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Avec Jamal et Victor, on a inventé une chanson baptisée : le mantra de la perruque.
Faut croire en toiiiiiiiiii !
Faut croire en toiiiiiii, Débo !
La quintessence descend du ciel, et inonde des pages de copie, tu te relis, tu t'émerveilles, pourquoi, comment, mais c'est la viiiiiiiiiiiiiiiiiiiiie !
L'autre jour, Leïla est rentrée plus tôt que prévu et nous a trouvé, Jamal et moi, en train de beugler le mantra de la perruque dans le salon. On avait trouvé un karaoké en ligne et on changeait toutes les paroles pour "faut croire en toi". Victor nous regardait comme si on venait de lui avouer notre vraie nature : humain à l'extérieur, ver solitaire à l'intérieur. Une statuette en terre cuite avec des seins comme des pommes de pin me servait de micro.
Leïla a moyennement apprécié l'usage peu orthodoxe que je faisais de sa figurine.
- Déborah, repose cette maternité du Vème siècle tout de suite.
- Elle sait qu'elle ressemble à un micro, ta maternité ?
Jamal était très en forme.
- Darling, le champagne était infect, le buffet indigent, et j'ai un début de migraine. Ma patience a des limites.
J'ai demandé pardon à la figurine et l'ai reposée dans sa vitrine.
La conclusion est évidente.
Les révisions à outrance ont un effet chimique : elles entament les neurones.
Afficher en entier- Qu’est-ce qui se passe ? Elle a oublié de réviser l’histoire ?
Je me résous à faire face à mes interlocuteurs et découvre Victor embusqué derrière Jamal. On crée un bouchon dans le hall et ça ronchonne sévère.
- C’est ça qui te met dans cet état ? demande Jamal sans se départir de son calme. Tu avais oublié le DST d’histoire ?
Je cache mon visage dans mes mains.
- Vous êtes débiles ou quoi ? les agresse Éloïse. Elle vient de surprendre son père en train de rouler une pelle à une nana !
Silence éloquent.
- Et j’ai oublié de réviser l’histoire... j’avoue alors que la sonnerie retentit.
Afficher en entierLe monde est flou. Soudain, je suis certaine que c'est la raison pour laquelle on pleure : s'extraire du monde qui nous fait souffrir. Les larmes brouillent les visages, les gens, elles protègent des méchants et de la réalité.
Afficher en entierLa vendeuse est défraîchie, ce qui m'arrange. Ses cheveux peroxydés ressemblent à un animal endormi sur sa tête étroite (un chien de prairie). Son top moulant dévoile un décolleté plongeant et une peau creusée de ravines et maculée de tâches, le tout agrémenté de bijoux fantaisies qui balancent du 10 000 watts.
Afficher en entierElle se lève et je perçois la difficulté de ce simple geste, comme si en une poignée de secondes, un petit diable avait arrimé à son dos un paquetage invisible de soixante-dix kilos.
Afficher en entier- Qu’est-ce qui se passe si je lui marche dessus par inadvertance ? je chuchote
- C’est une araignée, Déborah, elle ne comprend pas le français. Tu peux parler normalement. Et tu ne peux pas lui marcher dessus par inadvertance : elle est grande comme une assiette.
Afficher en entierOn écoute de l'électro, je suis sommée de raconter mon entrevue avec Jaunard, et nous mettons au point un plan pour démasquer son imposture capillaire.
- Il nous faudrait une canne à pêche, suggère Jamal.
- Tu veux pêcher sa perruque en pleine classe ? Façon saumon du Grand Nord ? "
~ page 272
Afficher en entierCe midi, on reste ensemble, crise oblige. Nous avons raflé un sandwich à la boulangerie avant de nous asseoir à l'ombre d'un pin parasol, dans un square. Pas celui d'Isidore. Un autre, avec des guirlandes de mioches qui piaillent, s'écrasent la face la première dans le sable, et se tabassent à coups de pelle en plastique. La vraie vie. "
~ page 81
Afficher en entierIl se penche en avant, approche son visage du mien. Plisse les yeux.
-- Où est-elle ?
Victor est si près que je distingue les petits plis sur sa bouche charnue. Si je voulais, je pourrais. Maintenant. Prétendre un faux pas, perdre l'équilibre. Mes lèvres contre les siennes, juste un instant, l'explosion. Le Big Bang n'a duré qu'un millième de seconde mais il a créé l'Univers.
A quoi bon ?
Je recule, raide.
-- Quoi ? Qui ?
-- Ta fossette ?
-- Je n'ai pas de fossette.
-- Si. Tu as une fossette, ici, quand tu éclates de rire.
Il effleure ma joue de son doigt.
Je soutiens le regard embrumé de Victor.
-- Tu me confonds avec une autre.
Et je sors.
-- Faux, tu es inconfondable, Déborah Dantès
Afficher en entierLeila, c'est Tolkien revisité : une naine canon qui se prendrait pour une elfe et en adopterait les manières alors qu'elle est taillée pour manier une hache.
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