« Arrête, t'es si facile à fatiguer, si tu veux mon avis.
- Oh mon Dieu ! Je rêve ou tu viens de me faire un compliment là !? Messieurs dames, écoutez-bien : il va neiger des licornes ! Je m'exclame en me levant et en m'adressant aux autres convives du restaurant. »

Je ne suis pas opposé au célèbre précepte de Jésus-Christ, mais dans ce cas toute l’excitation d'un duel épique est anéantie. Quelle gloire pourrait-il en tirer si tout s'arrête au premier round ? Je touche du doigt toute la complexité de l'être humain. J'imagine qu'on peut trouver la réponse dans nos gênes depuis la nuit des temps. L'homme s'est toujours battu pour survivre, manger agrandir son territoire pour in fine se reproduire. Il cherche constamment la satisfaction de jouir d'un acquis conquis de haute lutte.

Jake a toujours été bagarreur. Quiconque croiserait mon chemin avait le droit au poing gauche de mon héros. Il m'a défendue toute notre adolescence. Nous étions inséparables.

Je ne peux pas me consoler avec un autre. Parce que...parce qu'il n'y a que toi qui puisse ma consoler. Tu es l'amour de ma vie, et il n'y en aura jamais d'autre Roman, sangloté-je tremblante et le cœur en miettes devant sa mine désemparée.

- Tu me dois au moins ça. Dis-moi juste la vérité.
- Je ne te veux plus comme petit ami, OK ? Tu es content, maintenant ?
Merde, son flingue était chargé, cette fois, et la balle me transperce le cœur.

- J'adore Ness, c'est un mec vraiment génial et qui baise comme un dieu. Ecoute, Came, aucune des histoires que j'ai vécues n'a fonctionné, alors il est peut-être temps de faire autrement.
- Nom d'une pipe ! Ma petite fille est devenue grande.
- T'es con.

- Qu'est-ce que le sexy m'apporterait ?
- Rien. Mais c'est pour le plaisir de ma rétine, Hannah.

En tout cas, j’ai évité de lui dire que l’on pouvait me considérer comme un pervers narcissique, stalker, obsédé sexuel qui écume les sites de rencontres, mec creepy qui reçoit des paumées, les baisent et les ghostent, personnage méprisant, à jouir de baises de mauvaise qualité censées flatter l’égo, à se croire sans cesse au-dessus des autres, à juger la trajectoire des gens. A pester des regards échangés avec des serveuses, des vendeuses en parfumerie, des coiffeuses, avec la cruelle déception, et l’éternel et sempiternel ruminage du « Et si ? ». A consacrer sa vie à élargir le panel de pataugeoires à cyprine, les recevoir, torché au Bourbon noyé dans du soda cancérigène. A vouloir faire jouir les femmes ; mais les faire juste pleurer. Un être incapable de se fonder un patrimoine autrement que sur les ossements de ses ancêtres. Franchement, j’avais clairement raison d’éviter de lui parler de moi dans ces termes.

- Peu importe ! Souffle-t-il. Tu sais très bien que ça ne changerait rien. Ce qui nous arrive depuis hier me dépasse. Comme un con j'ai voulu oublier que tu était ma sœur. Mais c'est malsain. Il faut mettre un terme à tout ça avant qu'il ne soit trop tard.

Je ne veux pas sympathiser avec mes semblables ! Les gens sont tellement méchants, vils, trompeurs, menteurs ou infidèles. C'est bon, j'ai donné, je suis vaccinée et on ne m'y reprendra plus. D'où mon caractère exécrable envers les êtres humains qui osent croiser ma route. Je n'ai plus aucune pitié. Aux chiottes mes prochains. Et je ne m'en porte pas plus mal. Seulement les autres, ils subissent et...merde ! Je n'en ai rien à carrer de ce qu'ils ressentent. Cela ne va pas m'empêcher de dormir, bien au contraire.

Avec cette imperfection, son corps n'en devient pas moins attractif. Je dirais même que c'est le contraire. Enfin ce mec a un défaut ! J'en suis presque soulagé.

- OK donc ça craint pour moi. T'es bisexuel, vu que tu louches sur mes seins. Super, je quitte un pervers pour tomber sur un ado en rut. Parfait, marmonne-t-elle en se couvrant de son manteau.
Je réalise alors ce qu'elle vient de balancer. Parce que oui, je l'avoue. Je ne suis peut-être pas en rut mais je suis un ado de 17 ans et je suis 100% hétéro. Donc oui, j'ai vu sa poitrine et ça m'a fait des trucs. Mais je tiens quand même à lui répondre.
Je ne suis ni gay, ni bisexuel, et je n'ai aucun problème de taille. Mais comme tu as pu t'en rendre compte, une sombre histoire a entachée ma réputation et parce que je ne suis ni une balance ni un traître, je subis tout ça depuis un moment. Je préfère donc la jouer profil bas.

- Tu es consciente de la tension sexuelle qu'il y a entre nous, n'est-ce pas ?
- Un peu trop, oui.
- Et tu es consciente que tu ne tiendras plus très longtemps avant de me sauter dessus ?
- Un peu trop, oui.
- Autumn, ne te gêne surtout pas.
- Je vais me contenter de l'imaginer.
- Je ferme les yeux et m'adosse à mon siège, la respiration rapide et mon imagination bien trop torride.
- Mince, c'est pire ! M’exclame-je. Retourne dans ton bureau ! Je ne peux pas te voir pour le moment, c'est trop dangereux, ordonne-je.
Il éclate de rire, un rire rempli de joie, cette fois, puis retourne à ses affaires.

- Eh bien, dans la série Supernatural, les frères Winchester conduisent ce modèle, du coup...
Paf. J'ai l'impression que mon cerveau court-circuite une nouvelle fois. Vient-elle vraiment d'évoquer ma série préférée ? Je crois que c'est officiel : l'univers se fout clairement de ma gueule. Mon âme sœur est à portée de main, et au lieu de la faire mienne, il la laisse à un autre.

- Tu croyais tout de même pas que j'aurais donné mon véritable nom à un parfait inconnu ?! Toi par contre, t'es un grand malade de te faire passer pour une nana.

- Il ne cesse de vous regarder, ajoute-t-il.
- C'est parce qu'il est jaloux de tout le gras que je peux ingurgiter sans recevoir de réprimande.
- Je pense que ma chemise joue aussi un petit rôle.
- Ah ! Et lequel ? L’interrogé-je en mimant un faux désintérêt.
- Il n'apprécie visiblement pas que votre corps soit recouvert des vêtements d'un autre homme.

- Tu sais que tu m'intrigues ? Tu débarques dans ma vie, tu me proposes un pacte... mais je ne sais rien de toi.
- Vous n'avez pas enquêtée sur moi ?
- Je devrais ?
Il reste un instant à me dévisager, debout près du bar. Des cernes creusent son visage.
- Vous n'apprendrez rien de bien intéressant.

-Déjà ? S'étonne la fille
Pas trop tôt ouais.
Logique qu'elle n'ait pas vu le temps s'écouler, elle a passé le trajet à rire aux paroles de son mec, à frotter son nez contre le sien et à se lover dans ses bras. J'ai vomi trois fois dans mon petit sac à gerbe imaginaire. Dieu soit loué, mon professionnalisme est récompensé par le pourboire de dix dollars que ce dernier fait apparaître au-dessus de mon épaule.

- On est là, mec, me souffle Lewis en me frottant le dos.
Ils sont là, ouais, heureusement. Les sentir m'entourer m'aide à ne pas sombrer. Dans un moment comme celui-là, notre amitié devient quelque chose de beaucoup plus fort. Nous sommes amis, mais là, alors que je vois sur leur visage la même angoisse que sur le mien, nous sommes des frères.

- J'ai jamais une guignarde pareille, putain.
Il a grogné ça si bas que sa poitrine résonne contre mon crâne. Je frissonne, tangue un peu et ravale le sanglot qui cherche à remonter.
- Qu'est-ce qui brûle ? S'enquit Lewis qui n'a pas compris.
Mon âme, dans les flammes de l'enfer.
- Le Break Inn.
- Pourquoi tu tires cette tronche, mec ?
- Parce que c'était ma seule option, je m'entends soupirer à sa place.

Si tu es là, c'est que quelqu'un compte sur toi, alors ne te laisse pas bouffer. T'es une gentille, mais pas une faiblarde. OK ?

On m'a pas trop trahi, trop blessé, trop démoli. Et la cuirasse en acier blindé que je porte à présent en guise de peau me va comme un gant Je n'ai plus d'âme. Je n'ai plus de cœur. Tout est mort en moi, et j'aime ça, parce que ça me permet aujourd'hui d'avancer sans m'encombrer d'aucune embûche sur mon chemin. Je ne respecte plus rien ni personne. Je ne me préoccupe plus de rien ni de personne. A part de ma société.

Si je survie, c'est parce qu'au lycée, il y a Léo.
Et Greg.
Sans eux, je ne suis rien.
L'un des deux me connaît par cœur et il est ma bouée de sauvetage, l'autre ne me connaît pas, mais il est mon horizon.

Demain, je te présente les autres. Satisfaite, elle sourit de toutes ses dents parfaitement alignées.
- Très bien, maintenant, danse avec moi !
Hein ? Je lui parle de mon deal et elle me propose de danser ? Cette fille est folle à lier, je crois. Mais je ne me laisserai pas impressionner une fois de plus, je me lève, faisant tomber ma chaise au passage, et l'attrape par la taille.

- Pauvre petite fille gâtée qui voudrait avoir une vie normale..., geignit-elle ironiquement. Idiote.
- La ferme, vieille harpie.
Ce fut la seule satisfaction que j'eus : entendre la surprise feinte de cette femme opportuniste. Je filai en direction du premier étage, pour m'enfermer dans ma chambre. Je n'avais plus la force de me battre, j'étais épuisée.

- Crois-moi, Scar, si j'avais envie de t'apprendre des choses, je m'y serais pris différemment.
Je me recule, lui faisant un clin d'oeil équivoque. Je jurerai qu'elle cesse de respirer, mais ne m'attarde pas sur ce silence et me rue dans ma chambre pour me changer.
Nolan 1 – Scarlett 0
Elle devrait se douter qu'à ce petit jeu, je suis bien meilleur qu'elle. Je suis né pour la faire chier, elle le sait depuis le temps.