Je suis une poupée gigogne tome 2

En 2017 Armonia Lemaitre ( Zyra)dans « Je suis une poupée gigogne » avait entrepris de nous conter sa transition et tout ce qui l’avait amené à son changement de sexe.

Dans ce second opus, elle entreprend non seulement de nous raconter la suite, mais aussi de revenir en arrière et de nous faire vivre des souvenirs qui éclairent d’un aspect nouveau son parcours.

Avant tout, je vous dois une confidence, je n’avais pas lu le premier tome du livre (ce sera chose faite, je me suis empressé de me le procurer et il va rejoindre le dessus dema PAL) mais cela ne m’a aucunement gène. Et j’avoue les avoir pris en pleine face, ces souvenirs.

S’y côtoient un parcours professionnel avec un chapitre incroyable sur le harcèlement, un aspect de la vie militante à la fois chaleureux et inattendu, un retour sur le service militaire, des souvenirs d’enfance, des secrets de famille et bien sûr, des compléments (quel vilain mot) sur sa nouvelle vie et les obstacles qu’Armonia a pu rencontrer.

Dit et énuméré comme cela, on pourrait croire à un aspect décousu et un catalogue.

Non car la plume d’Armonia Lemaître nous fait apparaître cela comme naturelle. On a vraiment l’impression que l’auteure nous fait ses confidences en toute amitié et qu’un souvenir en appelle un autre.

Le premier chapitre « Harcèlement et manipulation » m’a scotché d’entrée. Le vécu et la souffrance y transpirent à chaque mot. Tous les lecteurs qui ont connu la vie de bureau s’y reconnaîtront, a fortiori ceux qi se sont trouvés dans la même position que Armonia entre le marteau et l’enclume. En ce qui me concerne, c’est l’une des rares fois ou avant de tourner, la page, je devine ce qui va y être inscrit. La différence, c’est le talent et la lucidité de l’auteure. Merci Armonia !

Douloureux aussi les passages sur les secrets de famille et le parcours de combattante que suit Armonia. On comprend comment leur résolution compte dans ses choix.

Les pages sur le Service National résument bien ce qu’on peut en penser plusieurs décades après :brassage social certes mais aussi royaume de l’absurdie ou Kafka n’aurait pas été dépaysé. A la fois chargé de souffrance et d’un humour grinçant, il résume bien ce que les jeunes français de cette génération ont pu subir. Et on y retrouve encore et toujours, les efforts désespérés de l’auteure pour s’intégrer ! Toujours aussi poignant !

L’aspect militant est passionnant. Armonia sait nous transmettre la passion et l’abnégation des militants syndicaux et politiques mais aussi sur les compromis nécessaires. Un chapitre lui aussi important qui là encore transpire la vérité.

Armonia nous conte également ses regrets vis-à-vis de son ex-femme ou de son fils. A la fois douloureux et aussi portant la marque d’une auto-critique, ils sont pleins de sensibilité.

Dans d’autres chapitres Armonia revient sur quelques aspects de sa transition. Ses batailles avec une administration parfois kafkaïenne, parfois de mauvaise foi au lieu de faire sourire (jaune) suscitent la colère surtout lorsque des soutiens manquent ou trahissent. Armonia s’y montre toujours combattive et chaleureuse. Les mots coulent fluide lors de ces souvenirs et nous racontent sa vie quotidienne de femme. Le chapitre sur l’esthétique est particulièrement intéressant à ce sujet . Armonia sait parle de sujets graves avec légèreté et puissance.

La conclusion du livre qui est une déclaration de solidarité sur les trans genres amèneront on l’espère beaucoup à aller bien au-delà d’une simple tolérance. Des pages nécessaire.

Il existe un épilogue dont je laisse la surprise. Il transmet une leçon de bonheur et d’espérance qui là aussi l’essentiel de son livre.

Quelque soient les obstacles, les douleurs, les erreurs qu’a pu connaître Armonia, elle nous éblouît par son courage.

Un très grand livre par son style et par son écriture et qu’on a du mal à lâcher. Un livre à relire aussi ,ne serait ce que pour méditer au sur certains passages.

Bon une critique pour moi, très légère. Je préfère Dick à Asimov .( et il va vraiment falloir que je revis le Choc des Mondes).

Ce livre ne concerne pas que les transgenre ou même ceux qui se sentent opprimés ,il nous concerne tous. L’espérance doit être la force dans le combat de la vie. Et il faut bien se connaître et ne jamais désespérer de soi et des autres. Un livre essentiel qui ne pourra que vous encourager comme moi à lire le précédent (et à relire pour les autres).