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Au début de 1954, une jeune fille de dix-huit ans, Mademoiselle Quoirez, qui a choisi le pseudonyme de Françoise Sagan, dépose aux éditions Julliard le manuscrit d’un court roman : Bonjour tristesse. Le livre paraît en mai en même temps que beaucoup d’autres et sans aucune publicité. Un an après, le tirage dépasse un million d’exemplaires en France, et Françoise Sagan est célèbre dans le monde entier où son livre est traduit dans vingt-cinq langues. Célèbre, mais pas très bien connue peut-être. Quelques années plus tard, à une enquête sur les personnages contemporains célèbres, la plupart des personnes interrogées répondront : « Françoise Sagan ? Ah, oui, la vedette de cinéma. »
Ah ? J’avais oublié.
Oui. C’est que, tout de suite, il y a eu autour de vous une légende : l’argent, le whisky, les boîtes de nuit, les voitures de sport… Tout ce qu’on prête plutôt, en effet, à une vedette qu’à un écrivain. Vous aviez écrit un livre, et puis vous vous êtes retrouvée star. Comment porte-t-on tout cela à vingt ans ?
J’ai porté ma légende comme une voilette… Ce masque délicieux, un peu primaire, correspondait chez moi à des goûts évidents : la vitesse, la mer, minuit, tout ce qui est éclatant, tout ce qui est noir, tout ce qui perd, et donc permet de se trouver. Car on ne m’ôtera jamais de l’idée que c’est uniquement en se colletant avec les extrêmes de soi-même, avec ses contradictions, ses goûts, ses dégoûts, ses fureurs, que l’on peut comprendre un tout petit peu, oh, je dis bien un tout petit peu, ce que c’est que la vie. En tout cas, la mienne.
Ce goût de la fête, de l’excès, dont vous parlez semble assez curieusement s’être accompagné d’une grande discrétion dans les apparences. Les journaux ont beaucoup parlé de votre éternelle petite robe noire et du rang de perles qui ont été longtemps votre uniforme.
La fête est une chose secrète, sacrée et sacrilège. La fête ne se fait pas avec des plumes dans une boîte de nuit, elle se fait dans le noir avec quelqu’un. Quant à la robe noire, c’est lointain. J’aime bien m’habiller à présent, et de toute façon, j’ai perdu les perles.
Ce n’est un secret pour personne que, pendant toute une époque de votre vie, l’alcool a été pour vous un compagnon presque permanent. Qu’y trouviez-vous ?
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