides car je savais et elle savait que la chance ne pouvait plus rien pour elle. Je savais et elle savait qu’elle allait mourir.
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