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Je me rappelle alors avec horreur des e-mails anonymes reçus au début de notre histoire.
– C’était donc vous… Et William vous confiait les recherches pour en découvrir la provenance…
– Oui, évidemment que c’était moi ! triomphe-t-elle. Elle était l’alibi parfait : je pouvais faire peur à William sans risquer de me mouiller. Mais le coup de maître, ma belle, c’est quand tu es arrivée.
– Moi ?
– Oui, toi, idiote. Qui aurait cru que le mystérieux William Burton tombe amoureux de la fille la plus insipide de l’île, hein ? Au début, j’en n’en revenais pas moi-même. Tout cela me semblait si improbable, si… contraire aux lois de la nature… Alors j’ai seulement cherché à t’éloigner. Juste pour le plaisir de le faire souffrir. Je voyais bien que tu doutais de lui. Comme c’était amusant de vous regarder jouer au chat et à la souris tous les deux, dit-elle en riant.
L’entendre railler ainsi notre histoire m’est insupportable et je suis à deux doigts de l’insulter, mais le visage de William s’impose à moi. Je suis certaine qu’à l’heure qu’il est, il a compris que quelque chose était arrivé. Je dois à tout prix tenir bon et me montrer aussi courageuse qu’il le serait, en pareil cas.
Afficher en entierMais non, le vieil homme a bien d’autres préoccupations et ne voit rien du trouble auquel nous venons de nous abandonner, William et moi. Il est bien trop inquiet pour ça. Sabine n’a rien vu, elle non plus, si j’en juge par le regard douloureux qu’elle m’adresse.
Aussi, lorsqu’ils comprennent que j’ai repris connaissance, un soulagement évident se lit sur leurs traits.
– Solveig ! s’écrient-ils d’une même voix.
– Comment vous sentez-vous ? demande Jackson plein de sollicitude.
– Comment te sens-tu, ma chérie ? s’inquiète Sabine au même moment.
– Je vais bien, je crois, dis-je d’une voix encore faible. Plus de peur que de mal, ajouté-je sur un ton aussi détaché que possible, tout en essayant de me lever pour prouver ce que j’avance.
Afficher en entierMais celui-ci me sourit comme si de rien n’était, radieux. On croirait vraiment que tout, absolument tout, est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Je fonds.
Sérieusement, Sol ! Tu ne vas quand même pas te laisser faire ? s’empourpre de rage ma petite voix, devant tant d’audace.
– Tu aurais pu m’en parler, avant de décider… fais-je du ton le plus ferme dont je sois capable en face de ce sourire éblouissant.
– En effet, convient-il placidement. Tu m'aurais dit qu'il n’est pas question de sécuriser Hannah Beach et j’aurais alors trouvé une centaine d’arguments imparables. Tu aurais enfin fini par admettre que la situation l’impose.
– Mais ! tenté-je de protester.
– Mais ? reprend-il d’un œil brillant, certain d’avoir gagné, avant d’ajouter, avec gravité et tendresse, cette fois : la situation l’impose, mon ange.
Il a raison, bien entendu…
– Merci de prendre autant soin de moi, William, cédé-je finalement, rassurée, au fond, qu’il ait pris cette initiative.
En un clin d’œil, nous parvenons sur la plage qui fait face à la maison de Sabine, ma tante. Elle vient d’en être expropriée, sans véritable raison tangible. Nous n’allons pas tarder à faire les cartons et j’ignore vraiment ce qu'il adviendra de nous. Non seulement de cette belle maison, mais de Sab, en particulier, qui vit aux Bahamas depuis tant d’années et qui vient de perdre tout ce qu’elle avait de plus précieux : l’héritage de son défunt et adoré mari, Ian.
Afficher en entierTrès bien, dis-je aussi doucement que possible. Je comprends, maintenant. Qu’attendez-vous de moi, exactement ? Je vais vous aider.
La femme lève les yeux vers moi dans un mélange d’étonnement et de soulagement.
– Vous devez le quitter, Solveig, annonce-t-elle, sans hésiter.
– Oui, vous avez raison. Je vais le quitter, dis-je calmement, tout en me rapprochant encore. Je vais lui écrire une lettre.
– Non… pas une lettre, objecte mon interlocutrice. Partez, tout simplement. Quittez l’île.
– Je vois… dis-je pour gagner du temps. Mais vous, qu’allez-vous faire ?
– Oh je vais simplement le retrouver. Je sais qu’il n’aime que moi, vous savez. Vous n’êtes rien pour lui, il vous oubliera en un clin d’œil.
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