Extraits

Vous étiez son héros… et maintenant vous êtes le mien.

Je sursaute lorsque je sens une main chaude dans la mienne. Je lève les yeux et la vois. Avec ses cheveux bruns et ses yeux incroyablement verts.

Elle m’entraîne à l’intérieur du bâtiment en silence. Je la suis, monte l’escalier et entre dans le minuscule appartement de mon frère. Je regarde autour de moi. Une photo de nous avec nos parents repose sur un meuble, à côté du canapé. Je la saisis et m’assois, le regard fixé sur nos visages souriants, insouciants, loind’imaginer les nombreuses épreuves qui nous attendraient, quelques mois plus tard.

La pluie me tombe dans les yeux, floutant ma vision. On croirait une apparition divine. Un ange triste se tient devant la tombe de mon frère. Une jeune femme brune, qui fixe le cercueil encore suspendu au-dessus du trou. Elle ne semble troublée ni par la pluie ni par mon regard curieux. Il n’y a que la tombe. Elle resserre les bras autour d’elle, comme si elle cherchait à se consoler elle-même. Elle ignore également l’employé

des pompes funèbres qui fait descendre Liam dans ce trou béant, sombre et boueux, avec sa machine, puis qui le recouvre de terre.

Quand la pluie cesse enfin, elle lève les yeux, et mon coeur ne sait pas s’il doit continuer de battre ou s’arrêter. Je suis transpercé par deux billes vert émeraude. Je sens mon dos frissonner et j’ai l’impression de voir le reflet de ma peine dans son regard.

Liam, mon petit frère qui rêvait de sauver le monde.

Je risque ma vie chaque seconde, je n’ai pas peur de la mort, ni du moment où elle viendra m’emporter. Comme certainement les gars de mon équipe. Tout le monde, ici, sait à quel point la vie est précieuse et qu’elle peut nous quitter chaque instant. Il suffit parfois de si peu de chose. Mais Liam, lui, faisait des études d’avocat. Il n’avait que vingt-quatre ans et la vie devant lui.

C’est moi qui aurais dû partir…

Je me laisse tomber à genoux et la peine me submerge, tandis que je pense à ce que j’aurais aimé lui dire avant qu’il me laisse, lui aussi, comme nos parents et nos grands-parents avant lui. Mon corps est secoué de spasmes ; je souffre le martyre de la perte de cet être d’exception. Je glisse les mains dans le sable chaud et tente de me raccrocher à cette nature hostile, priant pour qu’elle m’emporte loin de cette réalité.

Liam…

Mes yeux ne savent plus où se poser, et je ne suis pas sûr de pouvoir oublier un jour un tel spectacle. La lune éclaire sa silhouette, donnant à sa chemise de nuit une transparence incroyablement érotique. Tout n’est que jeu d’ombre et de lumière, mais je distingue l’arrondi de ses hanches, la lourdeur de sa poitrine, le galbe de ses jambes. Tout en elle est superbe, de ses cheveux décoiffés jusqu’à ses pieds nus. Jamais je n’ai vu femme plus belle et plus ensorcelante.