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Je ne suis pas une PME



Description ajoutée par Hrader 2012-09-06T17:33:02+02:00

Résumé

L'université québécoise est en pleine mutation. De plus en plus sous le contrôle d'intérêts financiers privés, elle semble peu à peu délaisser le savoir au profit de l'avoir et adopte largement le vocabulaire et la ligne de pensée de l'économie : clientèle, efficience, capital humain, compé­tence, compétition, rentabilité, investissement, subventions, partenariat public-privé, privatisation, brevet... Des exemples ? - L'Université Mc Gill offre un diplôme de MBA au coût de 30 000$ par année. Il est donc possible au Québec de défier la justice et la loi sans remuer les consciences et l'opinion publique.- Pour des raisons de rentabilité, une institution envisage de fermer le département de philosophie ou de chimie pour offrir des cours de tourisme gastronomique.- Il est désormais facile et courant d'obtenir un doctorat en éducation sans jamais avoir lu Platon, Montaigne ou Rousseau. Une usine à diplôme, l'université ? L'étudiant doit-il être perçu comme un « client » et le fruit de ses recherches un « produit » régulé par les dictats de l'industrie ? Au nom de la rentabilité à tout prix, nous dit Normand Baillargeon, l'université est en voie de devenir le symbole de notre faillite intellectuelle. Autopsie d'une catastrophe en train de se produire...

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Classement en biblio - 2 lecteurs

extrait

Extrait ajouté par leopold67 2012-03-24T23:48:07+01:00

Je soutiens qu’un certain discours, souvent appelé « néolibéral », ainsi que les pratiques qu’il a inspirées depuis plus de deux décennies ont profondément ébranlé l’idéal incarné par l’université.

Je ne suis pas une PME; plaidoyer pour une université publique, Collection "Essai libre", Les éditions Poètes de Brousse, 2011, Montréal, 91 pages.

J’avais une visée toute simple, mais fermement résolue en écrivant ce petit ouvrage : je souhaitais qu’il contribue à nourrir en chacun de nous cette triple conviction qu’une réflexion collective sur l’université s’impose d’urgence à nous, que nous ne pouvons plus l’éluder et que nous devrions nous donner les moyens de la tenir.

Mon point de départ est qu’une profonde transformation de l’université est en cours et que la distinction que proposait le regretté Michel Freitag (Le naufrage de l’université, 1998) entre institution et organisation permet d’en saisir les dimensions les plus saillantes.

À cet égard, notre situation au Québec n’est aucunement inédite et une abondante littérature est désormais consacrée à cette transformation, tant au Canada anglais qu’aux États-Unis ou en Europe — où elle se rattache au Processus de Bologne.

Outre Freitag, Aline Giroux avait, chez nous, tiré la sonnette d’alarme sur la transformation de l’université dans son remarquable Pacte faustien de l'université (Liber, 2006). À eux, comme à Noam Chomsky (Permanence et mutations de l’université, PUQ, 2010), ma propre réflexion doit beaucoup; ses insuffisances sont bien entendu miennes, et miennes seules.

L’université transformée dans ses principes

Je soutiens qu’un certain discours, souvent appelé « néolibéral », ainsi que les pratiques qu’il a inspirées depuis plus de deux décennies ont profondément ébranlé l’idéal incarné par l’université, celui d’une institution où s’accomplit « la vie de l’esprit de ces êtres humains qui […] sont portés vers la recherche et l’étude », pour emprunter ces mots à Wilhelm Von Humboldt (1767-1835), et font de plus en plus d’elle un « complexe industrialo-académique ».

L’enseignement, la recherche et la vie universitaire ont ainsi été sommés de s’inscrire dans une logique de rentabilité et d’adaptation fonctionnelle des individus aux exigences de l’économie, toujours présentées comme indiscutables et décisives. L’université tend ainsi à être de moins en moins définie par les exigences internes de son activité spécifique et à l’être de plus en plus par ces critères extérieurs.

Certains vocables devenus d’usage courant à l’université — clientèle, efficience, capital humain, compétence, compétition, rentabilité, investissement, subvention, partenariat public-privé, privatisation, brevet, et ainsi de suite — témoignent de la diffusion et de l’acceptation de ces idées et de certaines pratiques inspirées par l’adoption d’un paradigme commercial et entrepreneurial. Et s’il est vrai qu’historiquement l’université n’a aucunement répugné à entretenir des liens avec diverses institutions sociales, notamment économiques, et à leur apporter diverses contributions souvent appréciables, ce n’est pas la même chose que d’en adopter les normes, les principes et les modes de fonctionnement. Or, c’est cela qui est radicalement nouveau et qu’il s’agit de comprendre au moment où le capitalisme lie son destin à celui de l’économie du savoir et où l’université, tout comme l’éducation en général, est sommée de se repenser et de se remodeler selon les exigences propres à une telle économie.

Je m’efforce ensuite de décrire les aspects qui me semblent les plus remarquables et les plus préoccupants de cette transformation sur les plans de l’enseignement, de la recherche et de la relation que l'université entretient avec la société qui l'abrite.

Voici quelques-unes des idées que je défends à ce sujet et que je tenais tout particulièrement à soumettre au débat public.

1. L’ennemi intérieur

S’il existe bien ce qu’on pourra appeler un ennemi extérieur de l’université, qui cherche à la soumettre à ses propres fins, sa pénétration dans l’institution a été grandement facilitée par ce que j’appelle l’ennemi intérieur, lequel prend typiquement la forme d’un aveuglement volontaire et d'un consentement intéressé qui parfois signent aussi, hélas, le renoncement à ce que l’université et la vie de l’esprit ont de plus unique et irremplaçable.

2. Une analyse différenciée selon les secteurs

Je pense que l’université, riche d'une longue histoire, se présentant sous des formes diverses et abritant des poursuites intellectuelles nombreuses et variées, se prête mal à de hâtives généralisations. C’est pourquoi je précise à de nombreuses reprises que si la tendance lourde que je décris est bien réelle, ce qu’elle implique dans tel ou tel secteur devra être examiné de près et pourra bien souvent se révéler fort différent d'un secteur à un autre.

3. L’enseignement

L’augmentation de la taille des groupes, le recours massif à des personnes chargées de cours, l’exode des professeurs vers les études supérieures, le clientélisme sont, sur le plan de l’enseignement autant d’aspects préoccupants de la crise actuelle de l’université.

Je suggère que l'on devrait y réfléchir (et y réagir) à partir de ce que signifie enseigner à l'université. Je propose la définition suivante : ce qui caractérise l’enseignement universitaire, qu’il s’agisse d’un enseignement à vocation essentiellement professionnelle (le droit, la comptabilité, la médecine) ou essentiellement théorétique (les études littéraires, la sociologie, la philosophie, la physique), c’est son ambition de faire pénétrer chacun des étudiants dans une tradition intellectuelle qui institue une relation critique avec cette activité professionnelle ou cet effort de théorisation, de manière à faire de lui un participant à ce qui, en bout de piste, n’est rien de moins que la grande conversation critique que l’humanité entretient avec elle-même. L’ambition, en bout de piste, est d’inscrire des théories et des pratiques dans une perspective normative et de les organiser en un ensemble harmonieux et cohérent dont on espère qu’il forme un idéal de vie individuelle et collective.

4. Les efferts pervers de la recherche subventionnée

La primauté désormais accordée d'emblée à la recherche subventionnée est préoccupante. Elle participe en certains secteurs d'une inacceptable volonté d’appropriation de la recherche universitaire par des intérêts privés, d'une détermination de l’extérieur de ses objets, d'une privatisation de ses résultats. En d’autres secteurs, notamment les humanités, cela érige en norme (la recherche subventionnée) ce qui n'est pas toujours nécessaire ou possible, et ceci au détriment d’une forme pourtant incontournable de la vie intellectuelle qui est l’étude de la tradition, laquelle ne coûte rien et ne peut guère se poursuivre ailleurs qu’à l'université.

5. Réaffirmer le caractère public de l’université

L’ouvrage défend l’idée d’université publique, mais reconnaît que ce vocable reste vague. Je m’efforce donc de le préciser. Je propose trois grandes séries de questions dont les réponses sont décisives pour déterminer si les relations qu’entretient une université avec la société qui l’abrite font d’elle, ou non, une université publique. Tout d’abord, quelles sont les sources du financement de ses activités? Ensuite, que réalise-t-elle avec ce financement? — autrement dit, quels sont les activités, les biens et les services qu’elle produit ou génère ? Enfin, comment cet ensemble est-il diffusé hors de l’université, et à qui et sous quelles modalités est-il rendu accessible?

6. Des critères pour penser ce caractère public de l’université

Selon quels critères juger du caractère public ou non d'une université, sur ces trois plans? J’en avance trois, que l’on modulera comme il se doit selon les différents secteurs et départements de l’université concernés (médecine, humanités, arts, éducation, ingénierie, etc.), où, à n’en pas douter, ils s’appliqueront chaque fois un peu différemment — mais je ne peux entrer ici dans ces (importantes) considérations.

Ces critères sont : la compossibilité des biens produits, c’est-à-dire le fait qu’en les donnant à autrui on les possède encore (c’est le cas du théorème de Pythagore; pas d'un brevet d'invention); la multiplicité des relations (« Par définition, l’université entretient des relations avec un nombre potentiellement très large de regroupements au sein de la société. La multiplication de la quantité et de la qualité de ces liens librement consentis est un indice du caractère public d’une université. Elle témoigne que l'université et ses riches ressources ne sont pas monopolisées par un groupe et par ses intérêts particuliers. Je soutiens donc qu’une université publique doit encourager dans son enseignement et sa recherche la multiplication de ces relations. »); la liberté universitaire, et en particulier la possibilité de choisir ses objets et ses méthodes de recherche, qui devrait être défendue bec et ongles partout où elle est menacée.

7. Le domaine de la lutte

Ce livre se ferme sur des propositions d’action. J’y prône notamment la lutte contre ce qui mine de l’intérieur l’université dans sa mission fondamentale; je préconise de se porter aujourd’hui à sa défense contre ces nouveaux ennemis, depuis ces programmes bassement utilitaires qui ont été mis en place jusqu’à cette recherche aux visées mercantiles, en passant par les modes de gestion qui rendent possible cette métamorphose et qui la font croire importante, utile et inévitable; je préconise la poursuite et la défense de cette recherche libre, qui est de plus en plus menacée, le refus de prendre part à des activités au contenu intellectuel douteux, mais d’une grande rentabilité, et le refus de se plier aux diktats des entreprises ou de l’État; je prône aussi la création de cours libres, crédités ou non, pouvant se donner au sein de l’université, mais aussi hors et indépendamment d’elle. Je réclame enfin et surtout la tenue d’états généraux de l’université, moment de délibération collective sur ce que nous voulons que soient nos universités.

8. De la sécession

La dernière piste de réflexion que je mets de l’avant reprend une idée qu’exprimait il n’y a pas si longtemps un libertaire américain bien connu, Paul Goodman (1911-1972). Son point de départ était le suivant :

Qu’ont fait, demandait-il, à divers moments de l’histoire de l’université depuis le Moyen Âge, certains universitaires et certains étudiants quand la forme prise par cette institution ne leur convenait plus du tout? Ils ont fait sécession. C’est même souvent à travers cette dissidence que l’université a trouvé de quoi se régénérer.

De telles sécessions ponctuent l’histoire de l’institution. La dernière en date et la plus célèbre est celle de la création de la New School of Social Research, de New York, née de la sécession de professeurs dissidents des universités Stanford et Columbia.

Faisons-le une fois de plus, suggérait Paul Goodman en 1962. Je reprends à mon compte son idée, et j’imagine facilement une cinquantaine de professeurs accompagnés de quelque 300 étudiants fondant tous ensemble un institut universitaire voué au Studium Generale, à l’abri des désormais sclérosants contrôles extérieurs administratifs et bureaucratiques et des ennemis intérieurs aux mille visages, et sortant de la logique de la production et de la croissance à tout prix dans le but de fonder une véritable communauté intellectuelle.

9. Osez rêver

Bien des questions concrètes soulevées d’emblée par pareille proposition demeurent sans réponse, j’en suis pleinement conscient. Mais on a encore, j’ose espérer, le droit de rêver…



Sujets : politique scientifique, université

Présentation de l’auteur

Normand Baillargeon enseigne depuis 1989 la philosophie de l'éducation au Département d'éducation et pédagogie de l'UQAM. Il détient un doctorat en philosophie et un doctorat en éducation. Il a publié ou édité plus d'une trentaine d'ouvrages consacrés à l'éducation, à la philosophie, à la littérature et au politique. Militant libertaire, il a collaboré à de très nombreuses revues alternatives, et il écrit depuis dix ans pour la revue À Bâbord. Il tient cette année une chronique de philosophie à Radio-Canada dans le cadre del'émission Dessine-moi un dimanche. Ses derniers titres paru, outre l'ouvrage ici présenté : Liliane est au Lycée. Est- il indispensable d'être cultivé?, Flammarion, Paris, 2011 et: L'éducation, Flammarion, Paris 2011.

Intéressante propostion

Soumis par Normand Baillargeon le 23 Jan 2012 - 11:32

Je remercie M. Manceur d'avoir pris le temps de commenter mon billet et surtout de cette proposition, qui mérite réflexion. Je ne suis pas en mesure de la commenter de manière éclairante ou originale, mais il me semble que l'idée de complémentarité qu'il avance est intéressante. J'ai été heureux d'apprendre la tenue de cette discussion au Dialogue sciences et politiques 2011.

Une suggestion à concrétiser

Soumis par Ameur Manceur le 22 déc 2011 - 17:09

Il est vrai que le système universitaire québécois connaît beaucoup de changements, et que le mandat de l'université et la manière de remplir ce mandat sont en évolution. Cet article, court et stimulant, discute d'un grand nombre de sujets, et mentionne que des questions concrètes sont sans réponse. J'aimerais faire une suggestion d'une avenue possible pour financer un système universitaire public et libre : une fondation provinciale où le système privé peut financer certains secteurs plus appliqués de la recherche. La fondation aurait pour mandat de redistribuer un pourcentage de cet argent à travers tout le réseau universitaire sans exception. Aussi, elle servirait de pare-feu entre des intérêts orientés vers le profit (intérêts qui ont un rôle important de générateur de richesse pour la société) et un système universitaire libre qui préférerait une mesure non-monétaire de la réussite (et toutes les sociétés qui ignorent l'importance de se critiquer et de réfléchir finissent par périr).

Ainsi il me semble que plutôt que d'aller vers la sécession, je m'orienterais plutôt vers la complémentarité là où elle est possible. Plusieurs sujets d'intérêt ont été discutés lors du Dialogue sciences et politiques 2011 (http://www.dialogue-sp.ca/), et on y a notamment parlé de financement et de partenariat avec plusieurs suggestions qui complémentent la proposition de Monsieur Baillargeon.

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