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Extrait ajouté par Mathy97 2020-09-19T23:01:50+02:00

Et c'était aussi un écrivain très délicat et légèrement délirant. Il écrivait comme il pêchait. Il se plantait au milieu du livre et ne bougeait plus. De temps en temps, on sentait un léger frémissement. Un poisson venait de mordre à l'hameçon. Le problème c'est qu'on ne voyait jamais le poisson. Il s'arrangeait pour le laisser filer en douce... [ ...] Et j'ai déposé sur la table, les vieilles bottes de co-boy de l'auteur de Tokyo-Montana Express.

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Extrait ajouté par Mathy97 2020-09-19T23:01:39+02:00

Bon, l'appareil photo a connu un vif succès chez les japonais surtout. Pourtant, je les ai longtemps soupçonnés de ne pas mettre de film dans leur appareil. De ne même pas regarder les photos à leur retour de voyage. Comment feraient-ils pour distinguer les photos de celui-ci aux photos de celui-là puisque tout le monde fait la même photo devant la même tour Eiffel prise sous le même angle avec le même sourire et peut-être le même costume. Et sur les photos, ils portent tous leur caméra en bandoulière. Un peuple de photographes souriants. Un pareil comportement doit cacher quelque chose. Peut-être qu'ils stockent les photos pour qu'on puisse avoir une idée plus tard de notre manière de vivre au début du XXIe siècle. Ce seraient des informations pas trop diversifiées car ces milliards de photos prises par des Japonais ne montrent que des Japonais en train de sourire. Si on tombe un jour, sur ces montagnes de photos, on risque d'avoir l'impression que la Terre n'était peuplée, à l'époque, que de Japonais. Il n'y a pas un seul monument digne de mention, sur cette planète qui n'ait été colonisé par eux. C'est une conquête mondiale. Le regard universel. Alors pour devenir un écrivain japonais, je dois vite me procurer un appareil photo.

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Extrait ajouté par Mathy97 2020-09-19T23:01:15+02:00

Tout va mal depuis que l'heure de la sieste a disparu de notre cadran solaire. La machine humaine n'est pas faite pour tenir debout et alerte pendant dix-huit heures consécutives. Un temps de repos est nécessaire. la société industrielle a éliminé la sieste tout en poussant la machine à fond de train. Pour tenir, on se dope. Toutes sortes de drogues.

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Extrait ajouté par Mathy97 2020-09-19T23:01:04+02:00

Je termine le voyage de Basho dans le Nord du Japon pour découvrir que ce moine rusé voyageait plutôt en moi. Mon paysage intérieur inventorié par un poète vagabond. Mes veines lui servent de sentiers qu'il emprunte seul (« Chemin solitaire, nul pas que le mien dans la nuit d'automne »). La jeune fille est arrivée. Je n'ai pas bougé de la baignoire. Elle s'est assise juste derrière ma tête comme une psychanalyste.

- Vous lisez tout le temps ?

- Oui.

- Même quand il y a une femme dans la pièce.

- Parfois... Si je me sens à l'aise, alors je lis.

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Extrait ajouté par Mathy97 2020-09-19T23:00:51+02:00

Je m'assois dans le coin le plus sombre de la pièce. La serveuse arrive une bonne demi-heure plus tard. Thé vert. La café est toujours vide. Soudain Joan Baez. On ne devrait écouter Joan Baez que dans un café comme le Sarajevo. Dans une ambiance pareille, je pourrais écouter Joan Baez jusqu'à la fin de mes jours. Leonard Cohen suit avec Suzanne, cette chanson qui définit Montréal dans les années 70, entre passion et nonchalance. Je connais déjà le goût de la serveuse - une petite brune avec un anneau au nez et des yeux vifs. Je retourne à Basho. J'aime bien l'idée du voyage, mais j'hésite à me mettre en route. Pour aller où ?

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Extrait ajouté par Mathy97 2020-09-19T23:00:40+02:00

Le téléphone, de nouveau. J’ai beau dire « Allô », aucune réponse. J’entends pourtant le souffle de la personne au bout du fil. Finalement une petite voix murmure :

– J’étais assise pas loin de vous dans le métro il y a trois jours.

– Vous dites ?

– J’étais sur la même rangée que vous, et vous lisiez Basho.

Je n’arrivais pas à faire un lien entre la voix et le visage. Je m’attendais à un accent asiatique.

– Ah oui, je me souviens…

– Là, vous me confondez avec la chinoise en face de vous que vous n’arrêtiez pas de regarder.

– Cela arrive souvent, fais-je, on regarde quelqu’un alors qu’on est regardé sans le savoir par quelqu’un d’autre.

– Elle, elle est chinoise, mais moi, je suis japonaise. C’est normal, vous étiez dans le quartier asiatique.

– Et comment faites-vous pour savoir qu’elle est chinoise ?

– Ma mère est coréenne et mon père japonais, je sais ce que c’est… Si elle n’est ni coréenne, ni japonaise, c’est qu’elle est chinoise.

Elle rit toujours.

– Et pour les rires… Y a-t-il une différence ?

– Pas tellement. Par contre, le vagin japonais est placé en diagonale et celui de la Coréenne est à l’horizontale. Je ne sais pas pour la Chinoise si ça se trouve elle est verticale. Nous sommes des filles géométriques.

Je ris.

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Extrait ajouté par Mathy97 2020-09-19T23:00:13+02:00

Basho envisage la marche comme une façon de se laver de toute la crasse de cette réalité. Le haïku n'est qu'un petit savon bon marché. J'étais encore avec Basho quand elle s'est assise en face de moi.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

- Rien.

- Comment rien ?

- Je termine mes frites.

- Tu lis quoi ?

- Basho.

Regard suspicieux.

- C'est qui lui ?

- Un poète japonais.

- Tu te moques de moi ?

- Non.

- T'es japonais ?

- Non.

- Tu n'es pas de la police par hasard ?

- Même pas.

- On a eu trois descentes de police ici cette semaine. C'est plus que dans toute l'histoire du Dog Café. On est dans la Zone Rouge depuis 54... Tu comprends ?

On se regarde un long moment.

- Pourquoi je serais de la police ?

- Les gens viennent ici pour manger... En dix ans, je n'ai jamais vu quelqu'un avec un livre ici, et toi tu lis un livre en japonais.

- C'est une traduction.

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Extrait ajouté par Mathy97 2020-09-19T22:59:32+02:00

Après je m'installe dans le bain avec un bouquin de Tolstoï. Il n'y a qu'un chômeur qui vient de payer son loyer qui peut lire Guerre et Paix sans sauter les descriptions de paysages. J'ajoute aussi sur cette courte liste de lecteurs marathoniens les secrétaires de bureau qui naviguent dans les romans fleuves de Stephen Spielberg, avec un châle sur les épaules, à cause du froid glacial qui règne dans les tours de verre du centre-ville. Les gens préfèrent le régime minceur. "Pas plus de deux cents pages sinon je n'ouvre même pas le bouquin", disait dernièrement un célèbre critique littéraire à la télévision allemande. Je fais partie de ces gens qui ne regardent pas la télé, mais qui la citent sans arrêt. C'est comme avec le proverbe chinois, on peut lui faire dire n'importe quoi.

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Extrait ajouté par Mathy97 2020-09-19T22:59:14+02:00

Je suis étonné de constater l'attention qu'on accorde à l'origine de l'écrivain. Car, pour moi, Mishima était mon voisin. Je rapatriais, sans y prendre garde, tous les écrivains que je lisais à l'époque. Tous. Flaubert, Goethe, Whitman, Shakespeare, Lope de Vega, Cervantès, Kipling, Senghor, Césaire, Roumain, Amado, Diderot, tous vivaient dans le même village que moi. Sinon que faisaient-ils dans ma chambre? Quand, des années plus tard, je suis devenu moi-même écrivain et qu'on me fit la question : «Êtes-vous un écrivain haïtien, caribéen ou francophone?» je répondis que je prenais la nationalité de mon lecteur. Ce qui veut dire que quand un Japonais me lit, je deviens immédiatement un écrivain japonais.

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Extrait ajouté par Mathy97 2020-09-19T22:59:05+02:00

J'ai quelques noms de filles, un titre, des voix, une ville que je connais trop bien, et une que je ne connais pas. Je n'ai besoin de rien d'autre pour faire un roman.

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