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Aux surgelés, les langues se délient carrément. Comme si acheter un pot de glace au cookie dough alors que mon demi-frère a disparu était un crime. Une femme guindée en robe noire, la bouche pincée et la démarche raide, délaisse son caddie pour s’avancer vers moi. Son visage me dit vaguement quelque chose. Je n’ai pas le temps de changer d’allée qu’elle me lance froidement :
– En tant qu’amie de Sienna, je crois que je peux me permettre de vous dire le fond de ma pensée…
– Je vous en prie, ne vous gênez pas, la provoqué-je.
C’est soit je fonce dedans, soit je m’écroule. Déstabilisée par mon insolence, elle me regarde de la tête aux pieds, avant de souffler :
– Vous n’avez pas honte ?
– D’exister ? Non.
– Vous avez détruit sa vie ! Sienna ne sera plus jamais la même !
– Eh oh, cocotte, on se calme ! s’interpose soudain Bonnie.
– Cocotte ? répète la brune, outrée.
– Croyez-moi, je m’apprêtais à dire bien pire, grogné-je. Je peux finir mes courses, maintenant ?
– J’espère que vous irez en enfer…
– Moi toute seule ou vous incluez d’autres personnes ? Histoire que je sache avec qui je vais faire le voyage…
Afficher en entierC’est terminé.
J’ai rencontré mon âme sœur à 18 ans. Je l’ai perdue à 19 ans.
Afficher en entier- Je t'aime à en crever Liv, tu sais...
Sa voix rauque, brisée, me bouleverse. Et ses yeux. Ils sont plongés dans les miens avec une émotions si crue, si sincère. J'ai tout le mal du monde à lui répondre sans pleurer, mais j'y parviens. En lui murmurant :
- Et je t'aime comme une dingue. Je crois qu'on est condamnés, toi et moi. À s'aimer. Malgré tout...
Nos verres s'entrechoquent et se renversent sur la table lorsqu'il plonge en avant pour m'embrasser brusquement. Éperdument.
(Tristan & Liv)
Afficher en entierLes deux portes du SUV claquent derrière nous. Je monte les marches qui mènent à la villa et me retourne brusquement vers lui. Un dernier baiser. Juste un. Ses yeux fixent immédiatement mes lèvres entrouvertes, je l’attrape par la nuque et l’attire à moi. Sa bouche se presse contre la mienne, comme si leur union était la chose la plus naturelle qui soit. Et, à ma plus grande surprise, je recule en premier. Je romps ce baiser, lui adresse un dernier regard chargé de milliers d’émotions et je passe la porte sans plus me retourner.
Afficher en entierJe ne l’ai pas revu, avant mon départ. Je suis passée dans sa chambre, quand Betty-Sue se mouchait bruyamment et courait après mon père qui chargeait les valises. J’ai touché ses murs du bout des doigts, posé mes yeux partout, senti mon cœur s’arrêter en se noyant dans son odeur. Alors je suis sortie très vite, parce que la douleur prenait le dessus sur la résignation. En emportant un seul souvenir de lui, en plus de tous ceux qui peuplent mon esprit à jamais.
Son tee-shirt Led Zeppelin, qui sent si bon et que je serre contre mon cœur alors que l’avion décolle.
Tristan Quinn, je te jure que jamais personne ne te remplacera.
Afficher en entier– Je t’aime tellement… Tu pourrais me rendre si heureux que je finirais par l’oublier, lâche-t-il soudain dans un sanglot rauque et déchirant. Et je ne peux pas faire ça… Je ne peux pas oublier mon frère.
Il marque une pause, inspire profondément et reprend, une larme fendant ses lèvres :
– Toi et moi, Liv, on s’aime presque trop.
Nouvelle pause. Sa voix de plus en plus inaudible. Mon cœur maintenant broyé.
– Harry n’a plus personne, lui. Je lui dois au moins ça. Ne jamais renoncer…
Les mots se perdent dans mon esprit, je reste muette, comme assommée. Mais au fond de moi, je comprends. Et je respecte sa décision. Je n’ai jamais eu aussi mal de toute ma vie, mais ce n’est rien comparé au sort d’Harry. Alors je capitule et j’acquiesce.
– D’accord. Si c’est ce que tu veux.
Afficher en entier– Liv, ça me tue…, murmure-t-il soudain, d’une voix sourde.
– Quoi ?
Je ne peux m’empêcher d’imaginer le pire. Je pressens qu’un tournant de ma vie se joue ici, à cet instant. Et j’ai tellement peur de le perdre, tellement peur qu’il m’échappe, que je suis tentée de fuir. Mais son regard si bleu, si pur, si bouleversant me force à rester. À me battre pour lui, d’une manière ou d’une autre.
– Cette culpabilité, reprend-il en plissant les yeux de douleur. Ce poids que j’ai en moi.
– Je sais… Mais je veux t’aider, te soutenir, te guérir. Je peux au moins essayer, non ?
Mes yeux sont pleins de larmes, je ne contrôle plus rien.
– C’est ça le problème. Liv, en étant avec toi, j’ai l’impression de le trahir.
– Non !
Je gémis, le cœur fendu en deux. Cette fois, je comprends que sa décision est prise. Que j’aurai beau me battre pour nous contre vents et marées, défier les astres et les dieux, le résultat sera le même. Tristan est en train de me quitter. Mais je m’accroche, parce que c’est un réflexe humain. Un instinct de survie.
– S’il te plaît. S’il te plaît, ne fais pas ça…
– Je t’aime tellement, Liv…
Je me plie en deux, le corps agité de sanglots. Il place sa main sous mon visage, le relève doucement et me force à le regarder. Ses yeux et ses joues sont trempés, son visage est tellement tendu que sa fossette apparaît. Et ma tête se met à tourner.
– Écoute-moi, Liv, j’ai besoin que tu comprennes.
Afficher en entierSa peau contre ma peau, rien ne me paraît plus important.
– Ça fait un an, Liv… Jour pour jour, murmure sa voix rauque.
– Hmm ?
– Je t’embrassais pour la première fois, devant tout le monde, en prétendant te détester, sourit-il presque à ce souvenir. Mais c’était foutu, je t’aimais déjà.
– Pas autant que moi…
Ma voix se brise sous le coup de l’émotion. Et ses démons refont surface. Au milieu de cet océan turquoise, je le sens s’éloigner de moi. Je resserre un peu mon étreinte autour de ses épaules, dépose un baiser au creux de son cou. Je voudrais qu’il reste avec moi. Un jour. Une heure. Une minute de plus. Je voudrais que son esprit ne s’égare plus là où ça fait si mal. Je voudrais être celle qui lui permet de surmonter sa douleur. Sauf que cette personne n’existe pas. Que rien, pas même mon amour, ne pourra le guérir de ce qui est arrivé à Harry.
Afficher en entier– Joyeux non-anniversaire, Liv Sawyer. Dix-neuf ans…
– Égalité…, soufflé-je.
– Ouais.
Un ange passe. Il refuse de me regarder dans les yeux, je m’obstine à chercher son regard.
– On étouffe ici, non ? lâché-je soudain.
– Viens, on va respirer…
Sa main attrape la mienne et me guide dans l’entrée. Je le suis, des papillons plein le ventre, excitée par ce qui m’attend. Peu importe ce que c’est, tant que je suis avec lui.
Afficher en entierFinalement, j’ai pris l’habitude qu’il me file entre les doigts. Son besoin de solitude est toujours aussi présent, même quatre-vingts jours après. Nos moments de tendresse, de complicité, sont toujours aussi forts, ils se sont même intensifiés. Mais ils sont surtout de plus en plus rares. Comme si Tristan m’aimait vraiment, mais qu’il ne s’autorisait pas à m’aimer tout le temps.
Et je ne peux pas le lui reprocher.
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