Extraits

Chapitre 1 :

Loah, 5 décembre

«… Opérant le chemin inverse, mon regard retrouve le sien qui me scrute sous un sourcil arqué.

– À présent que nous sommes presque intimes, il serait peut-être temps de passer aux présentations, non ? raille-t-il d’une voix rauque, légèrement ébréchée, qui n’arrange en rien le désordre dans mes cellules nerveuses.

– Intimes ?

– Vous venez de me détailler encore plus attentivement que le fait ma mère après six mois sans me voir, ricane-t-il.

Je m’apprête à gentiment l’envoyer bouler, mais me ravise alors que mes yeux me défient pour se perdre de nouveau le long de son cou, plus précisément le long de sa carotide, qui pulse à toute vitesse. Bon… il n’a pas tout à fait tort.

– Désolée, m’excusé-je dans un rire. C’était assz malpoli de ma part, j’avoue.

Le coin de ses commissures se relève, rehausse sa pommette gauche. Puis il s’adosse à la paroi métallique, fourre ses poings dans les poches de son jean en écartant les pans de son manteau et, d’un timbre coulant, il rétorque :

– Aucun souci. J’ai connu pire qu’une jolie femme me dévorant des yeux.

– Et j’ai connu mieux comme phrase de drague.

– On vous drague souvent ?

– Pardon ?

– Vous prétendez connaître mieux. Du coup, je m’intéresse. Soit vous vous faites draguer souvent et, là, votre expérience est assez significative pour en juger. Soit ce n’est pas le cas et donc j’ai le droit de ne pas me fier à votre remarque. J’aimerais juste savoir où me situer…

– À la frontière entre l’arrogance et l’inconvenance, voilà où vous vous situez.

Un rictus satisfait fend son visage et provoque, par je ne sais quel stratagème, un sourire amusé sur le mien.

– J’aime assez. Je devrais tenter la panne d’ascenseur plus souvent.

– Dommage pour vous, Vaughn est devenu un réparateur hors pair. Il devrait relancer la machinerie dans quelques minutes.

– Dommage, en effet… Vous aviez tant de choses à m’apprendre en matière de drague.

Les yeux levés au ciel, je ne peux m’empêcher toutefois de rire.

– Le cuir, lâché-je tout à trac.

Avant de me figer. Pourquoi je sors un truc pareil ? Pourquoi je rentre dans le jeu de ce Dom Juan, certes beau gosse comme dirait Dee, mais visiblement en quête d’une proie ? ...»

– Sans toi, j’arrive à peine à respirer.

– Sans toi, j’arrive à peine à vivre.

Se souvenir est parfois pire qu’oublier.

- Dis-moi que tu es prête, Loah!

- Bonjour à toi aussi, astre de mes jours, raillé-je.

- Ouais, ouais, la politesse, c'est surfait. élude-t-elle en quelques mots. Alors... prête ou pas ? Une moue chiffonne mon visage en une expression coupable.

- J'en étais sûre ! D'un, que tu serais à la bourre! De deux, que tu te dégonflerais ! Après avoir levé ostensiblement les yeux au plafond, je braque le smartphone sur mon majeur dressé puis mes bagages bouclés. J'attrape ensuite un paquet de ses bonbons préférés que j'agite sous son nez - ou presque.

- Hum... du coup, tu ne m'en veux pas si je les mange, comme je ne vais pas venir vu que, tu sais, je risque de me dégonfler.

- Touche à ces caramels et ce sera comme toucher au début de la fin de ta vie, grogne-t-elle.

- Carrément! rétorqué-je en éclatant de rire.

- Pique-moi mon mec plutôt, mais pas mes sucreries.

- Tu n'as pas de mec !

- D'où ma passion pour le sucre. Je compense.

Chapitre 1 :

Loah, 5 décembre

«… Mon nez se plisse. C’est moi ou ça pue l’entourloupe, cette histoire ?

– Je m’appelle Loah au fait, dis-je de but en blanc. Et… vous ?

D’une impulsion, il se décolle du mur, avale l’infime espace entre nous pour me surplomber. Je déglutis, déroutée par mon corps qui se met en branle à défaut de ce putain d’ascenseur. Il s’immobilise au moment où je ramène ma valise contre moi, en barrière.

– Eliel.

Un vent s’engouffre sous mes côtes. Me bouscule un peu plus.

Merde… et re-merde.

Heureusement, pour une fois, l’univers semble être de mon côté puisque la cage d’acier repart. Enfin. Ou pas… car cela implique de sortir et donc… d’entamer un voyage de plus d’une semaine avec… cet homme à qui je viens de vanter les mérites du cuir. ...»