Jude l'Obscur

Impossible que votre roman vous laisse indifférent. En effet, il vous donnera envie de pleurer, de hurler de rage, de vous cogner la tête entre les murs, de vous insurger. Il s'agit d'un véritable éclair de génie de la part de ce grand auteur anglais qui pour ma part ne m'a au grand jamais déçue.

Au final je suis assez mitigé à propos de Jude l'Obscur. La plume de l'auteur est sublime, j'ai lu le roman d'une traite, mais aucun des personnages n'est vraiment attachant, Sue m'a exaspérée par ses revirement incessants, Spoiler(cliquez pour révéler)puis j'avais entendu dire qu'elle était totalement opposée au mariage alors la voir se fiancée si facilement m'a un peu fait tiquer même si ce sera par la suite qu'elle le deviendra, Arabella bon elle est insupportable et c'est voulut, mais Jude lui-même n'est pas plus passionnant que ça. Je reconnais quand même un certain courage à l'auteur pour avoir raconter une telle histoire à son époque, ce livre est très avant-gardiste.

Sue est le personnage que j'ai préféré, jeune femme libre et indépendante à l'esprit vif, elle s'intéresse à la philosophie et à la poésie, et rejette les lois du monde qui semblent contraires à l'accomplissement de son bonheur, comme le mariage. Elle représente la condition de ces femmes tiraillées entre leurs désirs et la culpabilité que leur fait ressentir la religion.

Ce roman est très moderne pour l'époque, sa vive critique de l'institution du mariage et de sa valeur religieuse le condamnera à être brûlé en public ! Je suis admirative devant l'audace dont a fait preuve Thomas Hardy en publiant ce roman jugé scandaleux. Un roman sur l'opposition envers les dogmes sociaux mais aussi envers soi-même et envers notre philosophie de vie. Une histoire qui m'a fortement marquée par son côté terriblement sombre (je la déconseille donc si vous êtes déprimé).

Une fois de plus, j'ai trouvé la plume de Thomas Hardy vraiment très belle, j'ai donc très envie de découvrir ses poésies.

Au premier abord, on sent dans ce roman dramatique une inspiration du Roméo et Juliette de Shakespeare et c’est peut-être ce qui m’a fait poursuivre ma lecture. Mais ce qui domine, par la suite, est plutôt l’émergence d’une protestation féministe assumé par Sue et Jude.

Cette œuvre est littéralement truffée, du début jusqu’à la fin, d’allusions religieuses et bibliques qui offrent un second niveau de lecture tout en créant une atmosphère de plus en plus lourde. Les personnages ont pleinement conscience que la religion est primordiale dans leur vie et leur salut, mais que son omniprésence la rend grotesque. En tant que lectrice agnostique, je reconnais que cet aspect a de quoi décourager.

Si vous désirez le lire, je vous recommande de choisir une version annoté, car certains passages sont en latin ou en grec ancien. N’ayant pas l’habitude de lire dans ces langues, et n’ayant pas de traduction dans ma version, il a été difficile pour moi d’en connaître les tenants et aboutissants.

Certes, de tous les classiques que j’ai lus, ce n’est pas le meilleur, mais il n’en reste pas moins un bon livre qui a le mérite de proposer une réflexion existentielle toujours d’actualité.

Chronique complète :

https://biblideleona.wordpress.com/2017/10/08/classique-jude-lobscure-par-thomas-hardy/

Le départ de l’instituteur Mr Phillotson pour la ville universitaire Christminster soumet Jude, alors enfant, à la tentation de devenir un de ces savants lisant le latin, le grec ancien, les saintes écritures...

Sa vie durant, il croira au bonheur que donne la connaissance. Pour y arriver, il sera tailleur de pierre le jour, étudiant la nuit ses livres achetés d’occasion. Mais les universités ne sont ouvertes que pour ceux qui ont l’argent. Il passera son temps à admirer les monuments élevés à la gloire du savoir sans jamais être invité à y pénétrer.

Il sera détourné de ses aspirations par Arabella, une jeune paysanne, une coquette qui cherche la vie aisée avec un bel homme (ils se marieront mais se sépareront très vite), puis par Sue, la cousine de Jude, jeune femme aux idées avant-gardistes, critiquant la religion et l’institution du mariage, l’une et l’autre faisant de la femme, un être soumis à la volonté de l’homme.

Jude n’aura que dégoût pour Arabella et la manipulation qu’elle a exercé sur lui pour le forcer au mariage.Par contre, il adulera Sue pour son indépendance et ses idées qui ont cinquante ans d’avance.

Jude et Sue, malheureux dans leurs mariages respectifs, s’aimeront d’un amour non conventionnel et seront mis au ban de la société bien pensante. Un drame soudain les séparera à jamais. L’expiation est alors de mise pour le bien de la société.

Thomas Hardy livre ici une critique sévère de la société victorienne, guindée et enfermée dans des dogmes religieux et civiques. L’institution du mariage est mise à mal : mariage forcé par la femme “déshonorée”, union libre inconcevable, disputes et violences conjugales admises... La religion, quant à elle, pèse de tout son poids moralisateur et destructeur, obligeant les femmes à se soumettre, les culpabilisant quand le désastre s’abat sur leur vie. Enfin chacun doit rester à sa place, l’évolution sociale improbable, les études et la culture réservée à ceux qui en ont les moyens financiers.

Une littérature comme on n’en lit plus de nos jours. Il ne faut pas perdre l’habitude de se promener dans cette prose, témoin d’un époque révolue (enfin pas tant que ça...)