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Quelques semaines après nous être installés boulevard Voltaire, j’ai remarqué un étrange manège. Pour la troisième fois consécutive, le même mec était venu voir Cerise. Pour consommer, bien entendu, mais tout de même. J’avais l’impression qu’ils s’entendaient bien, que leur relation dépassait ce que l’on peut imaginer entre un client et une prostituée. Le gus en question, je ne le sentais pas du tout. J’ai passé ma vie accoudé aux comptoirs, à observer des mecs entrer et sortir. Un habitué de bar sait toujours qui va poser problème, c’est un métier. On apprend à les reconnaître, dans la démarche, le regard, l’attitude. On ne se trompe jamais. Les Américains, ils appellent ça le feeling. Moi, j’appelle ça la lucidité éthylique, la clairvoyance du Picon-bière
Afficher en entierPeu après l'accident, j'ai voulu devenir prêtre. Je ne m'étais jamais vraiment posé la question de la religion auparavant. J'avais fait ma première communion, de temps en temps je joignais les mains en implorant le ciel quand je voulais vraiment un truc, mais guère plus.
Je crois que dans ces moments-là, on essaye de se réfugier derrière ce qu'on peut. Moi, ç'a été Dieu. Et puis, si je pouvais mettre à profit mes accointances avec le [vin] rouge, au nom du Christ, et gagner mon ciel avec, c'était tout bénef. D'autant plus que j'avais l'impression d'avoir fait vœu de chasteté malgré moi, alors bon.
Afficher en entierC'est ça, la vie, quelques espoirs en pagaille, ça et là, des plaisirs simples, une grasse matinée, un éternuement libérateur. Un boulot pour payer le loyer, quelques convictions, une étreinte amoureuse de temps en temps, un pavé de saumon à l'estragon avec du riz bien cuit. Tout le reste n'est qu'un long chemin de croix, ponctué par des déchirures, des doutes et des chiasses verdâtres.
Afficher en entierQuand j'ai déposé ma boutanche, Christine n'était plus vêtue que par le dévouement d'une culotte trop ample et pourtant, y avait de la matière avant d'atteindre de l'amplitude.
Afficher en entier[ au restau ]
Au loin, dans la vallée, on pouvait apercevoir un champ où deux chevaux étaient en train de s'enculer. J'avais l'oeil affûté car il y avait bien six cents mètres qui nous séparaient d'eux, mais le fait de les surplomber de notre table nous offrait un avantage non négligeable. Je l'ai fait remarquer à Cerise pour qu'elle profite du moment, et lui ai précisé qu'on avait de la chance de les surplomber car si on avait été installés en contrebas, il nous aurait été impossible de les voir. Les architectes des châteaux forts l'avaient bien compris, et depuis longtemps. La hauteur permettait de voir arriver l'ennemi et les animaux s'enculer.
- Fred, on a une incroyable vue panoramique sur la mer, et toi, tu te focalises sur deux chevaux qui copulent ?
Afficher en entierJe n'avais jamais voyagé hors de nos belles frontières, mis à part un bref aller-retour à Londres vingt ans auparavant avec d'autres jeunes de la fac et une semaine de vacances chez des cousins en Belgique, quand j'étais gamin. Et encore, leur maison se trouvait à Bailleul, dans le nord, donc en France. Comme on allait souvent en Belgique pour faire les courses, acheter les clopes de ma tante, de façon presque légitime, je m'étais vanté à la rentrée suivante auprès des copains de mes vacances à l'étranger.
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