Extraits

" Ces noms te faisaient rêver, ils portaient en eux une promesse de liberté qui t'enivrait. Comment une chose pareille a pu t'arriver à toi ?

Toi qui tenait tant à ta liberté ?"

Chaque lettre que je déploie sur le papier me donne la sensation de me rapprocher de toi, et c'est la seule chose qui m'importe.

C'est un père, il se mettra à notre place. Il comprendra le cauchemar que nous sommes en train de vivre et il enverra nos troupes chercher Éléa.

J'aurais préféré qu'elle ne rentre pas.

"Juvisy-sur-Orge, le 17 novembre 2015.

Ce qui me tuera, c'est la honte. C'est de voir et d'entendre partout des gens communier, et t'imaginer toi, te réjouissant de ce grand chagrin national. Comment assumer une chose pareille ? Pour la mère que je suis, c'est impossible. Je m'en vais donc, ma chérie. Je pars rejoindre ce pays du Levant qui compte l'Irak et la Syrie."

"Clinique de l'Abbaye, Viry-Châtillon, le 15 octobre 2014.

Seize années d'amour, de tendresse, d'écoute, d'enseignement, d'erreurs aussi sans doute, mais toujours cette volonté d'être-là et de faire au mieux, et au final, ce grand vide, ce silence abyssal ? Je n'imaginais pas qu'on puisse être abandonné par son enfant. C'est pourtant ce que ma fille a fait. Oui, elle nous a abandonné, sa mère et moi, depuis quinze jours, nous voilà errants, orphelins d'elle, aux confins de la folie. Eléa n'avait pas dix-sept ans."

"-Et je te sauverai, toi."