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Cheri rit, puis se penche pour me confier une dernière chose :
— On dirait que tu as vu un fantôme, Ella…
— C’est le cas.
— Il se fout du trophée, mais il a juré qu’il ne repartirait pas sans toi.
Quel aplomb ! Je ne devrais pas être étonnée, pourtant !Je me redresse, mécontente.
— Je suis venue pour toi, Cheri. Seulement pour toi.
Je l’ai dit assez fort pour qu’il l’entende. Les yeux vert d’eau se plissent ; je viens de corser le jeu – ou de lui donner plus d’intérêt.Les journalistes nous observent déjà ; je quitte la partie avant que les flashs ne crépitent.
Afficher en entier— Il fait quoi dans la vie, Karl ?
— Du proxénétisme et du trafic de drogue, évidemment, raille-t-il, narquois.— Je n’ai pas envie de plaisanter, Sevi.
— Son père est banquier en Biélorussie.
— Bon, c’est pareil…
Afficher en entierLe sexe, c’est une formalité quand on se désire si fort. L’amour, un match qu’on ne gagne jamais d’avance.
Afficher en entierSource : https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1709991359256486&id=1561874410734849&substory_index=0
"Le match est commencé quand nous arrivons sur l’immense site de Roland Garros – et sur le court Suzanne Lenglen. On nous conduit dans les tribunes réservées à la presse. Du polo au long short, Sevi est un chevalier blanc sur fond de terre battue orange. Je manque de trébucher dans l’allée centrale comme mes yeux sont rivés sur lui. Heureusement, Valentina me rattrape puis m’adresse un sourire goguenard.
— Gardes-en pour la suite, Junior...
Et la suite est fantastique ! Le Tsar se fait malmener tout le premier set, laisse espérer son adversaire au début du deuxième, puis enclenche le turbo ! Son adversaire, Michael Glover – l’autre Australien du circuit – panique, tente de se ressaisir, puis s’incline, furieux, en commettant une bête double faute. Le public, d’abord surpris par la fin abrupte du match, se lève pour applaudir chaleureusement le Tsar.
Monaco et Rome aimaient Jackson Ring, Paris adore Sevi !
— Salut ! On est là ! hurle Valentina par-dessus les applaudissements.
Je lui donne un violent coup de coude et elle lève les yeux au ciel.
C’était un quart de finale, le public commence à quitter les tribunes. Moi, je savoure chaque pas, chaque geste du vainqueur resté sur le court, sa serviette blanche – assortie à sa tenue – autour du cou.
— Et après ?
Est-ce que Sevi va enfin me faire un signe, comme d’habitude ?
Non. Il vient de disparaître. Mon cœur sombre de déception...
Je réponds, confiante :
— Il va m’envoyer un SMS.
Nous prenons le chemin de la travée principale, puis du couloir qui mène vers le hall Est.
Je n’ai toujours pas de nouvelles de Sevi. Lui qui se languissait de me serrer dans ses bras une heure avant le début du match...
— Vous êtes Ella Rosenthal ? nous interpelle un homme en complet noir et oreillette.
Il est chargé d’assurer la sécurité des lieux, probablement.
Il fixe ma sœur, qui s’en amuse :
— Ça dépend pour quoi, et pour qui !
— On vous attend en salle de presse, tout de suite.
— Alors, voilà Ella ! s’exclame-t-elle en se tournant vers moi. Moi, je suis l’autre Rosenthal. Celle qui n’est pas journaliste.
L’agent est surpris, puis hoche la tête en retenant un sourire.
Oui, presque les mêmes... bien que je sois plus transparente.
Je devais retrouver Cheri plus tard, quelque part sur le complexe. A-t-elle décidé de mener un entretien auquel elle aimerait que j’assiste ?
— Qui vous envoie ?
— Un responsable de la fédération.
Merde, ça semble plus grave que ça... Mon cœur s’accélère et je déglutis. Sevi qui m’ignore, ne m’envoie aucun message, cette convocation urgente... J’ai un mauvais pressentiment.
Valentina a perçu mon malaise. Elle agrippe mon bras, ses yeux gris plongent dans les miens.
— Je t’attends ici.
— Non, à l’extérieur, intervient l’homme, zélé. Vous n’êtes pas autorisés à rester dans les couloirs après les matchs.
— À l’extérieur, alors... s’agace-t-elle. Appelle-moi dès que tu as terminé, Ella.
J’acquiesce et emboite aussitôt le pas à l’agent qui semble ne pas vouloir perdre de temps. Je ne connais pas la configuration du bâtiment qui abrite le court Suzanne Lenglen, mais je sais lire un plan, et mon guide ne nous emmène pas dans l’espace dédié à la presse. Pas du tout, même.
Nous descendons un escalier, puis deux. Je ne serai pas étonnée de savoir que nous sommes parvenus au niveau du sol. Il pousse une porte sur laquelle figure un panneau qui défend à quiconque d’aller plus loin. Mes premières angoisses se muent en excitation.
Mes talons aiguilles s’enfoncent dans la moquette noire de ce lieu étrangement apaisant, il est comme coupé du monde. La lumière est moins crue que dans les étages.
— C’est là ! annonce mon escorte avec un large sourire.
Il ouvre une porte sur laquelle il ne figure qu’un numéro : le 2. Mais le 2 de quoi ?
On m’arrache du seuil de la porte. Je suis bousculée, puis violemment plaquée contre le mur attenant à l’entrée.
C’est lui !
Sevi m’embrasse avec la même ardeur que dans l’ascenseur, que dans la Bentley, qu’en bas de mon immeuble. Il vibre de cette énergie extraordinaire qui lui a permis de se battre sur le court, elle se faufile en moi en un éclair.
Quand il recule, puis caresse mes lèvres de son pouce, je suis à bout à de souffle, mais soulagée !
— Tu es fou !
Il dégouline. Ses cheveux, son polo sont aussi humides que s’il venait d’essuyer une averse torrentielle…
Sa respiration n’est pas aussi lente que d’ordinaire, ses biceps et ses avant-bras tressaillent à intervalles réguliers. Je suis assommée par ce qu’il dégage.
— Ah, ça, pour être fou, Ella... Toi, tu es magnifique !"
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